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25/01/2025

Christian Dotremont, Les grandes choses

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Chronique

 

      2

 

Réel qui ne tient debout

que par la faux du temps

réel prêt à mourir

et se haussant sur ses talons

brave pour paraître grand

la mort pouvant le tailler mieux

qui ne fait que le menacer

comme il est de son devoir

et parfois l’attention du réel

faiblit il tremble sur ses jambes

et parfois l’attention de la mort

faiblit elle le frappe vraiment

il tremble sur ses jambes

mais la mort se reprend vite

comme ill est de son devoir

et le réel se reprenant

comme il est de son devoir

vite redevient de fière faction

 

Christian Dotremont, Les grandes choses,

anthologie poétique 1940-1979, édition

Michel Sicard, Poésie/Gallimard, 2025, p .309.

24/01/2025

Christian Dotrement, Les grandes choses

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Gladys en allée

 

Gladys en allée, vers les dix heures du matin en 1952. Christian observa tout de suite le tas d’extrêmes diversités qu’elle lui laissait : des souvenirs encore chauds de  joie de Tervuren et de Copenhague même, des draps par exemple, des épingles à cheveux,  une fragrance, des aquarelles et des photographies, tout un bol de soupe, fort peu de vin et d’aspirines, énormément de vide, avec un désespoir encore trop lourd pour grossir : plus tard, oh beaucoup plus tard, ailleurs, revenant seul à Tervuren, il s’aperçut que ce désespoir l’empêchait, non certes de retrouver là une épingle à cheveux encore, mais de trouver à la vie un autre goût que de pourriture.

 

Christian Dotremont, Les grandes choses, anthologie poétique, 1940-1979, édition Michel Sicard, Poésie/Gallimard, 2025, p. 324.

23/01/2025

Christian Dotremont, Les grandes choses

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Moi qui j’avais

 

               I

 

Moi qui j’avais pensé

qui pensais je me disais j’argauais

 

 

Étant sale qu’un peu de propreté

qu’une éponge de lit

 

Étant debout qu’un peu de

glissement conviendrait j’avais pensé

 

Qu’un peu de foin

ne convenant pas à mes systèmes

 

Conviendraient je veux dire changeraient

ma vie qu’un peu de foin

 

Et j’ai donc bu ce langage

j’ai regardé ces yeux

 

À perte de vue à perte

étant sale étant debout pensé

 

qu’à perte d’élocution à

perte de sens je trouverais

 

Un peu beaucoup une

ombre de lumière

 

Étant pensé qu’un peu de changement

me ferait du bien un peu de foin

 

ChristianDotremont, Les grandes choses, Anthologie poétique, 190-1979, édition Michel Sicard, Poésie/Gallimard, 2025, p. 117-118.