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07/04/2022

Jules Renard, Journal, 1887-1910

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Un poète, parfois, peut écrire en français.

 

Les bourgeois, ce sont les autres.

 

Insupportable comme un homme qui vous parle du « divin Virgile ». Ah ! elle est bien là toute entière la tradition ! Honore ton père et ta mère, et Virgile.

 

Malgré l’ininterrompue continuité de nos vices, nous trouvons toujours un petit moment pour mépriser les autres.

 

La psychologie. Quand on se sert de ce mot-là, on a l’air de siffler des chiens.

 

 Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 51, 51, 55, 57, 73.

06/04/2022

Jules Renard, Journal, 1887-1910

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Quelque intégrité que nous ayons, on peut toujours nous classer dans une catégorie de voleurs.

 

Hier soir , dîner des Symbolistes. (...) Tous ces gens-là disent : « Je suis un révolté, moi », avec un petit air de vieillard qui vient de faire pipi sans trop souffrir.

 

Je ne lis rien, de peur de trouver des choses bien.

 

Chez Rodin, il m’a semblé que mes yeux tout d’un coup éclataient. Jusqu’ici la sculpture l’avait intéressé comme un travail dans du navet.

Écrire à la manière dont Rodin sculpte.

 

Un homme écrit une lettre d’amour à une femme qui ne lui répond pas.

Il cherche les raisons de ce silence.

Il finit par trouver ceci :

— J’aurais dû mettre un timbre dans la lettre.

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 76, 77, 83, 85, 91.

05/04/2022

Jules Renard, Journal, 1887-1910

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Quand au sceptique « pourquoi » le crédule a répondu « parce que », la discussion est close.

 

Mettre en tête du livre : je n’ai pas vu des types, mais des individus.

 

L’horreur des bourgeois est bourgeoise.

 

L’amitié d’un homme de lettres de talent serait un grand bienfait. Il est fort dommage que ceux dont on désire les bonnes grâces soient toujours morts.

 

Tu n’es pas assez mûr, dis-tu. Attends-tu donc que tu pourrisses ?

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 17, 19, 24, 25,35..

04/04/2022

Jules Renard, Journal, 1887-1910

                         jules renard, journal, amitié

Les descriptions de femme ressemblent à des vitrines de bijoutier. On y voit des cheveux d’or, des yeux d’émeraude, des dents perle, des lèvres de corail. Qu’est-ce, si l’on va plus loin dans l’intime ! En amour, on pisse de l’or.

 

Il avait plus de cheveux blancs que de cheveux.

                      

Un ami ressemble à un habit. Il faut le quitter avant qu’il ne soit usé. Sans cela, c’est lui qui nous quitte.

 

Que de gens ont voulu se suicider, et se sont contentés de déchirer leur photographie.

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 11, 13, 15, 17.

04/01/2021

Jules Renard, Journal, 1887-1910

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Prononcer vingt-cinq aphorismes par jour et ajouter à chacun d’eux : « Tout est là ! »

La mélancolie soudaine de celui à qui l’on dit : « Vous savez que je pars en voyage ? » 

Les enfants devraient être des apparitions facultatives.

J’aime lire comme une poule boit, en relevant fréquemment la tête pour faire couler.

Si vous pensez du bien de moi il faut le dire le plus vite possible, parce que, vous savez, ça se passera.

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 202, 203, 203, 205, 206.

03/01/2021

Jules Renard, Journal, 1887-1910

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Il a chassé le naturel : le naturel n’est pas revenu.

Soyez tranquilles ! nous qui avons peur de la mort, nus mettrons toute notre coquetterie à bien mourir.

Vivre et juger sa vie : quel est l’homme capable des deux ?

Il n’y a pas d’amis : il y a des moments d’amitié.

À sa pièce, on lui serra la main comme pour l’enterrement d’un être cher.

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 195, 196, 196, 197,198.

21/12/2019

Jules Renard, Journal, 1887-1910

                                     jules renard,journal 1887-1910,écriture,talent,humour

Je n’écris pas trop mal, parce que je ne me risque jamais.

 Il a du talent ou n’en a pas selon qu’on est bien ou mal avec lui. Tout n’est que sympathie ou antipathie.

 Brute : pas de cervelle, du cervelas.

 Il a perdu une jambe en 70 : il a gardé l’autre pour la prochaine guerre.

 Un rhume de cerveau fait bien plus souffrir qu’une idée.

 

Jules Renard, Journal 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 1018, 1018, 1018, 1023,1018, 1025.

18/07/2019

Jues Renard, Journal, 1887-1910

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Si, au lieu de gagner beaucoup d ‘argent pour vivre, nous tâchions de vivre avec peu d’argent ?

 

Il y a les bons écrivains, et les grands. Soyons les bons.

 

Il faut être honnête et modeste, mais il faut dire qu’on l’est.

 

Aller parfois dans le monde pour avaler un verre de bile.

 

Écrire, c’est une façon de parler sans être interrompu.

 

Jules Renard, Journal 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 254, 263, 264, 273, 277.

 

02/05/2019

Jules Renard, La Lanterne sourde

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Programme d’Éloi en société

 I. Défier les complimenteurs ; les écouter sans leur venir en aide ; compter mentalement jusqu’à trente pour leur donner le temps de barboter dans les louanges ; tourner le dos.

 II. Sourire aux dames, et, dès qu’elles sourient, ne plus sourire. Ensuite, éclater de rire.

 III. De préférence, cultiver les vieux des vieux, ceux dont les ongles même ne poussent plus.

 IV. Expliquer, inlassable, pourquoi on ne fume pas, on ne boit pas, on n’a pas de défaut. Démontrer que ce n’est point par genre.

V. Devant les portraits de famille, mâcher patiemment le mot qui fera balle dans la vanité des maîtres…Ne pouvoir jamais s’enthousiasmer qu’à blanc.

(…)

XII. S’en aller, mais habile, se  brouiller avec ses hôtes, pour n’avoir rien à leur rendre. Mieux : n’être pas venu.

 Jules Renard, La Lanterne sourde, dans Œuvres, I, Pléiade / Gallimard, 1970, p. 620-622.

20/01/2019

Jules Renard, Journal 1887-1910

             Jules Renard, Journal 1887-1910, justice, socialiste, littérature, acteur, talent

Il y a une justice, mais nous ne la voyons pas toujours. Elle est là, discrète, souriante, à côté, un peu en arrière de l’injustice qui fait gros bruit.

 Un socialiste indépendant jusqu’à ne pas craindre le luxe.

 Chaque fois que je veux me mettre au travail, je suis dérangé par la littérature.

 Travailler à n’importe quoi, c’est-à-dire faire de la critique.

 Combien d’acteurs paraissent naturels parce qu’ils n’ont aucun talent !

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 1094, 1096, 1097, 1104, 1107.