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07/04/2022

Jules Renard, Journal, 1887-1910

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Un poète, parfois, peut écrire en français.

 

Les bourgeois, ce sont les autres.

 

Insupportable comme un homme qui vous parle du « divin Virgile ». Ah ! elle est bien là toute entière la tradition ! Honore ton père et ta mère, et Virgile.

 

Malgré l’ininterrompue continuité de nos vices, nous trouvons toujours un petit moment pour mépriser les autres.

 

La psychologie. Quand on se sert de ce mot-là, on a l’air de siffler des chiens.

 

 Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade/Gallimard, 1965, p. 51, 51, 55, 57, 73.

04/01/2018

Arthur Adamov, L'aveu

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« Sois un homme ! » Le seul rappel de ces mots rallume en moi la vieille haine pour tous mes ennemis de race, tous ceux que je méprise et qui me méprisent, les mâles satisfaits à l’air vainqueur. Je les entends se prévaloir de leurs propriétés, de l’argent qu’ils ont, des femmes qu’ils possèdent. Maintenant, je crois deviner l’origine de cette mutuelle répulsion : je me suis mis au ban de la société, du corps social, comme dans l’amour je me suis exilé du corps de la femme.

   Je sais trop bien ce qui me faisait dire que je ne serai jamais un homme. Et je tiens en profond mépris tout adolescent qui n’a pas proféré un tel serment.

 

Arthur Adamov, L’aveu, éditions du Sagittaire, 1948, p. 68.

01/01/2016

André Frénaud, Nul ne s’égare, précédé de Hæres

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           Petite révolutionnaire

 

Les yeux ardents

provoquant le soleil

qu’elle aimerait mieux caresser,

et la faille mince marquée

sous les embarras du mépris

pour l’homme qui n’est pas grand :

           Révolutionnaire

O mon amant,

homme de demain

et peut-être de jamais,

ô front de gloire inexistant,

mon absurde frénésie.

 

La hache qui cheminait se déploie.

— Je porterai des hardes.

Je chanterai dans les cours avec ma voix.

J’irai sur la grand-route s’il le faut.

         Rien ni personne

           qui me guérira.

 

André Frénaud, Nul ne s’égare, précédé de

Hæres, Poésie :Gallimard, 2005, p. 266-267.

07/05/2014

Pier Paolo Pasolini, La Rage

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62. Série de photographies de femmes parées de bijoux au théâtre.

 

La classe propriétaire de la richesse.

Parvenue à une telle familiarité avec la richesse,

qu'elle confond la nature et la richesse.

 

Si perdue dans le monde de la richesse

qu'elle confond l'histoire et la richesse.

 

Si touchée par la grâce de la richesse

qu'elle confond les lois et la richesse.

 

Si adoucie par la richesse

qu'elle attribue à Dieu l'ide de la richesse.

 

63. Gens qui rentrent à une réception et porte qui se ferme.

 

La classe de la beauté et de la richesse,

un monde qui n'écoute pas.

 

La classe de la beauté et de la richesse,

un monde qui vous laisse à la porte.

 

Pier Paolo Pasolini, La Rage, traduit par Patrizia Atzei et Benoît Casas, NOUS, 2014, p. 105-106.