20/09/2024
Novalis, L'Encyclopédie
Du caractère musical de toute association et société. Des rapports musicaux seraient-ils la source de tout plaisir et de tout déplaisir ?
Le rêve est souvent signifiant et prophétique, parce qu’il est un effet naturel de l’âme — et repose par conséquent sur un ordre associatif. Il signifie à la manière de la poésie — mais, par là même, sans règle — de façon absolument libre.
Les hommes vraiment actifs sont ceux que —les difficultés stimulent.
On ne doit prend aucune garde (ne prêter aucune attention) à ce qui est désagréable.
Novalis, L’Encyclopédie, traduction Maurice de Gandillac, éditions de Minuit, 1966, p.278, 279, 280, 280.
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02/05/2019
Jules Renard, La Lanterne sourde
Programme d’Éloi en société
I. Défier les complimenteurs ; les écouter sans leur venir en aide ; compter mentalement jusqu’à trente pour leur donner le temps de barboter dans les louanges ; tourner le dos.
II. Sourire aux dames, et, dès qu’elles sourient, ne plus sourire. Ensuite, éclater de rire.
III. De préférence, cultiver les vieux des vieux, ceux dont les ongles même ne poussent plus.
IV. Expliquer, inlassable, pourquoi on ne fume pas, on ne boit pas, on n’a pas de défaut. Démontrer que ce n’est point par genre.
V. Devant les portraits de famille, mâcher patiemment le mot qui fera balle dans la vanité des maîtres…Ne pouvoir jamais s’enthousiasmer qu’à blanc.
(…)
XII. S’en aller, mais habile, se brouiller avec ses hôtes, pour n’avoir rien à leur rendre. Mieux : n’être pas venu.
Jules Renard, La Lanterne sourde, dans Œuvres, I, Pléiade / Gallimard, 1970, p. 620-622.
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24/02/2019
André Spire, Versets
Aux livres
Vous m’avez donné mes plus nobles joies,
Combien de fois mes lèvres vous baisèrent !
En vous fermant, chers livres.
C’est en vous, semences fragiles,
Que dorment, tout prêts à renaître,
Les frissons des jours enfuis.
Oui ! plus que mes parents et bien plus que mes maîtres,
Plus que toutes celles que j’aimai,
Vous m’avez enseigné à regarder le monde.
Sans vous, j’aurais passé à travers toutes choses
Sensible seulement aux actions des hommes.
Sans vous, j’aurais été un pauvre être barbare,
Aveugle, comme un petit enfant.
Vous avez dilaté ma puissance d’aimer,
Aiguisé ma tristesse, et cultivé mon doute.
Par vous, je ne suis plus un être d’un instant.
(…)
André Spire, Versets, Mercure de France, 1908, p. 87-88.
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26/11/2016
Claude Dourguin, Points de feu
Nos sociétés ont fait des choix idéologiques, plus nombreux que jamais ceux que Nietzsche appelle « les philistins de la culture » — s’entend ceux qui aiment l’art pour son divertissement et/ou l’idée qu’ils se font d’appartenir à une élite.
L’auteur c’est d’abord, l’étymologie nous le rappelle avec bonheur, celui qui accroît. Certainement pas celui qui « crée » — on se demande d’ailleurs comment et par quelle opération du Saint-Esprit, comme il se disait naguère de manière, heureusement irrévérencieuse. Cette imposture (pleine de prétention) qui nous rebat les oreilles avec les « créateurs » de tous poils est devenue insupportable tant elle prévaut partout.
L’exigence d’une tâche.
Virginia Woolf également dénonçait le « I, I, I », la permanence du sujet, du moi dans l’écrit.
L’impression, parfois, que l’on est parmi les derniers à regarder encore les étoiles du ciel, à se satisfaire de cette contemplation, de ces moments, de leur silence.
Claude Dourguin, Points de feu, Corti, 2016, p. 131, 141-142, 153, 155, 157.
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06/03/2016
Chamfort, Maximes et pensées, caractères et anecdotes
Les gens du monde ne sont pas plutôt attroupés, qu’ils se croient en société.
L’art de la parenthèse est un des grands secrets de l’éloquence dans la société.
La société, les cercles, les salons, ce qu’on appelle le monde, est une pièce misérable, un mauvais opéra, sans intérêt, qui se soutient un peu par les machines et les décorations.
Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu’on sait par des gens qui les ignorent.
Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà, je crois, toute la morale.
Chamfort, Maximes et pensées, caractères et anecdotes, Garnier Flammarion, 1968, p. 92, 102, 105, 106, 123.
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22/07/2015
Antonio Porta, Les rapports
Que peut-on justifier
à Edoardo Sanguineti
I
Prends garde à ce mois de juin vénéneux, privé de racines et de
fourmis, ce discours n’a aucun sens, plus, tout le monde
le sait, si vous voulez savoir quelque chose des origines de la vie,
elle n’eut pas d’origine, du monde, s’en moque, plus,
ce mois de juin n’est pas né, sachez-le, cessez de penser
à l’argent et choisissez, entre l’histoire et le drame ou
la tragédie, la vérité, je crois, et les faits tels quels, si
il n’y a pas de lieu, où l’on est né, ni la maison, personne
ne sait où c’est, et ainsi ne m’écoutez pas et je vous dis de
lui couper les bras, ce sera extraordinaire, qu’ils se libèrent
les grands seins, et mâchez, jusqu’au bout, dedans
la société et ses légendes, petites et grandes lèvres, dans
le parc qu’il s’invente, dans les buissons, pour enflammer le pénis,
où l’on court, au sens métaphorique, car en réalité
je suis à bout de souffle.
Antonio Porta, Les rapports, traduit de l’italien par Caroline Zekri,
préface d’A. De Francesco, postface de Judith Balso, NOUS, 2015,
p. 108.
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13/06/2015
Antonio Porta, Les rapports
Que peut-on justifier ?
à Edoardo Sanguineti
I
Prends garde à ce mois de juin vénéneux, privé de racines et de
fourmis, ce discours n’a aucun sens, plus, tout le monde
le sait, si vous voulez savoir quelque chose des origines de la vie,
elle n’est pas d’origine, du monde, s’en moque, plus,
ce mois de juin n’est pas né, sachez-le, cessez de penser
à l’argent et choisissez, entre l’histoire et le drame ou
la tragédie, la vérité, je crois, et les faits tels quels, si
il n’y a pas de lieu, où l’on est né, ni la maison, personne
ne sait où c’est, et ainsi ne m’écoutez pas et je vous dis de
lui couper les bras, ce sera extraordinaire, qu’ils se libèrent
les grands seins, et mâchez, jusqu’au bout, dedans
la société et ses légendes, petites et grandes lèvres, dans
le parc qu’il s’invente, dans les buissons, pour enflammer le pénis,
où l’on court, au sens métaphorique, car en réalité
je suis à bout de souffle.
[...]
Antonio Porta, Les rapports, traduit de l’italien par Caroline Zekri, préface d’Alessandro De Francesco, postface de Judith Balso, NOUS, 2015, p. 108.
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