09/04/2024
Georges Perros, Papiers collés
Ce qui m’intéresse, c’est ce qui m’échappe. Et ce qui m’échappe me donne la mesure de ce que je suis.
La discipline, c’est d’aimer ce qu’on aime.
Il faisait d’elle ce qu’elle voulait.
Aimer, c’est donner le droit à quelqu’un — sinon le devoir — de nous faire souffrir.
Les femmes sont ainsi faites qu’elles sont plus flattées de nous séparer d’une femme que de nous retirer de la solitude.
Georges Perros, Papiers Collés, Gallimard, 1960, p. 63, 65, 67, 72, 73.
Publié dans Akhmatova Anna, Perros Georges | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : georges perros, papiers collés, flatterie, femme, solitude | Facebook |
02/05/2019
Jules Renard, La Lanterne sourde
Programme d’Éloi en société
I. Défier les complimenteurs ; les écouter sans leur venir en aide ; compter mentalement jusqu’à trente pour leur donner le temps de barboter dans les louanges ; tourner le dos.
II. Sourire aux dames, et, dès qu’elles sourient, ne plus sourire. Ensuite, éclater de rire.
III. De préférence, cultiver les vieux des vieux, ceux dont les ongles même ne poussent plus.
IV. Expliquer, inlassable, pourquoi on ne fume pas, on ne boit pas, on n’a pas de défaut. Démontrer que ce n’est point par genre.
V. Devant les portraits de famille, mâcher patiemment le mot qui fera balle dans la vanité des maîtres…Ne pouvoir jamais s’enthousiasmer qu’à blanc.
(…)
XII. S’en aller, mais habile, se brouiller avec ses hôtes, pour n’avoir rien à leur rendre. Mieux : n’être pas venu.
Jules Renard, La Lanterne sourde, dans Œuvres, I, Pléiade / Gallimard, 1970, p. 620-622.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, Renard Jules | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jules renard, la lanterne sourde, pique-assiette, société, flatterie | Facebook |
31/07/2017
Sei Shônagon, Notes de chevet
90. Gens qui ont un air de suffisance.
Celui qui éternue le premier, le matin du jour de l’an.`
La mine de l’homme qui a fait parvenir au poste envié l’enfant qu’il chérit, alors que de nombreux chambellans étaient en concurrence.
Celui qui obtient le meilleur poste de l’année, quand sont nommés les gouverneurs de province, montre un visage triomphant, encore qu’il réponde : »Quoi donc ! C’est pour moi une étrange disgrâce ! » aux gens qui le félicitent et lui disent : « Vous avez été d’une habileté remarquable, et vous voilà un personnage. »
Et aussi celui qu’un seigneur a choisi pour gendre, parmi de nombreux rivaux, doit se dire « Moi… »
L’exorciste qui a chassé un démon opiniâtre.
Au jeu de la rime cachée1 celui qui, tout de suite, devine quel est le caractère et le fait découvrir.
1.Il fallait deviner dans un poème chinois e caractère sur lequel un des joueurs avait le doigt.
Sei Shônagon, Notes de chevet, traduction André Beaujard, Connaissance de l’Otient, Gallimard / Unesco, 1968, p. 197.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, MARGINALIA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sei shônagon, notes de chevet, air de suffisance, flatterie | Facebook |