30/04/2023
Oskar Pastior, Poèmepoèmes
dans le poème-femme-au-foyer la femme cuivre au foyer refuse l’appellation femme au foyer plus longtemps elle s’arroge le nom lilas ôte les cuivres du mur à partir de là met fin au conte et va au concret se teint les cheveux en roux cuivré mais dans le cas présent ils deviennent lilas et elle malheureuse elle en est consciente et sort tant bien que mal de son état puis parle d’elle à la troisième personne parfois aussi à la seconde « lilas est une objet roux » ou « lilas tu te cuivres en lyrisme » lilas est consciente du danger métallique des biographies métaphoriques elle se lance dans une humeur roussie elle frotte les taches blafardes aux murs qui donnent l’impression qu’une femme au foyer ne serait qu’un vieux cadre pour motifs en cuivre
Oskar Pastior, Poèmepoèmes, traduction Alain Jadot, NOUS, 2013, p. 24.
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29/04/2023
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle
Tu m’aimas dans la fausseté
Du vrai — dans le droit du mensonge,
Tu m’aimas — plus loin — c’eût été
Nulle part ! Au-delà ! Hors songe !
Tu m’aimas longtemps et bien plus
Que le temps — la main haut-jetée ! —
Désormais :
-
-
-
-
-
- Tu ne m’aimes plus —
-
-
-
-
C’est en cinq mots la vérité.
(12 décembre1921)
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle, traduction
P. Léon et E. Malleret, Poésie/Gallimard,
1999, p. 119.
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28/04/2023
Fleurs du printemps
Photos T. H. et Chantal Tanet
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27/04/2023
Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie
Tentative de jalousie
Comment ça va la vie avec une autre,
Plus simple, n’est-ce pas ? — Rames, claquez ! —
S’est-il vite, le profil de la côte,
Le souvenir s’est-il vite masqué,
De moi, de moi, île désamarrée ?
(Voguant de par le ciel, non sur les flots !)
Âmes ! Jamais amantes ne serez !
Sœurs vous serez ! Sœurs : vous ! C’est votre lot !
Comment ça va la vie près d’une femme
Simple ? C’est comment sans divinités ?
Votre souveraine, prince profane,
Détronâtes (ledit trône quitté),
Comment ça va la vie, les froissis d’ailes,
Les tracas ? Le lever, comment se passe ?
Pauvre créditaire de l’immortelle
Médiocrité, comment faites-vous face ?
« Tressauts et syncopes, stop ! Je suis quitte !
Un toit me louerai ! Suffit, le déluge ! »
Comment ça va avec n’importe qui,
Dites, comment, quand on est mon élu ?
Pour sûr plus comestible, domestique,
La table ? Qu’on s’en lasse, la faute à qui ?
Comment ça va la vie près d’un pastiche
Pour vous qui trahîtes le Sinaï ?
Marina Tsvétaïéva, Tentative de jalousie, traduction
E. Malleret, La Découverte, 1986, p.91.
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26/04/2023
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle
Les nuits sans celui qu’on aime— et les nuits
Avec celui qu’on n’ aime pas, et les grandes étoiles
Au-dessus de la la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers Celui
Qui n’est pas — qui ne sera jamais,
Qui ne peut être — et celui qui le doit…
Et l’enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l’enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Qur la poitrine de celui qui doit — en bas…
Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,
Je connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains — on appelle la vie.
(1917 ?)
Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle, traduction P. Léon et E. Malleret, Poésie/Gallimard,1999, p. 79.
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25/04/2023
Johannes Bobrowski, Boehlendorff et quelques autres
À propos de poésies posthumes
Comme dans les monts d’Alk
Lorsqu’y court, aussi leste,
La bergère, qu’en plaine,
Et du roc fait son lit,
Mais dont le pied déli-
Cat, pour mille baisers,
Ne veut plus avancer,
Quand moi, pour l’approcher,
Je saute les rochers,
Tant l’amour a des ailes,
Nonobstant les cailloux
Courant au-devant d’elle
Je tombe à deux genoux
Et aperçois en haut
Ma vie et mon tombeau.
Johannes Bobrowski, Boehlendorff
et quelques autres, traduction
Jean-Claude Schneider, La Dogana,
1993, p. 61.
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24/04/2023
Johannes Bobrowski, Terre sarmate
Poème d’amour
Lune, éponge d’huile, lanterne
lune — ou une plante des champs,
lune, disparais,
melon d’eau ou verte, biscornue
courge, je veux
par moi-même éclairer, seul,
mon amie, je veux
m’éteindre plus haut que toi,
rien que d’une hauteur
d’herbe — dans un arbre
surplombant la rivière,
lorsque viendra, humide,
le matin, je serai là, couché,
respirant encore.
Et je t’interroge,
toi qui étais couchée près de moi,
au sujet d’une lune
hier : quand a-t-elle disparu . toi,
sans répondre, la lueur
qui vibre depuis ta voix
effleure le nuage.
Hier —
j’ai disparu —
aujourd’hui —
je t’ai entendue —
et je continue de respirer.
Johannes Bobrowski, Terre sarmate,
traduction Jean-Claude Schneider,
Atelier La Feugraie, 2005, p. 29.
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23/04/2023
Johannes Bobrowski, Terre d'ombres fleuves
Cris de l’hiver
Corneilles, corneilles,
vert de la glace, corneilles
au-dessus du fleuve. Hallier
figé, qui fuit sur la rive
vers l’amont.
Neige, elle ne retombe pas en poudre,
quand la frôle ton aile,
oiseau, oiseau de buisson, mais
un peu de sang,
ton cœur
pris dans la glace, ton cri
trace de fumée sur
le banc de sable,
où avaient lieu d’inlassables
étreintes, toujours
vivait le fleuve.
Johannes Bobrowski, Terre d’ombres fleuves,
traduction Jean-Claude Schneider,
Atelier La Feugraie, 2005, p. 43.
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17/04/2023
Johannes Bobrowski, Ce qui vit encore
Et voici que
Et voici que
nous avons les deux mains pleines de lumière —
les strophes de la nuit, les eaux
agitées heurtent de nouveau
la rive, le soleil âpre, sans regard,
des bêtes dans les roseaux
après l’étreinte — puis
nous voilà debout contre la pente
ders, contre le ciel
blanc, qui vient
par-dessus la montagne,
froid, cascade splendeur,
et demeure figé, glace
qui descendait des étoiles.
Sur ta tempe
je veux vivre cette petite
saison, oublieux, sans bruit,
laisser errer
mn sang à travers ton cœur.
Johannes Bobrowski, Ce qui vit encore,
L’Alphée,1087, p.73.
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16/04/2023
Havasu Kaya,
L’Ours Blanc, « revue littéraire à parution irrégulière », est une des rares revues qui, à chaque livraison, prouve qu’inventer la lecture est possible, sans pour cela recourir toujours à de « grands » écrivains. Havasu Kaya, m’append la courte notice à lui consacrée, est le pseudonyme d’un artiste dont une galerie de Berne a exposé son travail en 2022 ; né en 1995 à Genève de migrants turcs, il est aussi auteur et performeur. Le lecteur francophone ne fera pas usage de ses mots de passe en langue turque, il pourra sans aucun doute se réjouir à les lire et, pourquoi pas ? les comparer aux siens.
Havasu Kaya commence par une expression qui engage la croyance religieuse. Avant de boire, de manger, quand la voiture démarre, etc., il est coutume d’invoquer dieu, « bismillah » (= au nom de dieu), formule dite machinalement, « mot de passe » — même le « mon dieu ! » est obsolète en France pour ponctuer une affirmation, mais « my God ! » dans les pays de langue anglaise et « mein Gott » en Allemagne restent courants. Humour de l’auteur : son usage dans la vie courante de « bismillah » le porte à conclure qu’il n’a plus la foi, mais quand il prend l’avion le mot de passe reprend son rôle protecteur et, conclusion : « Peut-être que je crois encore en Dieu ». Jeu de bascule qui se poursuit :
« bismillah » est employé dans des actes condamnés par la religion, par « des personnes, comme moi, qui blasphèment en tremblant d’excitation et de peur ». Le mot, à la fois, renvoie à une idéologie à laquelle il n’adhère plus et, par son éducation, le ramène « à une douceur enfantine, quelque chose qui prend soin, protège et donne de l’importance. »
La plupart des récits aborde d’une manière ou d’une autre la situation de l’immigré, les réflexions sont d’autant plus fortes qu’elles viennent d’un homme né en Suisse de parents, eux, immigrés pour améliorer leur vie. Ni le père ni la mère ne maîtrisent le français, quant à Havasu Kaya sa pratique de la langue turque est sommaire, aussi les échanges restent-ils très incomplets, surtout affectifs. L’écrivain ne se reconnaît pas comme Turc, y compris physiquement, n’ayant pas la couleur mate de la peau, ni Suisse, ses habitudes de vie l’éloignant de cette patrie adoptée. Ni d’un côté ni de l’autre. Dans sa famille en Anatolie, tous lui font comprendre qu’il est autre : « tu n’as pas besoin de nous étant donné que tu as la Suisse » ; le regard des Suisses lui apprend la même chose : que veut-il donc « alors qu’il est déjà ici ? ». Il a fallu que sa thérapeute lui apprenne que son teint pâle est lié à une population d’une région d’Anatolie pour que, grâce à ce « repère géographique », il trouve une assise, « C’était juste ce qu’il me fallait. Juste assez proche de moi pour me sentir intégré, juste assez loin pour faire travailler mon imagination. »
Il arrive que l’adolescent, quand il retourne en Turquie, abîme ses vêtements pour ne pas paraître privilégié. Il ne l’est pourtant pas ; lorsqu’il accompagne ses parents à Paris, ce n’est pas pour voir la Tour Eiffel, la vue, ce sera « sur la périphérie et les immeubles de la cité en plein milieu du 93. » Et la visite de la famille en Allemagne apporte la même déception : le fossé entre les immigrés et la population, dans chaque pays, n’est pas aisé à franchir, « Je m’imaginais perfectionner mon allemand, j’ai fini par perfectionner mon turc. » Cette identité à construire ne peut l’être par ce qui y est profondément attaché, la préparation de la nourriture. La mère est trop fatiguée quand elle rentre de son travail pour préparer quoi que ce soit, le père à son retour le midi du travail prépare la même chose que Havasu Kaya vers vingt et une heures, « des pâtes, de la pizza surgelée, de la purée en poudre, des saucisses de veau ou des lasagnes surgelées ». Les parents s’en tiennent à des spaghettis trop cuits, qu’ils mangent avec du pain, du yoghourt et de l’oignon frais, repas qui rappelle lointainement leur pays d’origine, mais cette liaison existe suffisamment pour que Havasu Kaya adopte parfois ce menu.
Havasu Kaya a essayé de ressembler à un Turc. Sans y parvenir et en y renonçant. Son identité, c’est sans doute de paraître étrange aux yeux de ses parents, de sa famille turque, et tout autant au regard des habitudes de la Suisse. « Alors je ne suis pas pauvre mais mon regard prend sa revanche sur la pauvreté de mes parents, sur l’étrangeté de mon identité. » Ces mots de passe mettent en lumière la difficulté de l’"intégration" d’un immigré (Turc, Syrien, Afghan, etc.) dans un pays européen : il ne devient pas Français, Suisse etc., pas plus qu’il ne peut conserver.
Havasu Kaya, Mots de passes incantatoires à l’usage des enfants d’immigrés turcophones, L’Ours Blanc, Hiver 2023, n° 35. 6 €. Cette recension a été publiée par Sitaudis le 28 février, 2023.
L’Ours Blanc, « revue littéraire à parution irrégulière », est une des rares revues qui, à chaque livraison, prouve qu’inventer la lecture est possible, sans pour cela recourir toujours à de « grands » écrivains. Havasu Kaya, m’append la courte notice à lui consacrée, est le pseudonyme d’un artiste dont une galerie de Berne a exposé son travail en 2022 ; né en 1995 à Genève de migrants turcs, il est aussi auteur et performeur. Le lecteur francophone ne fera pas usage de ses mots de passe en langue turque, il pourra sans aucun doute se réjouir à les lire et, pourquoi pas ? les comparer aux siens.
Havasu Kaya commence par une expression qui engage la croyance religieuse. Avant de boire, de manger, quand la voiture démarre, etc., il est coutume d’invoquer dieu, « bismillah » (= au nom de dieu), formule dite machinalement, « mot de passe » — même le « mon dieu ! » est obsolète en France pour ponctuer une affirmation, mais « my God ! » dans les pays de langue anglaise et « mein Gott » en Allemagne restent courants. Humour de l’auteur : son usage dans la vie courante de « bismillah » le porte à conclure qu’il n’a plus la foi, mais quand il prend l’avion le mot de passe reprend son rôle protecteur et, conclusion : « Peut-être que je crois encore en Dieu ». Jeu de bascule qui se poursuit :
« bismillah » est employé dans des actes condamnés par la religion, par « des personnes, comme moi, qui blasphèment en tremblant d’excitation et de peur ». Le mot, à la fois, renvoie à une idéologie à laquelle il n’adhère plus et, par son éducation, le ramène « à une douceur enfantine, quelque chose qui prend soin, protège et donne de l’importance. »
La plupart des récits aborde d’une manière ou d’une autre la situation de l’immigré, les réflexions sont d’autant plus fortes qu’elles viennent d’un homme né en Suisse de parents, eux, immigrés pour améliorer leur vie. Ni le père ni la mère ne maîtrisent le français, quant à Havasu Kaya sa pratique de la langue turque est sommaire, aussi les échanges restent-ils très incomplets, surtout affectifs. L’écrivain ne se reconnaît pas comme Turc, y compris physiquement, n’ayant pas la couleur mate de la peau, ni Suisse, ses habitudes de vie l’éloignant de cette patrie adoptée. Ni d’un côté ni de l’autre. Dans sa famille en Anatolie, tous lui font comprendre qu’il est autre : « tu n’as pas besoin de nous étant donné que tu as la Suisse » ; le regard des Suisses lui apprend la même chose : que veut-il donc « alors qu’il est déjà ici ? ». Il a fallu que sa thérapeute lui apprenne que son teint pâle est lié à une population d’une région d’Anatolie pour que, grâce à ce « repère géographique », il trouve une assise, « C’était juste ce qu’il me fallait. Juste assez proche de moi pour me sentir intégré, juste assez loin pour faire travailler mon imagination. »
Il arrive que l’adolescent, quand il retourne en Turquie, abîme ses vêtements pour ne pas paraître privilégié. Il ne l’est pourtant pas ; lorsqu’il accompagne ses parents à Paris, ce n’est pas pour voir la Tour Eiffel, la vue, ce sera « sur la périphérie et les immeubles de la cité en plein milieu du 93. » Et la visite de la famille en Allemagne apporte la même déception : le fossé entre les immigrés et la population, dans chaque pays, n’est pas aisé à franchir, « Je m’imaginais perfectionner mon allemand, j’ai fini par perfectionner mon turc. » Cette identité à construire ne peut l’être par ce qui y est profondément attaché, la préparation de la nourriture. La mère est trop fatiguée quand elle rentre de son travail pour préparer quoi que ce soit, le père à son retour le midi du travail prépare la même chose que Havasu Kaya vers vingt et une heures, « des pâtes, de la pizza surgelée, de la purée en poudre, des saucisses de veau ou des lasagnes surgelées ». Les parents s’en tiennent à des spaghettis trop cuits, qu’ils mangent avec du pain, du yoghourt et de l’oignon frais, repas qui rappelle lointainement leur pays d’origine, mais cette liaison existe suffisamment pour que Havasu Kaya adopte parfois ce menu.
Havasu Kaya a essayé de ressembler à un Turc. Sans y parvenir et en y renonçant. Son identité, c’est sans doute de paraître étrange aux yeux de ses parents, de sa famille turque, et tout autant au regard des habitudes de la Suisse. « Alors je ne suis pas pauvre mais mon regard prend sa revanche sur la pauvreté de mes parents, sur l’étrangeté de mon identité. » Ces mots de passe mettent en lumière la difficulté de l’"intégration" d’un immigré (Turc, Syrien, Afghan, etc.) dans un pays européen : il ne devient pas Français, Suisse etc., pas plus qu’il ne peut conserver la culture de ses aïeux.
Havasu Kaya, Mots de passes incantatoires à l’usage des enfants d’immigrés turcophones, L’Ours Blanc, Hiver 2023, n° 35. 6 €. Cette recension a été publiée par Sitaudis le 28 février, 2023.
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15/04/2023
Benoît Casas, Combine
571
Nous
partageons
le monde
à nous deux
d’une manière
bizarre
peut-être est-ce
nous-mêmes
que nous
partageons
en deux.
580
Seuls
nous ne
sommes pas
nous ne sommes
jamais
sinon
vertige
et vide.
598
Alors
nous en
étions là
et que fallait-il
faire
continuer
bien sûr
continuer
alors j’ai
continué.
604
Maintenant
il faut
ne plus
être seuls
ne plus
attendre
ne plus
avoir peur.
Benoît Casas, Combine,
NOUS, 2023, np.
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14/04/2023
Benoît Casas, Combine
81
Vous êtes
l’objet
de la lecture
de l’autre
chacun lit
en l’autre
son histoire
non écrite.
92
S’il ne
Lisait
pas
il ne voyait
pas
le jour
dans le
jour.
96
Concerné
j’accepte
le temps
comme
j’accepte
les nuages.
98
Elle
m’a fait
découvrir
de quoi
il était
question
dans ma vie
dans
mon livre.
Benoît Casas, Combine,
NOUS, 2023, np.
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13/04/2023
Benoît Casas, Combine
47
Sous le
grand soleil
fermentent
les hommes
les femmes
les passions
les siècles.
60
Elle prépare
le feu
de l’ombre
où je resterai
visible.
63
Comment
déterminer
le moment
précis
où commence
une histoire ?
542
Ce n’était
qu’une question
de temps
mais le temps
ne nous a
pas bien
traités
quelque chose
s’est mal
passé.
Benoît Casas, Combine,
Nous, 2923, np.
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12/04/2023
Benoît Casas, Combine
16
La poésie
est expérience
qui subtilise
est apparence
qui varie
la poésie
est l’une des
expansions
de la vie.
19
Ce
travail
mettre
des mots
ensemble.
25
La poésie
crée
un rapport
de un
à un `
entre
le lecteur
et l’auteur.
42
Les poèmes
à chaque prise
à chaque
frappe
dispensent
le temps
et le monde
en surfaces.
Benoît Casas, Combine, NOUS, 2023, np.
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11/04/2023
Gustave Roud, Le Repos du cavalier
Je regarde le fleuve de brouillard s’élargir, noyer sa rive, cette pente de terre nue où côte à côte nous avons marché tout un après-midi d’automne, herseur le poing à la bride du gros rouan débonnaire, herseur qui riais dans le soleil et la bête à chaque halte au bord du champ refermait sa paupière cousue de gros crin pâle… Je regarde. Le brouillard déferle contre le verger, contre la ferme, la grange, contre toi-même. La batteuse étouffe son adieu ; le brouillard dévore ta main tendue. Tu es cendre, tu es vapeur, tu n’es plus rien. Tu n’es plus rien, mais là-bas tu vas reprendre poids et vie parmi toutes ces autres vies, et moi je glisse et repars au fil de la brume, sans voix, sans pensée, comme un bâton flottant dont nul bûcheron sur la rive ne pourrait tirer quelque flamme comme un vague flocon d’écume bientôt défait, dissous au ressac indéfini de l’attente et de l’absence.
Gustave Roud, Le Repos du cavalier, dans Œuvres poétiques, éditions Zoé, 2022, p. 1147.
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