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09/10/2021

Philippe Jaccottet, Ponge, pâturages, prairies

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En se rejoignant

elles deviennent silencieuses

les eaux de montagne

 

   Qu’a donc voulu dire Buson en écrivant ce haïku, sinon, apparemment, ceci : qu’au moment où confluent au fond de la vallée les torrents descendus des montagnes, on cesse d’entendre le bruit de leurs eaux ? Belle découverte !

   Il se trouve toutefois que l’extrême concision du haïku, en ne laissant passer dans les mots que quatre éléments : la montagne, les eaux, leur confluence et le silence qui s’ensuit, en les associant comme elle le fait dans un mouvement et une sorte de métamorphose, permet au poète de susciter, autour de ce presque rien, un espace ouvert où la rencontre de ces éléments, dont chacun est lié pour nous à un nombre très élevé de correspondances intérieures, de souvenirs et de rêves peut prendre sa plus large et plus profonde résonance. En cela, de surcroît, sans avoir l’air d »’y toucher, sans que cette notation qui serait, formulée autrement, à la limite de l’insignifiance, soit aucunement montée en épingle.

 

Philippe Jaccottet, Ponge, pâturages, prairies, le bruit du temps, 2015, p. 47-48.

13/06/2021

Bashô Seigneur ermite

 

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Amoureux mélancoliques —

l’éclosion des fleurs

dans le champ hivernal

 

Contemplant les fleurs sans lassitude

mon carnet de haïkus

rarement sorti du sac

 

Lee vent souffle

— le cerisier sauvage a l’air d’un chien

remuant la queue

 

Revenant au pays natal

— à cent lieues sous les nuages

profitant de la fraîcheur

 

Bashô Seigneur ermite, traduction Makoto Kemmoku et Dominique Chipot, La Table ronde, 2012, p. 44, 47, 49, 51, 62.

27/05/2019

Christian Ducos, Plic ! Ploc !

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Plic ! Ploc ! le bruit de la pluie, Ploc ! le bruit de la grenouille qui tombe dans l’eau chez Bashô, et le titre de la revue de l’association française du haïku… On sait que le haïku classique (de Bashô, Issa, chacun ici dans un haïku) compte trois vers non rimés de 5, 7 et 5 syllabes, relatifs notamment aux saisons, aux choses de la vie quotidienne. Le genre a été introduit en France au début du XXesiècle et adapté par de nombreux poètes, dont Paul Éluard qui a publié 11 haïkus en 1920 et qui s’est souvenu de cette forme ensuite, par exemple dans Cours naturel, en 1938 :

                  Le bec de bois crachait des flammes vertes

                  L’herbe aurorale

                  Chant des fontaines disparues

    L’essentiel est, chaque fois, de conserver la brièveté, l’emploi de groupes nominaux, l’inégalité dans la longueur des trois vers, mais aussi le déséquilibre syntaxique. Il ne s’agit pas de restituer dans notre langue ce qui appartient à une culture fort éloignée de la nôtre, ce que rappelle Christian Ducos pour qui l’intérêt du haïku vient de ce qu’il « entretient un rapport très particulier avec le sens qu’il s’emploie à immobiliser, figer pour mieux faire entendre le silence dans lequel il est tout entier contenu. » Beau programme que de chercher à restituer pour le lecteur le « mystérieux pouvoir d’évidement » du haïku.

   Ce qui séduit dans le livre, c’est la volonté de Christian Ducos de ne pas proposer une simple succession de haïkus, mais souvent de donner à lire quelque chose de l’absence au cœur du haïku ; ainsi, le premier haïku et le dernier se répondent et la suggèrent :

                  coquille vide

                  peut-être pas

                  l’escargot !

 

                  enfin

                  de l’autre côté du mur

                  l’escargot

On peut relever tous les haïkus qui, avec de nombreuses variations, mettent en évidence le vide, l’absence dans le temps et l’espace. Ainsi la fleur n’apparaît que lorsque ce qui la cachait est ôté :

                  lorsque l’herbe est coupée

                  plus rouges encore

                  les fleurs de l’azalée

et des moments oubliés resurgissent avec un objet :

                  bille d’agate

                  retrouvés

                  mes yeux d’enfant

Le silence même est dans le haïku pour que puisse s’entendre une vibration — « le haïku se doit de résonner, vibrer », écrit Christian Ducos :

                  là

                  dehors

                  dans le silence d’éclore

           sous la peau nue des pierres

           bat le sang

           du silence

Bien d’autres approches du haïku sont retenues dans le livre. Son titre qui figure un bruit est introduit et, quelquefois, le lien à la saison ou à ses aspects retrouve le ton du haïku classique : 

                  elle vient

                  comme la pluie  
                  la mélancolie*

   Christian Ducos, comme il l’indique dans sa note liminaire, utilise les ressources rhétoriques pour inventer sa voix. Il joue sur le double sens d’une expression :

                  elle se croyait parfaite

                  elle tombe de haut

                  la neige

et sur l’homophonie :

                  elle est claire

                  avec elle-même

                  la luciole

L’humour est présent dans nombre de haïkus :

                  lire Saint-Simon

                  ou se laver les pieds

                  matinée d’été

 et, également, le plaisir de l’absurde, le vide ou le poème lui-même devenant personnage :

                  il fait si chaud

                  même mon ombre

                  cherche un peu de fraîcheur

On lit aussi des haïkus avec assonances, qui peuvent en même temps être en vers comptés (10 + 8 + 8) :

                  par la fenêtre la lune d’avril      

                  personne ici pour l’accueillir

                  le monde entier pour s’en réjouir

   On voit la variété des approches du genre, qui permet d’aborder tous les sujets, y compris des questions de société, la peur de l’autre et l’extrême pauvreté, celle que l’on préfère ne pas voir :

                  chacun a peur

                  de l’ombre de l’autre

                  vivement midi 

 

                  le regard du mendiant

                  m’a fait baisser les yeux

                  longue nuit

 

On ne boude pas son plaisir à lire et relire Plic ! Ploc !, à comparer le traitement différent d’un même thème (presque chaque thème apparaît deux fois) et s’il arrive d’estimer un peu faible un haïku on passe allègrement au suivant.

 

Christian Ducos, Plic ! Ploc !, Le Cadran ligné, 2019, 64 p., 14 €. Cette note de lecture a été publiée par Sitaudis le 10 mai 2019.              

 

* Bashô écrivait : « Soleil d’un matin d’hiver / tout n’est que mélancolie », traduction René Sieffert, dans Bashô, Jours d’hiver POF, 1987, p. 61.

 

13/05/2019

Bashô, Jours d'hiver

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Une ombre noire

dans le petit matin blême

attise la flamme

(Bashô)

 

Entre chien et loup

incliné sur l’horizon

un mince croissant

Tokoku)

 

Papillons sur le houblon

et la voilà qui se mouche

(Bashô)

 

De notre malheur

ne résoudra le mystère

le chant du coucou

(Yasui)

 

Jusqu’aux fleurs des champs

butine le papillon

aux ailes froissées

(Bashô)

  

Bashô,Jours d’hiver, traduction René

Sieffert, Presses orientalistes de France,

1987, p. 17, 17, 19, 21, 25.

10/04/2019

Christian Ducos, Plic ! Ploc !

 

passé le coin de la rue

elle tombe dans les bras

du vent

 

il est maigre

comme un clou

le clou

 

une grenouille plonge

dans le poème

ah ! le bruit de l’encre

 

gouttes de pluie

tintements

le seau rouillé

 

la vie est si brève

entre ceci et cela

il faut choisr

 

Christian Ducos, Plic ! Ploc !, Le Cadran ligné, 2019, p. 15, 16, 17, 18, 19

20/09/2018

Jacques Roubaud, Peut-être ou la nuit de dimanche, autobiographie romanesque

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   Au début de votre siècle, quand la porte du temps a tourné sur ses gonds et montré le vingt et unième qi chassait le vingtième révolu, je me suis inventé une forme poétique. Je l’ai nommée « trident », ne me demandez pas ici pourquoi, ni de sa présentation dans une page, a priori  étrange ; la forme trident a pour moi, fatigué, l’avantage d’être très, vraiment très très courte, ne comptant que treize syllabes (je ne précise pas la maniére de les compter) soit quatre de moins que sa cousine lointaine, le haïku, qui lui a servi de modèle.

  Dans la ferveur de la découverte de la forme, j’en ai produit des tas, et j’avais même rêvé d’arriver à dix mille. J’en suis loin.

  Depuis mes troubles variés, bientôt depuis trois ans, je compose, quand j’en ai le courage (il y a peu de « syllabes » mais avoir besoin d’un temps très long pour les placer convenablement dans leurs trois vers, n’est pas rare).

(…)

d’un mort

 

                  je touche ce mort

         en pensée

                  je l’essuie de larmes

 

                              *

 

 le vrai

 

                  le vrai je voudrais

         mais pourquoi ?

                  pour en faire quoi ?

 

Jacques Roubaud, Peut-être ou la nuit de dimanche, autobiographie romanesque, Seuil, 2018, p. 100-101.

14/05/2018

Philippe Jaccottet, Une transaction secrète

 

Philippe Jaccottet, "L'Orient limpide", dans Une transaction secrète, haïku

[À propos du haïku]

Presque tous les haïkus doivent contenir un mot qui définit la saison où ils se situent ; à l'intérieur de ce cadre temporel très simple, un autre classement à peine moins simple s'opère, selon les sujets traités, dont les plus fréquents sont les météores : pluie, vent, neige, nuages brume ; les animaux : oiseaux surtout ; les arbres et les fleurs ; enfin, les affaires humaines, fêtes ou menues occupations quotidiennes

Voilà donc une poésie d'où est rigoureusement exclu tout commentaire d'ordre philosophique, religieux, moral, sentimental, historique ou patriotique, et qui pourtant contient, en profondeur, tous ces aspects. Non seulement tout le Japon nous semble présent dans ces œuvres, et par elles mieux loué que par nulle déclamation ; mais dans ce qui apparaît d'abord comme simple notation, tableau ou scène en miniature, constatation souvent indifférente, il n'est pas difficile de retrouver une pensée, une morale, une chaleur du cœur ; et aussi bien tout l'espace, toute la profondeur du monde.

 

Voilà une poésie à laquelle sa forme brève et stricte refuse le moindre mouvement d'éloquence comme le plus simple récit, interdit tout abandon à la fluidité musicale qui noie, dans notre lyrisme, tant de mensonges et de faiblesses ; une poésie dont le ton se maintient à égale distance de la solennité et de la vulgarité, de la singularité et de la platitude. Une poésie qui, pour être réduite à l'essentiel, n'est cependant ni un cri ni un oracle.

Enfin, une poésie sans images. Si précieux que puisse être le rôle de l'image, j'ai dit ici, plus d'une fois, combien je la croyais redoutable, ne fût-ce que par sa promptitude à surgit, sa docilité, et comment il lui arrive de voiler au lieu de révéler.[...] 

Quelques mots fort communs, pour la plupart d'ailleurs fixés par une tradition [...] ; quelques mots dont le seul rapprochement, la seule combinaison, outre l'exclusion même de tous les autres, fait l'inimitable pouvoir. Un sens prodigieux du vide, comme du blanc dans le dessin ; et une véritable divination dans le choix des deux ou trois "signes" indispensables et dans l'établissement de leurs rapports. 

 

Je ne nourris pas le sot désir de voir les poètes français imiter un art si essentiellement étranger et rompre ainsi avec une tradition de langage et de poésie qui est le terreau même de leur œuvre.

 

Philippe Jaccottet, "L'Orient limpide", dans Une transaction secrète, Gallimard, 1987, p. 124, 128, 129 et 130..

 

20/01/2018

Haïku, anthologie du poème court japonais

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Pas de pont —

le jour se couche

dans les eaux du printemps

Yosa Buson

 

Au printemps qui s’en va

les oiseaux crient —

les yeux des poissons en larmes

Matsuo Bashô

 

Jour de brume —

les nymphes du ciel

auraient-elles du vague ) l’âme ?

Kobayashi Issa

 

À la surface de l’eau

des sillons de soie —

pluie de printemps

Ryôkan

 

Dans les jeunes herbes

le saule

oublie ses racines

Yosa Buson

 

Haïku, anthologie du poème court japonais,

traduction Corinne Atlan et Zéno Bianu,

Poésie / Gallimard, 2002, p. 29, 32, 34, 36, 53.

 

08/11/2017

Daniel Blanchard, Bruire

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                Vivere il finire

 

         À la baisse du jour,

              sous le vacarme exténué,

         des voix d’enfants, d’oiseaux.

 

                  Parole de rivière :

            Demain tu ne seras plus toi…

               un chant dans la mémoire.

 

                  L’appel de ton regard,

     ta musique dans ma mémoire,

       eau qui remue dans l’eau.

 

         Dans la brise de mai,

   avec le grand pin bleu bruire

         à l’automne de la vie.

 

         Mon corps contre ton corps

           sera la caresse du temps.

             (Murmure de rivière)

 

 

Daniel Blanchard, Bruire, L’Atelier contemporain,

2017, p. 10, 11, 24, 28, 30.

 

28/09/2015

Takuboku Ishikawa, Ceux que l'on oublie difficilement

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J’ai compté les années d’espérance

et je fixe mes doigts

je suis fatigué du voyage

 

Il se demandait en riant

s’il se marierait

Il n’a toujours pas pris épouse

 

Il m’a donné la nourriture

et je me suis retourné contre lui

que ma vie est lamentable

 

Le soir au moment de se séparer

à la fenêtre du wagon j’ai bâillé

de tout cela je n’ai plus que regrets

 

Mon ami venait m’emprunter quelques sous

il s’en retourne

les épaules couvertes de neige

 

Takuboku Ishikawa, Ceux que l’on oublie difficilement, traduit du japonais par Alain Gouvret, Yasuko Kudawa et Gérard Pfister, Arfuyen, 1989, p. 8, 11, 12, 17, 21.

19/09/2014

Yosa Buson, Haiku, traduction Joan Titus-Carmel

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Buson : Paysage 

 

    La pauvreté

m'a saisi à l'improviste

  ce matin d'automne

 

    Près d'un poirier

je suis venu solitaire

  contempler la lune

 

    Le batelier —

sa perche arrachée des mains

  tempête d'automne

 

    Il brama trois fois

puis on ne l'entendit plus

   le cerf sous la pluie

 

      Une solitude

plus grande que l'an dernier

    fin d'un jour d'automne

 

      Le mont s'assombrit

éteignant le vermillon

des feuilles d'érables

 

Yosa Buson, Haiku, traduits du japonais et

présentés par Joan Titus-Carmel, Orphée/

La Différence, 1990, n.p.

21/12/2011

Kobayashi Issa, Sous le ciel de Shinano

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la neige doucement descend

qui aurait encore le cœur à rire

sous le ciel de Shinano

 

au soir

parlant avec la terre

les feuilles tombent

 

au soir tombant

un vol d'oies sauvages les fumées

blotti sur moi-même

 

herbes échevelées

le froid se sent

rien qu'à vue d'œil

 

silence des réclusions d'hiver

cette nuit j'ai entendu

la pluie tomber sur la montagne

 

juste de quoi faire un feu

les feuilles mortes

que le vent m'a apportées


Kobayashi Issa [1763-1827], Sous le ciel de Shinano, textes choisis et traduits par Alain Gouvret et Nobuko Imamura, Arfuyen, 1984, n.p.


 

Quelques éléments bibliographiques sur le haïku en français.

 

 

Anthologie du haïku en France, sous la dir. de Jean Antonini, Lyon, Aléas, 2003.

Au fil de l'eau : les premiers haïku français, éd. établie par Éric Dusert, Paris, Mille et une nuits, 2003.

BAUDRY Micheline (sous la direct.), Sur d'autres pas : géographie du haïku canadien-français, Seichamps, Association française de haïku, 2004.

BAUMANN Lucien, Haïkaï à la française, Strasbourg, L. Baumann, 1983.

BELLEN Salim, L'Échelle brisée, Seichamps, Association française de haïku, 2006.

BERGÈSE Paul, Le coucou du haïku, gravures de Titi Bergèse, Véron, éd. de la Renarde rouge, 2003.

BIGA Daniel, La Chasse au haïku, Bouvron, Les éd. du Chat qui tousse, 1998.

BLANCHE Patrick, L'apprenti-bouddha et l'arbre d'en face, Seichamps, Association française de haïku, 2006.

BOISSÉ Hélène, Le jour ne se lève jamais seul : haïkus, Association française de haïkus, 2009.

BORDES Luc, L'esprit du promeneur : haïkus, Lyon, Assocaition française de haïku, 2009.

BOUDET  Alain, Haïku du soleil, ill. d'Adeline Lorthios, Toulon, Pluie d'étoiles, 2004.

Bourgeons éclos, (sous la direct. de Daniel Py), par les lauréats du concours Haïku-Sebryu d'internet, illustr. par Ion Codrescu, Seichamps, Association française de haïku, 2003.

CALAFERTE Louis, Haïkaï du jardin, Paris, Gallimard, 1991.

CALMANT Michel, 66 haïkus anciens et modernes, préface de Dietrich Krusche, Paris, Librairie-galerie Racine, 2007.

CAZALIS Alain et MORI Eiko,  Haïku, 5 eaux-fortes d'A. Cazalis et 5 de E. Mori, avec 32 poèmes haïkus de Claude Carcassonne, Marseille, L'Échoppe, 1993.

CHIPOT Dominique (coordination de -), Le soleil sur la rosée, ouvrage collectif, illustré par les élèves de l'école Pauline Kergomard d'Arras, Seichamps, Association française de haïku, 2006.

CLAUDEL Paul, Cent phrases pour éventail, présentation de Michel Truffet, Paris, Gallimard, 1996 (1ère éd., 1926).

CONSTANTIN Pierre, Vivant (haïku), encres de Michel Joyard, Cannes, éd. Tipaza, 1999.

CONVERSET Pierre, Haïku des pierres, photog. de l'auteur, textes de J. Poullaouec, préf. d'Yves Coppens, Rennes, Apogée, 2006.

COURTAUD Pierre, Trente-trois haïkaï des sites et autres modèles, La Souterraine, La Main courante, 1987.

COURTAUD PIERRE, Onze haïkaï de la fluidité, ill. par Guy Teste, Berthecourt, G & g, 2001.

DESCÔTEAUX Diane, L'heure du thé : haïku, préf. de Georges Karedas, Paris, éd. Karedas, 2008.

DRUART Henri, Pincements de cordes, 288 haïkaïs en 24 séries, préface de René Maublanc, Reims, éd. du Pampre, 1929.

D'un ciel à l'autre : anthologie de haïkus de l'Union européenne, Seichamps, Association française de haïkus, 2006.

Éclair soudain : haïkus francophones, Seichamps, Association française de haïku, 2005.

FOURIER Claire, Le temps de le dire : haïku d'été, Paris, éd. J.-P. Rocher, 2004.

FOURIER Claire, Tâches de rousseur : haïku d'automne, préf. de Jean Markale, Paris, éd. J.-P. Rocher, 2006.

FRAIN Irène, Chat haïku, eaux-fortes de Bernard Vercruyce, Auvers-sur-Oise, Au chat mage, 1997.

GASC Yves, Infimes débris : 60 haïkus, Paris, éd. Saint-Germain-des-Prés, 1980.

GASC Yves, L'Eaublier : 99 haïkus, Paris, Le Méridien, 1990.

GILBERT-LECOMTE Roger, Neuf haïkaï, Montpellier, Fata Morgana, 1977.

Gong, revue francophone de haïku, Seichamps, Association française de haïku, n° 1, nov. 2004.

GUINSBOURG Élisabeth, 1000 haïkus, dessin de Danièle Le Bricquir, Paris, Caractères, 1999.

Haïku, Le Hotwald, éditions LUS [= Libre université de Samadeva], 2007.

Haïku : anthologie canadienne, préparée sous la dir. de Dorothy Howard et André Duhaime, Montréal, éd. Asticou,

HULIN Bruno, Le Geai grincheux, ill. de Jean-Marc Demabre, Seichamps, Association française de haïku, 2004.

LACHÈZE Henri, D'un silence à l'autre : haïkaï, Sainte-Geneviève-des-Bois, Maison rhodanienne de poésie, 1999.

Le Haïku en français, Seichamps, Association française de haïku, 2003.

LANOUE David, Fou de haïkus, traduit de l'anglais (américain) par Alain Adaken et Richard Carter, Rennes, La Part commune, 2008.

MALINEAU Jean-Hugues, Trente haïku rouges ou bleus, ill. de Christian Piéron, Toulon, Pluie d'étoiles, 2000.

MARICOURT Paul de, D'un quai à l'autre : haïkus et senryûs du métro, illustr. de Thierry Poulhès, Seichamps, Association française de haïku, 2008.

MAUDUY Jean-Pierre, Assis sur un muret de pierre : poèmes et esprit du haïku, J.-P. Mauduy, 2003.

MELANÇON Robert, Quartiers d'hiver, avec 3 photographies d'Yves Laroche, Seichamps, Association française de haïku, 2007.

MICHELOT Soizic, Haïku, Petits chants de la pluie et du beau temps,  Rennes, La Part commune, 2010.

NOIR Michel, J'entends une fourmi : haïkus, Paris, éd. de La Différence, 1994.

OSANATI Jacques, La tulipe et l'espoir : haïku et son commentaire, photog. de Xavier Coulmier, Aix-en-Provence, l'Ouisti, 2007.

PALAQUER Patrice, Chroniques d'Oburo : haïku d'un planqué, illust. de Nishi, Seichamps,

Association française de haïku, 2003.

Ploc, La revue du haïku, Association pour la promotion du haïku, Seichamps, n° 1, déc. 2008.

POULLAOUEC Jacques, Haïku des quatre éléments, Rennes, La Part commune, 2006.

POUPAS Jean-Pierre, Bref, des haïku, Le Pallet, Traces, 2002

POUPAS Jean-Pierre, Haïku d'œil, vignettes de M.-F. Lavaur, Le Pallet, éd. Traces, 2005.

POUPAS Jean-Pierre, Ma tasse de thé : haïku monostiques, Le Pallet, Traces, 1998.

PY Daniel, Haïku : 1999-2000, trad. en anglais de l'auteur, ill. d'Odette Py, Aguessac, éd. associatives Clapàs, 2001.

QUERO Pascal, Pas de fil entre les regards, illustrations de Line Michaud, Seichamps, Association française de haïku, 2006.

QUINTA Philippe, Comme nous la mouche, haïkus et senryûs, Seichamps, Association française de haïku, 2008.

RAOUL Louis, Flaques du chemin : haïku, ill. de Michel-François Lavaur, Le Pallet, Traces, 1997.

RAY Lionel, Pages d'ombres, suivi de Un besoin d'azur et de Haïku, Paris, Gallimard,

Regards de femmes : haïkus francophones, réunis sous la direction de Janick Belleau, Montréal, éd. Adage, 2008.

RELIQUET Philippe, D'un loin si sombre : poèmes, haïku (1998-2003), avec deux dessins de Fred Deux,

RENONDIN Françoise, Si la terre ainsi demeure, suivi de 19 haïkus, Blois, F. Renondin, vers 1998.

RIBIÈRE René, Haïkaï, poèmes, Cavaillon, imprimerie Mistral, 1968.

ROUBAUD Jacques, Io et le loup : dix-sept plus un plus un haïku en ouliporime, Paris, Oulipo, 1981.

SELLÈS Jacques, Haïkus sous la neige, suivi de Gouttes de vitre, Le Bugue, l'Ivre cœur, 2002.

SIGG Juan, Parfums escarpés, Seichamps, Association française de haïku, 2005.

STÉFAN Jude, Stances (ou 52 contre-haï-ku), Cognac, Le temps qu'il fait, 1991.

TABLADA José Juan, Papillons de l'instant, adaptés par Patrick Blanche, Association française de haïku, 2009.

TANGUY Pierre, Haïku du chemin : en Bretagne intérieure, Rennes, La Part commune, 2002.

TANGUY Pierre, Haïku du sentier de montagne, préf. d'Alain Kerven, Rennes, La Part commune, 2007.

TIXIER Roland, Temps ordinaire banlieue est, 100 haïkus inédits, Grenoble, Le Pré carré, 2004.

Trois graines de haïku, Seichamps, Association française de haïku, 2009.

VERBEKE Geert, Baobab, Seichamps, Association française de haïku, 2006.

VILLENEUVE Jocelyne, Feuilles volantes, recueil de poèmes rédigés à la façon du haïkaï, suivi d'une bibliographie du haïkaï, Canada, Naasman, 1985.

WHITE Kenneth, Les cygnes sauvages : voyage haïku, trad. de l'anglais par Marie-Claude White, Paris, Grasset, 1990.

 

 

14/12/2011

Bashô, Jours d'hiver, traduction de René Sieffert

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Une ombre noire

dans le petit matin blême

attise la flamme

 

Rossignol réveille-toi

la chandelle est allumée

 

Lune de trois jours

dans le ciel noir du levant

la voix de la cloche

 

Au jour de la lune pleine

que pareil soit mon destin

 

Auprès du foyer sans feu

on croit voir le disparu

 

On pleure les fleurs

qui du cerisier ne sont

que la moisissure

 

Soleil d'un matin d'hiver

tout n'est que mélancolie

 

Par ce temps d'automne

en voyage on versifie

sans cérémonie

 

Bashô, Jours d'hiver, présenté et traduit du japonais

par René Sieffert, Presses orientalistes de France, 1987, p. 17, 31, 45, 47, 51, 53, 61, 63.


Quelques éléments bibliographiques sur le haïku traduit en français

 

BASHÔ Matsuo, Cent cinq haïkaï, trad. du japonais par Kumiko Muraoka et Fouad El-Etr, Paris, La Délirante, 1979.

BASHÔ Matsuao, Cent onze haïkus : Bashô, traduit du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 1998.

BASHÔ Matsuo, Jours de printemps : haïku, trad. du japonais par Alain Kerven, Paris, Arfuyen, 1988.

BASHÔ Matsuo, La Lumière des bambous : 60 haïkaï de Bashô et de son école, trad. et présentation par Alain Kerven, Romillé, Folle Avoine, 1988.

BASHÔ Matsuo,  Le chemin étroit vers les contrées du nord, précédé de huit haïkus, trad. de Nicolas Bouvier, présentation d'Alexandre Chollier, Genève, Héros-Limite, 2006.

BASHÔ Matsuo, Le haïkaï selon Bashô  : traité de poétique, propos recueillis par ses disciples, présentation et trad. par René Sieffert, Presses orientaliste de France, 1983.

BASHÔ Matsuo, Le Voyage d'hiver : Trente six haïkaï de Matsuo Bashô, trad. du japonais par Jacques Pezeu-Massabiau,

BASHÔ Matsuo, Bashô et son école, trad. du japonais par René Sieffert, Paris, Textuel, 1998.

BASHÔ Matsuo, Vingt haïku [Bashô, Buson, Issa], trad. du japonais par Philippe Denis, encres de Jacques Capdeville, Varces, La Petite fabrique, 2009.

Brefs du soleil levant : haïkai, choix et présentation de Jean Pietri, Annecy, Guile du poème, 1985.

Cueillette d'éclairs, suivi de Notes dans la paume, choix de haïkus, trad. et mise en vers de Roland Halbert, calligraphies de Hosoda Kiyonobu, Paris, éd. Le Veilleur, 2001.

BUSON Yosa, Haïku, trad. du japonais par Nobuko Imamura et Alain Gouvret, Arfuyen, 1983.

BUSON Yosa, Haïku, choisis, présentés et trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Paris, éd. de La Différence, 1990.

BUSON Yosa, 66 Haïku, choisis, présentés et trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, éd. Verdier, 2004.

BUSON Yosa, Travers la mémoire, florilège de haïku, poèmes trad. et adaptés du japonais par Akié Boulard, gravures d'Oscar Lloveras, Paris, éd. Arichi, 2004.

Fourmis sans ombre : le livre du haïku, anthologie-promenade par Maurice Coyaud, Paris, Phébus, 2001.

Du rouge aux lèvres, haïjins japonaises, trad. du japonais et présenté par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku, éd. bilingue, Paris, Le Seuil, 2010.

Haïku, avant-propos et texte français de Roger Munier, préface de Yves Bonnefoy, Paris, Fayard, 1990.

Haïku, présentés et transcrits par Philippe Jaccottet, dessins d'Anne-Marie Jaccottet, Montpellier, Fata Morgana, 1996.

Haïku pour les amants, réunis par Manu Bazzano, adapté de l'anglais par Bernard Dubant, Paris, éd. Véga, 2003.

Haïku : poésies anciennes et modernes, une anthologie compilée par Jackie Hardy, adaptation de l'anglais par Bernard Dubant, Paris, éd. Véga, 2003.

Haïku : anthologie du poème court japoais, présentation, choix, traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu, Paris, Poésie / Gallimard, 2002.

Haïku du XXe siècle : le poème court japonais d'aujourd'hui, présentation, choix, traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu, Paris, Poésie / Gallimard, 2007.

Haïku : poésie du zen, textes choisis et présentés par Manuela Dunn Mascetti, péf. de T.H. Barrett, trad. de l'anglais par Zéno Bianu, Paris, P. Picquier,

Haïkus érotiques :  extraits de "La fleur du bout" et du "Tonneau de saule" : des moines, des dames du palais, de la vie conjugale, des domestiques, des veuves, des courtisanes ; trad. et présenrtés par Jean Cholley, Paris, P. Picquier, 1996.

Haïkus des saisons, sous la dir. de Armelle Caron et Bruno Bonhoure, Drancy, Destination 2055, 2006.

ISSA Kobayashi, Haïku, trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 1994.

ISSA Kobayashi, Pas simple en ce monde d'être né humain, trad. du japonais par Danièle Faugeras et Pascale Janot, Ramonville-Saint-Agne, éd. Érès, 2008,

ISSA Kobayashi, Sous le ciel de Shinano : haïku, texte choisis et trad. par Alain Gouvret et Nobuko Imamura, Arfuyen, 1984.

L'année des douze singes, calligraphies de Sotaro Takanami, trad. du japonais par Valérie Terranova, Versailles, Artlys,  2004.

Le Livre d'or du haïkaï, réuni et présenté par Pierre Seghers, avec la collaboration de Claude Gertier, Paris, Robert Laffont, 1984.

L'hôte, l'invité et le chrysanthème blanc : haïkus d'automne, trad. du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet, Millemont, Moundarren, 1990.

Les grands maîtres du haïku (Bashô, Issa, Taïgi, Shiki), présenté par Érik Sablé,

Les plus beaux haïkus, illust. de Ichiro Sato Tessen, Masayuki Kaï, Setsuko Ikai, traduits par Akié Boulard,Paris, Arichi, 2006.

MERCIER Catherine Jeanne, Haïkus, mis en images par C.J. Mercier, Paris, Le Seuil, 2003.

OKUYAMA Kimihito, Flânerie, trad. du japonais par  Camille Déhauprés, gravures de Catherine Prats, Paris, Dervy, 2003.

On se les gèle, haïkus d'hiver, poèmes trad. du japonais par Cheng Wing fun et  Hervé Collet, calligraphie de Cheng Wing fun, Millemont, Moundarren, 1990.

Paroles du Japon : haïkus, choisis et présentés par Jean-Hugues Malineau, Paris, Albin Michel, 1997.

Perles choisies du Japon : 150 poèmes classiques : haïkaï, trad. par Édouard Desmons, illustrations de Marguerite Capon, Denain, É. Desmons, 1989.

RYOKAN, Les 99 haïkus de Ryôkan, trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 1992.

Quelle chaleur ! , haïkus d'été, poèmes trad. du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet, calligraphie de Cheng Wing fun, Millemont, Moundarren, 1990.

Regarder le temps : choix de haïkus illustrés, conception et illustrations d'Isabelle Bourbonnaud, Paris, Les Xénographes, vers 2005.

Sagesse du zen, texte choisis et présentés par Manuela Dunn Mascetti, introd. de T. H. Barrett, trad. de l'anglais de Zéno Bianu, Paris, P. Picquier, 1997.

SHIKI Masaoka, Cent sept haïku, trad. du japonais par Joan Titus-Carmel, Lagrasse, Verdier, 2002.

TANEDA Santôka, Zen à pas comptés : haïku, dessins de Masayuki Kaï, trad. du japonais par Akié Boulard, éd. Arichi,

Tanka, haïku, renga, le triangle magique, textes présentés et trad. par Maurice Coyaud, Paris, Les Belles Lettres, 1996.

 

 

30/11/2011

Buson, le parfum de la lune

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             Buson


l'automne est arrivé

  il faut bien l'admettre

    quelqu'un a éternué

 

 

début de l'automne

  dans une maison une lampe

    à la tombée du jour

 

un chemin sur la lande d'automne

  quelqu'un marche

    derrière moi

 

les montagnes s'assombrissent

  confisquent leur vermillon

    aux feuilles rouges

 

le vent d'automne le chahute

  puis passe son chemin

    ah ! l'épouvantail

 

la tempête d'automne s'est calmée

  la lumière filtre à une porte

    au bout du village

 

 

Buson, le parfum de la lune, poèmes traduits du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet, calligraphie de Cheng Wing fun, Moudarren, 1992, p. 106, 108, 112, 116, 118, 126.

22/11/2011

Yosa Buson, Haïku (traduction Joan Titus-Carmel)

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Buson : Paysage 


    La pauvreté

m'a saisi à l'improviste

  ce matin d'automne

 

    Près d'un poirier

je suis venu solitaire

  contempler la lune

 

    Le batelier —

sa perche arrachée des mains

  tempête d'automne

 

    Il brama trois fois

puis on ne l'entendit plus

   le cerf sous la pluie

 

      Une solitude

plus grande que l'an dernier

    fin d'un jour d'automne

 

      Le mont s'assombrit

éteignant le vermillon

des feuilles d'érables

 

Yosa Buson, Haiku, traduits du japonais et

présentés par Joan Titus-Carmel, Orphée/

La Différence, 1990, n.p.