Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/09/2022

Umberto Saba, Il Canzoniere

o-SABA-facebook-1.jpg

       

 

o-SABA-facebook-1.jpg

 

              L’adieu

 

Sans adieu tu m’as laissé et sans pleurs ;

            dois-je m’en affliger .

Tu ne pleurais pas parce que tu avais tant,

            tant de baisers à me donner.

 

Certaines ententes amoureuses durent assurément

             autant qu’une vie et davantage.

Je connais un amour qui a duré un mois

             et qui fut un amour véritable.

 

Umbero Saba, l Canzoniere, L’âge d’homme, 1988, p. 198.

13/04/2020

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, adieu, temps, épreuve

   Bonjour, ma douce vie, autant remply de joye,

Que triste je vous dis au departir adieu :

En vostre bonne grace, hé, dites moy quel lieu

Tient mon cœur, que captif devers vous je r’envoye ?

   Ou bien si la longueur du temps & de la voye

Et l’absence des lieux ont amorty le feu

Qui commençoit en vous à se monstrer un peu :

Au moins, s’il n’est ainsi, trompé je le pensoye.

   Par espreuve je sens que les amoureux traits

Blessent plus fort de loing qu’à l’heure qu’ils sont pres,

Et que l’absence engendre au double le servage.

   Je suis content de vivre en l’estat où je suis,

De passer plus avant je ne dois ny ne puis :

Je deviendrois tout fol, où je veux estre sage.

 

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, dans Les

Amours, Garnier, 1963, p. 429.

08/11/2019

James Joyce, Poèmes

      James-Joyce.jpg

             Bahnofstrasse

 

Les yeux qui rient de moi signalisent la rue

Où je m’engage seul à l’approche du soir,

 

Cette rue grise dont les signaux violets

Sont l’étoile du rendez-vous et de l’adieu.

 

O astre du péché ! Astre de la souffrance !

Elle ne revient pas, la jeunesse au cœur fou

 

Et l’âge n’est pas là qui verrait d’un cœur simple

Ces deux signaux railleurs cligner à mon passage.

 

James Joyce, Poèmes, traduction Jacques Borel,

Gallimard, 1967, p. 113.

28/12/2018

Samuel Beckett, Les Os d’Écho

 

Da Tagte Es

 

rachète les succédanés d’adieux

dans ta main le drap file comme un fleuve

toi qui as largué toutes amarres

et le miroir sans buée au-dessus de tes yeux

 

Samuel Beckett, Les Os d’Écho, traduction

Édith Fournier, éditons de Minuit, 2002, p. 41.

16/06/2016

Christian Prigent, Les Amours Chino

                                        Christian Prigent.jpg

             Chino lit Diderot

 

                       (Adieu)

 

Adieu ma tendre amie adieu bonsoir eh

Bien adieu adieu adieu mon amie &

Adieu ah ! adieu âmes célestes eh bien

Adieu les jolies promenades adieu vingt

 

Fois ma bonne amie ! courage ! & adieu oui

Adieu non à demain adieu je l’ai dit

Mille fois adieu ai-je assez bavardé ?

Adieu, que désiré-je ? à moi ! adieu, eh !

 

Adieu à moi à mon secours adieu oui

Adieu pour la troisième fois hélas si

Je l’ai dit adieu mais qui m’échauffa c’est

Vous oui : réponse sur le champ s’il vous plaît

 

Christian Prigent, Les Amours Chino, P.O.L,

2016, p. 213.

22/03/2016

Claude Chambard, Carnet des morts

claudec20.JPG

Les feuilles sont mortes sur votre tombeau,

grand-père que je ne connais,

élevé dans la forêt, la hache dans les deux poings.

Perdu dans les rues des villes,

pleurant le départ des enfants,

& la femme morte trop jeune.

 

Où serions-nous allés ?

Qu’auriez-vous montré à l’enfants ?

Vous seriez-vous battu avec Grandpère ?

Ou de votre air doux auriez-vous dit :

— Je vais partir, je ne vous gênerai plus.

Longue silhouette de dos

disparaissant après le virage du pont.

À pieds toujours, cinq kilomètres vers l’autre village

où même la ferme ne vous appartient plus,

dévorée par la fratrie infectée.

 

Car l’adieu c’est la nuit.

La langue, la voix impossible.

Le nom est un silence. On ne peut en compter les syllabes

Ce n’est pas la mort, ce n’est pas la vie.

Un rêve, les mains jointes, près du coffret où s’entassent les lettres perdues.

Une longue marche — toujours vivant —

sans me soucier des murs

ni du tunnel

ni du balancier des heures.

 

Claude Chambard, Carnet des morts, Le bleu du ciel, 2011, p. 55-56.