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23/05/2023

Lorand Gaspar, Sol absolu

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Impatients à briser l'horizon pour un autre

le même plus loin, plus loin le pays

où plus rien n’est secourable.

Et votre chute sans fin de même couleur que l’air

en ce vide médian de l’attente de l’arbre

l’oiseau s’est posé quelque part dans l’espace :

regarde comme il congédie la proue des hauteurs !

A l’endroit des mots

ce ravin de la danse qui chaque jour

défait les rayons de la roue.

 

Lorand Gaspar, Sol absolu, Gallimard, 1972 , p. 50.

05/05/2023

Esther Tellermann, Ciel sans prise

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Déjà s’étaient

éteints    les horizons

nous devions recueillir

la lumière des chambres

des nuits rompues

par l’absence

de lendemains.

Déjà nous devions

rassembler les

vents et les os    et

tous les gestes

mais voici la main

qui oppose

   le fruit.

 

Esther Tellermann, Ciel sans prise,

éditions Unes, 2023, p. 29.

28/02/2021

Alexis Bardini, Une épiphanie

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Il y a peu de l’aube à toi

Comme un fruit qui gravite

Autour de son noyau

La chair épaisse des souvenirs

Nous est une distance

 

Pureté de l’écoute

Où tous les signes retentissent

Corps vacarme qu’une image submerge

Coup de théâtre aux mille sources

La mémoire est le siège de l’émoi

 

D’un coup tu tranches le fruit

Offres la pulpe à ton palais

Pour que chaque matin l’horizon se dilate

 

Quelques gouttes au bord des lèvres

Devant les jours qui peuvent

 

Alexis Bardini, Une épiphanie, Gallimard,

2021, p. 13.

28/10/2019

Anne Perrier (1922-2017), Poésie 1050-1986

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La voie nomade

 

           I

 

O rompre les amarres

Partir partir

Je ne suis pas de ceux qui restent

La maison le jardin tant aimés

Ne sont jamais derrière mais devant

Dans la splendide brume

Inconnue

 

Est-ce la terre qui s’éloigne

Ou l’horizon qui se rapproche

On ne saurait jamais dans ces grandes distances

Tenir la mesure

De ce qu’on perd ou ce qu’on agne

 

Pour aller jusqu’au bout du temps

Quelles chaussures quelles sandales d’air

Non rien

O tendre jour qu’un mince fil d’été

Autour de la cheville

 

[...]

Anne Perrier, Poésie 1960-1986, L’Âge d’Homme/

Poche, 1988, p. 193-194.

26/01/2019

Bernard Vargaftig, Le monde le monde

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L’horizon touche les herbes

À nouveau pas un nuage

 

Et tant de souffle qu’espère

L’écho dans l’emportement

 

Tout ressemblait à la suite

Amandiers hâte calanque

 

Après l’avoir oubliée

L’inclinaison et l’été

 

Comme étonné sous ton cri

Et pitié inavouable

 

Et parfum embrasé où

Aucun mot n’est épargné

 

L’éblouissement sans ombre

Ne se referme jamais

 

Bernard Vargaftig, Le monde le monde,

André Dimanche, 1994, p. 65.

11/12/2015

Jacques Josse, Au célibataire retour des champs

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novembre, décembre,

debout sur la pas de la porte,

scrute le ciel bas,

tire sur la laisse du passé,

entend rire ses morts

(ils sont dans le ruisseau d’à-côté

et descendent à la rivière),

regarde le rideau des pluies

qui dilue la clarté

et ramène l’horizon

à hauteur des talus.

 

                                   (22.12.2013)

 

Jacques Josse, Au célibataire retour des

champs, le phare du cousseix, 2015, p. 8.

 

04/06/2015

Laurent Albarracin, Herbe pour herbe

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[...]

Les ronces sont difficiles —

on dirait qu’elles sont en végétation

montées en épingles sur elles

leur peine à les extirper

 

De l’inextricable

on peut extraire l’inextricable —

ce sera toujours un fibreux

jus

 

L’herbe floute le sol — le hache

doucement — tant il est vrai

comme venu au tout proche

un peu du lointain horizon

 

Comme l’herbe d’herbe — oui

l’envahi est envahi d’envahi

et le tendre est le plus tendre

au plus dru du tendre

 

Pour soutenir le bleu du ciel

il n’y a que le bleu du ciel —

ce qui porte est soi-même porté —

l’allégresse est joie de joie

 

Les nuages sont gros

des plus fins traits

de la pluie — l’herbe est grise

d’herbe

 

Laurent Albarracin, Herbe pour herbe, Dernier

Télégramme, 2015, p. 51-53.