15/06/2025
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski
L’orchestre invisible
Écoute, comme
par petites touches
le temps s’épaissit,
dans sa pâte de lumière
et d’obscurité,
un roulement,
une rumeur un peu marine,
un peu comme si le sang du corps
remuait vers dehors
et se mêlait à l’air
dans une couleur naissante
impossible à nommer
sans qu’elle ne disparaisse.
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski,
Arfuyen, 2025, p. 109.
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14/06/2025
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski
Tandis que la nuit encercle les maisons
d’un horizon toujours plus étroit
qu’un beffroi invisible pèse sur la voix
des vivants, et le froid
s’insinue jusqu’à l’espace intime de nos cils, de nos lèvres,
chaque mot semble usé, effiloché
prêt à s’évanouir dans le pointillé des pluies
résonance assourdie, dont nous redoutons
qu’elle nous fige définitivement,
un cœur se serre
et fait vœu d’une rose aux pétales mobiles
dont le centre serait
notre feu absent.
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski, Arfuyen, 2025, p. 95.
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13/06/2025
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski
Aria
Ne précipite rien, trouve ta forme, l’ombre
glisse sous tes ailes
l’épaule des collines se hausse
sur l’intimité des herbes
un seul battement de cils
dans le soleil antique
et l’été coule entre nos doigts
les voûtes claires, rieuses
s’élancent entre les corps.
Cécile A. Holdban, Le rêve de Dostoïevski,
Arfuyen, 2025, p. 77.
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12/06/2025
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski
Débordements
Quand le temps ruisselle
sans autres canaux pour couler
que les rigoles du trottoir
d’un dimanche soir de novembre
que chacun se presse chez soi ou aux machines
que chaque geste est dilatoire
les étourneaux
malgré les ombres longues
font leur chemin d’anges citadins
sans que nos yeux les regardent
entre les immeubles et la Seine
un bourdon bleu sur un pavé
une fleur hors saison
qui se soucie encore,
dans ce temps trop humain, de tous ces à-côtés
de ces notes un peu tombées du chœur des villes
de ces battements sourds, de tous ces petits riens
où va encore la vie.
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski,
Arfuyen, 2025, p. 73.
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10/06/2025
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski
Le monde s’est fermé
et s’observe dans le miroir
d’une lune rose
Nous pourrions oublier
la circulation des pôles
le battement des matées
s’il n’y avait les paupières
lentes du lilas
s’ouvrant derrière les canisses
la promesse sans parole
de son regard en pluie
que noue et dénoue l’ombre.
Cécile A. Holdban, Le Rêve de Dostoïevski,
Aefuyen, 2025, p. 24.
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