Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/04/2020

Pierre de Marbeuf, Le Miracle d'amour

                     Sonnet

 

Et la mer et l’amour ont l’amer en partage,

Et la mer est amère, et l’amour est amer,

On s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer ;

Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

 

Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer

Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

 

La mère de l’amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,

Mas l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

 

Si l’on pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

 

Pierre de Marbeuf, Le Miracle d’amour, Obsidiane,

1983, p. 130.

28/03/2014

Pierre de Marbeuf (1596-1645), Le miracle d'amour

                          imgres-1.jpg

                     L'innocence d'amour

 

   Tu me dis que l'amour est toujours en enfance,

Qu'il se plaît, comme enfant, à mille petits jeux,

Et s'il blesse quelqu'un se jouant de ses feux,

Que le mal qu'il lui fait vient de son ignorance.

 

   Qu'aveugle est cet archer qui n'a pas connaissance

Où frapperont ses traits qui sont si dangereux :

Et si pour son sujet quelqu'un est malheureux,

Tu m'assures que c'est une pure innocence.

 

   S'il est vrai que l'amour ne t'est pas inconnu,

Qu'il est un imbécile, et qu'il va toujours nu,

Innocent, dépouillé de malice et de ruse

 

   N'ai-je point de raison, quand le mal que je sens

Me fait dire, qu'Hérode aurait eu quelque excuse,

S'il eut tué l'amour avec les Innocents.

 

Pierre de Marbeuf (1596-1645), Le miracle d'amour, préface de Jean Tortel, Obsidiane, 1983, p. 137.

07/11/2011

Pierre de Marbeuf, Le Miracle d'amour

pierre de Marbeuf.png

                           Sonnet

 

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,

Et la mer est amère, et l'amour est amer,

L'on s'abîme en amour aussi bien qu'en la mer,

Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.


Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer

Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.


La mère de l'amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,

Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.


Si l'on pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

 

Pierre de Marbeuf, Le Miracle d'amour, Obsidiane, 1983, p. 130.