23/06/2018
Nelly Sachs, Brasier d'énigmes
Et tu as traversé la mort
comme en la neige l’oiseau
toujours noir scellant l’issue…
Le temps a dégluti
les adieux que tu lui offris
jusqu’à l’extrême abandon
au bout de tes doigts
Nuit d’yeux
S’immatérialiser
Ellipse, l’air a baigné
la rue des douleurs…
Und du gingst über den Tod
wie der Vogel im Schnee
immer schwarz siegelnd das Ende –
Die Zeit schluckte
was du ihr gabst an Abschied
bis auf das äusserste Verlassen
die Fingerspitzen entlang
Augennacht
Körperlos werden
Die Luft umspülte – eine Ellipse –
die Strasse der Schmerzen –
Nelly Sachs, Brasier d’énigmes et autres poèmes, traduit de l’allemand par Lionel Richard, Denoël, 1967, p. 258-259.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nelly sachs, brasier d’énigmes et autres poèmes, mort, temps, oiseau | Facebook |
23/08/2015
Nelly Sachs, Départ au désert
Départ au désert
Quitter soudain
la table du repas
et sans autre arme que son corps
s’en aller là-bas où les hyènes rient
Rendre visite aux pierres
qui se levèrent aussi un jour
pour revêtir la raideur de millions d’années
Tendre l’oreille pour épier
la faible plainte enfantine
au sein des sources cachées
qui veulent jaillir au monde
pour désaltérer les langues d’étoiles assoiffées —
le zodiaque des langues
qui lapent la lune opaline
et perdent tout leur sang
dans le frémissant rubis du soleil
Se lever soudain de table
s’enfoncer dans la racine de minuit
laisser un éclair fulgurant
déchirer notre poussière
Voir devant soi dans les sables du désert
le mirage vert des flammes végétales
la blancheur insoutenable des secrets dévoilés
la prière qui se déverse par les jointures de la mort
et les neiges éternelles de la rédemption —
Nelly Sachs, traduit de l’allemand par
Barbara Agnese, dans Europe, "Henri Heine",
"Nelly Sachs", août septembre 2015, p. 207-208.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nelly sachs, dépat au désert, pierre, source, étoile, langue, nuit, mort | Facebook |
13/11/2014
Nelly Sachs, Brasier d'énigmes et autres poèmes
Pourquoi Israël ?
À ton existence pourquoi Israël
cette réponse noire de la haine ?
Toi l'étranger
astre venant de plus loin que les autres.
Vendu à cette terre
pour que la solitude continue à se transmettre.
Ton origine est couverte d'herbes folles
On a fait l'échange de tes étoiles
contre tout ce qui appartient aux mites et aux vers
Elles qui pourtant furent transportées comme l'eau de lune
des rives ensablées et rêveuses du temps jusque dans le lointain.
En chœur avec les autres
tu as chanté
Un ton plus haut
ou un ton plus bas
Au soleil couchant tu t'es élancé dans le sang
comme une douleur qui en cherche une autre.
Vaste est ton ombre
et pour toi il se fait tard
Israël !
Nelly Sachs, Brasier d'énigmes et autres poèmes, traduit de l'allemand par Lionel Richard, Les Lettres Nouvelles/Denoël, 1967, p. 75.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nelly sachs, brasier d'énigmes et autres poèmes, israël, haine, temps, hstoire | Facebook |
24/11/2012
Nelly Sachs, Brasier d’énigmes et autres poèmes
Et tu as traversé la mort
comme en la neige l’oiseau
toujours noir scellant l’issue…
Le temps a dégluti
les adieux que tu lui offris
jusqu’à l’extrême abandon
au bout de tes doigts
Nuit d’yeux
S’immatérialiser
Ellipse, l’air a baigné
la rue des douleurs…
Und du gingst über den Tod
wie der Vogel im Schnee
immer schwarz siegelnd das Ende –
Die Zeit schluckte
was du ihr gabst an Abschied
bis auf das äusserste Verlassen
die Fingerspitzen entlang
Augennacht
Körperlos werden
Die Luft umspülte – eine Ellipse –
die Strasse der Schmerzen –
Nelly Sachs, Brasier d’énigmes et autres poèmes,
traduit de l’allemand par Lionel Richard,
Denoël, 1967, p. 258-259.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nelly sachs, brasier d’énigmes et autres poèmes, le temps, la mort | Facebook |
23/08/2012
Nelly Sachs, Brasier d’énigmes et autres poèmes
Et tu as traversé la mort
comme en la neige l’oiseau
toujours noir scellant l’issue…
Le temps a dégluti
les adieux que tu lui offris
jusqu’à l’extrême abandon
au bout de tes doigts
Nuit d’yeux
S’immatérialiser
Ellipse, l’air a baigné
la rue des douleurs…
Und du gingst über den Tod
wie der Vogel im Schnee
immer schwarz siegelnd das Ende –
Die Zeit schluckte
was du ihr gabst an Abschied
bis auf das äusserste Verlassen
die Fingerspitzen entlang
Augennacht
Körperlos werden
Die Luft umspülte – eine Ellipse –
die Strasse der Schmerzen –
Nelly Sachs, Brasier d’énigmes et autres poèmes, traduit de l’allemand
par Lionel Richard, Denoël, 1967, p. 258-259.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nelly sachs, brasier d’énigmes et autres poèmes, mort | Facebook |
19/01/2012
Nelly Sachs, Brasier d'énigmes et autres poèmes
Dans un paysage
Dans un paysage de musique
dans une langue uniquement de lumière
dans une gloire
que s'est allumé le sang
avec les paroles de la nostalgie,
là-bas où les épidermes,
les yeux, les horizons,
où la main et le pied
ne se distinguent déjà plus,
là-bas où le parfum de santal
déjà flotte malgré l'absence du bois
et où l'haleine continue à construire cet espace
qui n'est que frontières outrepassées...
Ici où le soir de son torchon rouge
excite jusqu'à la mort
le taureau de la vie,
ici s'étend mon ombre
main de nuit
qui possédée de l'esprit noir du chasseur
a tué
l'oiseau rouge du sang.
In einer Landschaft
In einer Landschaft aus Musik,
in einer Sprache nur aus Licht,
in einer Glorie,
die das Blut
sich mit der Sehnsucht Zunge angezündet,
dort wo die Haüte,
Augen, Horizonte,
wo Hand und Fuss
schon ohne Zeichen sind,
dort wo des Sandelbaumes Dufr
schon holzlos schwebt
und Atem baut au jenem Raume weiter,
der nur aus übertretnen Schwellen ist —
Hier wo ein rotes Abendtuch
den Stier des Lebens reizt
bis in den Tod,
hier liegt mein Schatten,
eine Hand der Nacht,
die mit des schwarzen Jägers Jagegeist
des Blutes roten Vogel
angeschossen hat.
Nelly Sachs, Brasier d'énigmes et autres poèmes, édition bilingue, traduit de l'allemand par Lionel Richard, "Les Lettres Nouvelles", Denoël, 1967, p. 103 et 102.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nelly sachs, brasier d'énigmes, paysage | Facebook |