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29/10/2023

Jack Spicer, c'est mon vocabulaire qui m'a fait ça

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Livre I, chapitre I, Le bureau de la lettre morte

 

« Vous ne pouvez pas fermer la porte. Elle est dans le futur », dit l’histoire française alors que cela naissait à Charleville. C’était avant la Guerre Civile et je ne pense pas que même James Buchanan était président.

Il y avait un bureau de la lettre morte dans chaque village français ou ville ou cité de la taille de Paris. Il y en a toujours. Rimbaud était né dans le bureau de poste de Charleville. Il était un grand enfant.

Apollinaire avait l’habitude de jouer au golf pendant que d’autres tiraient à la mitrailleuse. De gros papillons essayaient de le libérer des libéraux minesprits. Mais Rimbaud rampait jusqu’à la page qui le démarquait de ses neveux.

Cela était né.

 

Jack Spicer, Un faux roman sur la vie d’Arthur Rimbaud [posthume], in c’est mon vocabulaire qui m’a fait ça, éditions Le Bleu du Ciel, 2006, p. 216.

16/09/2019

Jacques Réda, Derniers prénoms du vers

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                     Arthur
                     (sursonnet)

Un dimanche, les mains dans les poches, ainsi
Que Cingria l’a vu d’un œil extra-lucide,
Rimbaud rôde à travers Charleville et décide
D’en finir avec tout : il a donné, merci.
Merde au vieux vers latin qui radote et s’oxyde.
Alexandrin n’est plus qu’un pesant proboscide :
Il va vous l’amputer de son pauvre souci
De comptable, et le faire danser, tant de ci
Que de là ; le pousser enfin au suicide.
Puis s’en ira, l’ouvrage fait, toujours ailleurs,
L’abandonnant aux soins d’horribles travailleurs
Désormais sans outil. C’était dans le programme
De la langue : trouver l’acteur assez puissant
Pour incarner le roi tragique d’un tel drame.
Arthur, c’était parfait. Il paya de son sang
Le Graal inaccessible au poète qui brame.

Jacques Réda, Derniers prénoms du vers, dans Catastrophes (revue en ligne), 11 septembre 2019.