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30/04/2019

Pascal Quignard, Les Larmes

                                      Pascal Quignard, "(Le Livre du poète Virgile)", dans Les Larmes, marche, ventre, femme          

      Virgile

 

  Virgile a écrit dans En. VI, 179 : On marche en direction de l’antique forêt qu’on a perdue, jadis, dès l’instant où on s’est agroupé pour tuer en imitant les essaims et ls meutes, en préparant des pièges, en dressant des filets, en entassant des pierres sur les morts, en assemblant des armées pour tuer, en constituant des nations qu’on borne de frontières imaginaires, verbales, brumeuses, impitoyables, terribles.

   En latin : Itur in antiquam silvam.

   Les Francs marchèrent le long du Rhin, le long de la Meuse, le long de la Moselle, le long de la Somme, le long de la Seine, le long de l’Yonne, le long de la Loire, le long de la Garonne.

   On marche vers les cris qu’on a entendus dans le ventre noir des mères jusqu’au jour où on a commencé à se mettre debout et à tituber en direction de ce qu’on interprétait comme des tendres sourires, de ce qu’on découvrait comme des beaux visages aux lèvres peintes qui devenaient comme des leurres sous des grandes chevelures creuses, des grandes robes creuses, comme des lettres étranges, magiques, qui ensorcellent.

(…) 

Pascal Quignard, "(Le Livre du poète Virgile)", dans Les Larmes, Folio / Gallimard, 2016, p. 173-174.

10/06/2018

Geoffrey Squires, Silhouettes

Geoffrey_Squires.jpg   

Eau grise

une petite butte d’arbres

 

à quoi penses-tu on

ne peut pas demander ça

c’est si bien d’être à l’écart de tout le monde

 

le doux champ de son ventre

fragile chaleur d’été

 

juste naturel

 

Grey water

a little spit of trees

 

what are you thinking

not allowed to sak that

how nice to be away from anywhere

 

the soft fiel of her belly

frail summer heat

 

only natural

 

Geofrey Squires, Silhouettes, traduction

François Heusbourg,Unes, 2018, p. 21 et 20.

22/08/2013

Jacques Roubaud, Dors, précédé de Dire la poésie

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dormir

 

dormir

sans que rien

compte

rien vaille

veille

 

———————————————

 

nuit

 

nuit

tu viendrais

 

les lumières

pousseraient

sur les pentes

vidées de jour

 

les feuilles en

seraient sombres

 

———————————————

 

œil,

dans ton

œil

bleu

devient

gris

devient

bleu

dans l'œil

de ton œil

 

———————————————

 

un silence

 

rien

d'autre

 

pas

de branche

parlant

à la fenêtre

 

pas d'œil

à ton ventre

 

gouttes égales.

 

Jacques Roubaud, Dors, précédé de

Dire la poésie, Gallimard, 1981, p. 54-55.