18/12/2022
Peter Gizzi, Et maintenant le noir
L’ingénuité de la vie animale
Loin au fond de l’enzyme gît la forme du foyer.
Loin au fond du code l’architecture où nicher.
Le Rouge-Gorge de son bec collecte boue et branchettes fragments de duvet de de plumes aussi.
La Grouse s’enfouit dans n monde sous la neige en quête de chaleur et d’abri.
Le Corbeau se sert des branches et le casse sous son poids, de son bec, il tapisse son nid de bouts de fourrure et de débris.
L’Oie arrache les plumes du poitrail pour apprêter la chambre.
Long est le chagrin.
Peter Gizzi, Et maintenant le noir, traduction Stéphane Bouquet, Corti, 2022, p. 60.
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17/12/2022
Peter Gizzi, Et maintenant le noir
Empire du dimanche
Les toits parlent
comme la lumière sur
un pano de silence.
Une cacophonie
de formes
débute dans le ciel.
Les gens vivent ici
dans le calme
un jour se dévêt.
Les tons s’éparpillent.
Peter Gizzi, Et maintenant le noir,
traduction Stéphane Bouquet,
Corti, 2022, p. 43.
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03/04/2019
Peter Gizzi, Archéophonies
Tout joli tout beau
Ici il y a de petits animaux
fourrageants et satisfaits
Peut-être est-ce comme ça que cela s’appelle
peut-être l’amour est-il un petit animal fourrageant
entièrement satisfait quand sa bouche ici
quand la fourmi et le soleil et la toison
C’est une drôle de vue
la lueur du soleil et de la toison et une bouche
affairée à la nature
une bouche affairée à se faire fleurir
une beauté à fleurir la bouche
Peter Gizzi, Archéophonies, traduction Stéphane
Bouquet, Corti, 2019, p. 47.
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30/10/2018
Peter Gizzi, Chansons du seuil
Voile grise
Si j’étais un bateau
Je chavirerais sans doute
Si j’étais une prière
Si j’étais une douelle de bouleau
Une barque de bouleau
Si j’étais un bouquin
Je chanterai dans la rue
Seul au milieu du trafic
Si j’étais une toge
Je pourrais être un héros
À la crinière fleurie
Si j’avais un bateau
Je mangerais un sandwich
Dans la lumière étourdissante
Je rendrais des visites
Tel un livre saint
Si j’étais un bateau
Si j’avais une prière
Peter Gizzi, Chansons du seuil, traduction
Sréphane Bouquet, Corti, 2017, p. 30.
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29/04/2017
Peter Gizzi, Chansons du seuil
Micro explosion
Juste une petite chanson avec un soupçon de méchanceté.
Un micro chardon sous la ceinture.
C’est ça, tu vois,
ce pincement au sein du céruléen fabuleux.
Ne t’enfuis pas. Tourne-toi vers l’intérieur
à l’aide de ta maigre force.
C’est le plus constant qui gagne l’aventure.
Ce crieur de loto. Ce pont des soupirs.
Et maintenant que tu es là sois brave.
Vis tous azimuts.
Peter Gizzi, Chansons du seuil, traduit par
Stéphane Bouquet, Corti, 2017, p. 44.
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31/03/2015
Peter Gizzi, L'Externationale ; traduction Stéphane Bouquet
La mémoire humaine est organique
Nous savons que le temps est une vague.
On voit ça dans le gneiss, migmatique
ou autre, tout s’effrite.
Ne désespérez pas.
C’est le message gelé dans les vieilles pierres.
Je suis juste un visiteur de ce monde
un intrus qui se dirige vraiment loin dans la glace.
Moi, me déplaçant sur une vaste étendue d’eau
bien que cela ne soit pas de l’eau peut-être du sel
ou la conscience elle-même
passant pour de l’empathie. Passant pour une vision.
Dotée d’un but la vue fleurit
et tombe en graines et recommence
à être une histoire comme n’importe quelle autre.
Être une historie ouverte et vulnérable
une mesure du temps, un jour, aujourd’hui on pourrait dire
un angle de lumière par exemple.
Examinons le vert. Allons ensemble
voir ce truc instable en devenir
violent et testant la gravité
si naturel dans sa faim.
L’existence organique de la gravité.
La nature organique de l’histoire.
L’histoire naturelle des larmes.
Peter Gizzi, L’Externationale, traduction Stéphane Bouquet,
Cori, 2013, p. 35-36.
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09/04/2013
Peter Gizzi, L'externationale, traduction de Stéphane Bouquet
Samedi et son potentiel festonné
Les visages au contraire de la météo
ne reviennent jamais
peu importe à quel point
ils ressemblent à la pluie
Dans ce théâtre, le temps
n'est pas cruel, juste différent
Ça vous aide ?
Quand le trop large couloir aérien
se calme
les humains s'apaisent
Quand la notion de mythe
ou n'importe quoi de collectif
est défaite par les carillons éoliens
par un doux tintinnabule
Quand l'espoir est ouvert
par un doux tintinnabule
ou une lumière tachetée
criant de joie à la périphérie
Quand la lumière crie de joie
et tachetée fait si plaisir
à un corps au repos
Quand la pensée, ouverte
s'attache pour reposer
sur le front
Quand des brindilles se balançant
juste derrière
la grande vitre de la bibliothèque
font signe, griffent et s'unissent
à une idée de l'histoire
Quand des brindilles griffues
s'unissent à une idée du temps
à une image de l'être
Par exemple être à côté et se muer
être un autre et soi-même
être complet au sein du poème
être soi-même se muant en poème
Peter Gizzi, L'externationale, traduction de Stéphane
Bouquet, "Série américaine", éditions Corti, 2013,
p. 63-64.
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