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23/04/2021

Henri Michaux, Chemins cherchés, chemins perdus, transgressions

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Désensevelissement

 

Étapes sans avant, sans arrière

Le silence des jours de silence

s’ajoute au silence des masses de silence

 

Les mailles du dedans

devenues plus fines, plus fines

filtrant différemment

 

Des affinités changent

 

Le fond de sagesse, même dans l’être le plus brouillon

Le fond de confiance qu’il y a dans le plus méfiant

méditerranée à grands flots m’inonde

 

printemps revenu après été, après automne

par chemin ignoré

préparé autrement

 

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quitter Babylone

 

Henri Michaux, Chemins cherchés, chemins perdus, transgressions, dans Œuvres, III, Pléiade /Gallimard, 2004, p. 1217.

05/03/2017

Pierre Reverdy, Le Gant de crin

 

 

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Je ne connais pas d’exemple d’une œuvre qui ait inspiré moins de confiance à son auteur que la mienne.

Aussi me gardé-je bien de la défendre.

J’accepte ici qu’elle peut n’être qu’un témoin d’impuissance.

 

Le propre de l’image forte est d’être issue du rapprochement spontané de deux réalités très distantes dont l’esprit seul a saisi les rapports.

 

Il n’est que les gens de métier qui se satisfassent de quelque certitude sur leurs facultés.

Mais en poésie les gens de métier sont les médiocres.

 

Si les glaces de verre sont flatteuses pour toi, supprime-les. Ne te regarde pas en dehors mais en dedans, il y a là un sombre miroir sans complaisance.

 

Pierre Reverdy, Le Gant de crin, Plon, 1927, p. 26-27, 34, 44, 105.

 

 

24/01/2017

Robert Marteau, Fleuve sans fin, Journal du Saint-Laurent

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Lundi 13 septembre [1982]

 

On conçoit que des esprits simplistes aient mis leur confiance et leur espoir dans les machines. Il me suffit de regarder la navigation devant moi pour comprendre ce qui peut passer par la tête de bien des gens à propos des progrès de la mécanique conjoint à celui de l’humanité. Surprenants, le vélo, l’automobile, l’avion, l’ordinateur, le satellite, mais nullement admirables. Or le monde fut fait pour l’admiration, c’est-à-dire pour que l’âme pût connaître un miroir où se contempler et reconnaître les signes de sa voie.

 

Robert Marteau, Fleuve sans fin, Journal du Saint-Laurent, Gallimard, 1986, p. 84-85.

 

 

28/10/2015

Paul de Roux, Au jour le jour 5

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   L’approche de la mort peut être vécue dans la confiance — et pas nécessairement dans la peur animale. Des hommes sont morts dans la confiance. Mais cela, c’est l’aboutissement de ce qu’ils ont pensé, senti, vécu antérieurement, dans leur vie de futurs mourants. Nous avons du mal à admettre (et pour cause) que chaque instant de notre vie est décisif. Que c’est maintenant, tout de suite, ici, où que ce soit et dans quelque circonstance que ce soit, qu’il nous appartient de nous éveiller. (Quel autre terme employer ?) Et qu’est-ce que c’est s’éveiller ? « Vie et mort, ce que nous exigeons, c’est la réalité. » (Thoreau, cité par Jaccottet dans Nuages.) La conscience de la réalité est notre éveil, l’aiguiser est notre tâche de chaque instant, car ce n’est que dans l’instant, l’instant même,  qu’il nous échoit de percevoir la réalité,  ce bois couturé de la table, ce ciel nébuleux, le souvenir des morts, n’importe quoi : la réalité.

 

Paul de Roux, Au jour le jour 5, carnets 200O-2005, édition établie et présentée par Gilles Ortlieb, Le bruit du temps, 2014, p. 149-150.