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13/12/2022

Novalis, L'Encyclopédie

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Le caractère de la passion est la démesure — doubles modes de passions — toute passion est fièvre.

 

Secrets de l’art d’utiliser comme formule tout phénomène naturel, toute loi naturelle — ou de   construire l’art sur un mode analogique.

 

Qu’est-ce qu’un auteur ? Un auteur a nécessairement pour but d’être auteur. — On ne saurait considérer la nature au sens habituel du terme comme auteur ou artiste.

 

Les livres sont une variété moderne de l’essence historique — mais d’une très haute importance. Ils ont pris peut-être la place des traditions.

 

Novalis, L’Encyclopédie, traduction Maurice de Gandillac, Les éditions de Minuit, 1966, p. 216, 304, 305, 307.

 

20/10/2022

Ambrose Bierce, Épigrammes

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Un auteur populaire est quelqu’un qui écrit ce que pense le peuple. Le génie les invite à penser autre chose.

 

Chrétiens et chameaux accueillent leurs fardeaux à genoux.

 

La seule distinction que récompense la démocratie est un haut degré de conformité.

 

L’amour est une attention détournée : de la contemplation d’un pêtre on en vient à considérer son rêve.

 

La Jeunesse regarde en avant, car il n’y a rien derrière ; la Vieillesse regarde en arrière, car il n’y a rien devant.

 

On peut se savoir laid, mais il n’existe pas de miroir pour le comprendre.

 

 

Ambrose Bierce, Épigrammes, traduction Thierry Gillybœuf, éditions Allia, 2014, p. 26, 27, 29, 31, 43, 43.

26/11/2016

Claude Dourguin, Points de feu

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   Nos sociétés ont fait des choix idéologiques, plus nombreux que jamais ceux que Nietzsche appelle « les philistins de la culture » — s’entend ceux qui aiment l’art pour son divertissement et/ou l’idée qu’ils se font d’appartenir à une élite.

 L’auteur c’est d’abord, l’étymologie nous le rappelle avec bonheur, celui qui accroît. Certainement pas celui qui « crée » — on se demande d’ailleurs comment et par quelle opération du Saint-Esprit, comme il se disait naguère de manière, heureusement irrévérencieuse. Cette imposture (pleine de prétention) qui nous rebat les oreilles avec les « créateurs » de tous poils est devenue insupportable tant elle prévaut partout.

 L’exigence d’une tâche.

 Virginia Woolf également dénonçait le « I, I, I », la permanence du sujet, du moi dans l’écrit.

 L’impression, parfois, que l’on est parmi les derniers à regarder encore les étoiles du ciel, à se satisfaire de cette contemplation, de ces moments, de leur silence.

 

Claude Dourguin, Points de feu, Corti, 2016, p. 131, 141-142, 153, 155, 157.

13/09/2015

Jules Renard, Journal, 1887-1910

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Il lisait un livre. Il voulait être célèbre comme l’auteur et, pour cela, travailler de l’aube à la nuit ; puis, ayant pris fermement cette résolution, il se levait, allait se promener, faire un tour, souffler.

 

S ! l’inspiration existait, il faudrait ne pas l’attendre ; si elle venait, la chasser comme un chien.

 

La peur de l’ennui est la seule excuse du travail.

 

Amitié, mariage deux êtres qui ne peuvent pas coucher ensemble.

 

La mort des autres nous aide à vivre.

 

Lire toujours plus haut que ce qu’on écrit.

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, édition Léon Guichard et Gilbert Sigaux, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 130, 133, 134, 136, 136, 145.

 

06/09/2015

Pascal Quignard, Petits traités, VIII

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   Pour que les publics et les cours se séparent aux latrines de la niaise ferveur qu’ils vouent aux réputations accréditées, pour que l’autorité que confèrent la force et la monnaie dégénère et s’amenuise, pour que chaque lecteur ne s’attache à son livre que pour sa valeur propre et qu’il ne cherche à épouser que la courte dimension autonome qu’elle introduit dans le monde, la condition est connue depuis des millénaires : il suffit qu’on publie les livres sans porter mention du nom de leur auteur. Alors le défi serait relevé, la guerre serait franche, la compétition plus sanglante, l’enjeu plus absolu, l’attention plus concentrée, l’inscription plus active, la lecture plus passionnante.

 

Pascal Quignard, Petits traités, VIII, Maeght, 1980, p. 103-104.

22/03/2013

Oskar Pastior, poèmepoèmes

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le poème-d'auteur est triple en un c'est un lamento de l'auteur secundo un poème à prétentions généralisatrices tertio un filon pour de multiples sciences rien n'est impersonnel dans le poème-d'auteur est-il dit dans une généralité des plus banales mais la plupart des choses est/sont encore plus spécifique ainsi parle-t-on d'une stéréotypie c'est une sorte de formulaire d'identification reproduit mécaniquement où l'auteur se plaint parce que les symboles biographiques y sont trop réducteurs semble-t-il mais juste après ce manque déconcertant que ce n'est pas l'info tronquée qui le gêne mais au contraire l'impossibilité qu'elle le soit en d'autres termes l'égalité des chances est encore bien précaire opinion très individuelle exprimée par l'auteur c'est une misère puis sans transition suivent des réclamations ludiques au sujet de phytothérapie de loyer de temps ressenti de produit social de gourou d'angoisses et comme alibi quelques tentatives par clins d'œil cognitifs de vendre ça comme modèle d'existence et pour finir trois infinitifs tonitruants le poème-d'auteur est révélateur artisanal et porté en amulette il est décoratif

 

 

Avec moi on ne peut pas discuter est-il dit dans le poème-conversation p rce qu'ainsi y explique-t-on je n'offre ni garantie ni force de persuasion qui t'obligerait à me répondre non dit-on plus loin avec moi bien sûr on peu discuter c'est dans la nature des choses  oi oui c'est bien triste dit-on à propos du dialogue ainsi croyons-nous qu'à force d'aveux nous arrivons ainsi à cerner le thème semble-t-il dit-on mais cela se perd dans la conversation

 

 

Oskar Pastior, poèmepoèmes, trad. de l'allemand et postface d'Alain Jadot, préface de Christian Prigent, éditions NOUS, 2013, p. 36, 72.