23/01/2019
Edoardo Sanguinetti, Corollaire
1.
acrobate (n.m.) est celui qui marche tout en pointe (des pieds) : (tel, du moins,
pour l'étymon): mais ensuite il procède, naturellement, tout en pointe de doigts, aussi,
de mains (et en pointe de fourchette) : et sur sa tête : (et sur les clous,
en fakirant et funambulant) : (et sur les fils tendus entre deux maisons, par les rues
et les places : dans un trapèze, un cirque, un cercle, sur un ciel) :
il voltige sur deux cannes, flexiblement, enfilées dasn deux verres, deux chaussures,
deux gants : (dans la fumée, dans l'air) : pneumatique et somatique, dans le vide
pneumatique : (dans de pneumatiques plastiques, dans des fûts et bouteilles) : et il saute mortellement :
et mortellement (et moralement) il tourne :
(ainsi je tourne et saute, moi, dans ton cœur) :
1.
acrobata (s.m.) è chi cammina tutto in punta (di piedi) : (tale, almeno,
è per l'etimo) : poi procede, però, naturalmente, tutto in punta di dita, anche,
di mani (e in punta di forchetta) : e sopra la sua testa : (e sopra i chiodi,
fachireggiando e funamboleggiando): (e sopra i fili tra due case, per le strade
e le piazze: dentro un trapezio, in un circo, in un cerchio, sopra un cielo):
volteggi su due canne, flessibilmente, infilzate in due bicchieri, in due scarpe,
in due guanti: (dentro il fumo, nell'aria): pneumatico e somatico, dentro il vuoto
pneumatico (dentro pneumatici plastici, dentro botti e bottiglie) : e salta mortalmente:
e mortalmente (e moralmente) ruota:
(cosi mi ruoto e salto, io nel tuo cuore):
Edoardo Sanguinetti, Corollaire, traduit de l'italien par Patrizia Atzei et Benoît Casas, Préface de Jacques Roubaud, NOUS, 2013, p. 13 et 71.
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09/10/2017
Tristan Tzara, De nos oiseaux
Cirque, I
tu fus aussi étoile
l’éléphant sortant de l’affiche
voir un œil énorme d’où les rayons se laissent descendre
en courbes sur terre
qui ne voit que sous la toile
la force musculaire est grave et lente sous la lumière bleuâtre
nous donne la certitude en certains exemples
la précision des gymnastes parfois des clowns
doit attendre ?
la perspective tordant la forme du corps
c’est émouvant dans ces lueurs
loin d’ici
des mains invisibles qui torturent les membres
toutes les taches jaunes aux points d’acier s’approchent
de quelques centimètres du milieu
du cirque
on attend
ce sont des cordes qui pendent en haut
la musique
c’est le directeur du cirque
le directeur du cirque ne veut pas montrer qu’il est content
il est correct
Tristan Tzara, De nos oiseaux, dans Œuvres complètes, I, Flammarion, 1975, p. 183.
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09/05/2015
Jean Daive, Monstrueuse
Une maison basse
en angle dans un parc en fleur
ne dort pas
n’allume rien, la nuit
quelques sons, dedans et dehors
étouffés, résonnent
des bois creux
battent contre des palissades
un homme seul frappe des cuillères
en bois
pour suspendre au-dessus
des jardins en fleur
l’acrobate, l’arlequin, l’écuyère
il remonte le mécanisme d’un conte de fée
autrefois raconté à l’oreille
par une famille qui tourne les tables et les renverse
à transmettre les omissions
Jean Daive, Monstrueuse, Poésie / Flammarion,
2015, p. 128.
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