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24/02/2019

André Spire, Versets

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                       Aux livres

 

Vous m’avez donné mes plus nobles joies,

Combien de fois mes lèvres vous baisèrent !

En vous fermant, chers livres.

 

C’est en vous, semences fragiles,

Que dorment, tout prêts à renaître,

Les frissons des jours enfuis.

 

Oui ! plus que mes parents et bien plus que mes maîtres,

Plus que toutes celles que j’aimai,

Vous m’avez enseigné à regarder le monde.

 

Sans vous, j’aurais passé à travers toutes choses

Sensible seulement aux actions des hommes.

 

Sans vous, j’aurais été un pauvre être barbare,

Aveugle, comme un petit enfant.

 

Vous avez dilaté ma puissance d’aimer,

Aiguisé ma tristesse, et cultivé mon doute.

Par vous, je ne suis plus un être d’un instant.

(…)

 

André Spire, Versets, Mercure de France, 1908, p. 87-88.

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