07/07/2021
André Spire, Poèmes juifs
Jardins
Jardins, jardins, comme j’aimerais
Vos calmes ordonnances,
Si derrière vos arbres taillés je ne sentais
Comme une absence, une éternelle absence.
Si, sans cesse, vos fleurs ne me disaient : Va t’en !
Il y a un désert au pied d’une montagne
Cherche, sans l’y trouver, une voix qui te parle,
Au milieu des épines, dans un buisson ardent. »
André Spire, Poèmes juifs, Albin Michel, 2020 (1908), p. 73.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré spire, poèmes juifs, jardin, désert | Facebook |
15/04/2021
André Spire, Versets
J’écrivais,
Une rose s’est écroulée.
Le mystère, j’en ris !
L’âme de mes grand-mères
Ne vient plus visiter mes antiques armoires !
Je n’ai pas peur, quand je suis seul, même à minuit.
Mais, sur ma page, pourquoi ces feuilles rouges ;
Pourquoi ce parfum lourd, cette chute..., ce trouble,
Et pourquoi mon poème est-il mort tout à coup ?
André Spire, Versets, Mercure de France, 1908, p. 63.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré spire, versets, peur, parfum | Facebook |
24/02/2019
André Spire, Versets
Aux livres
Vous m’avez donné mes plus nobles joies,
Combien de fois mes lèvres vous baisèrent !
En vous fermant, chers livres.
C’est en vous, semences fragiles,
Que dorment, tout prêts à renaître,
Les frissons des jours enfuis.
Oui ! plus que mes parents et bien plus que mes maîtres,
Plus que toutes celles que j’aimai,
Vous m’avez enseigné à regarder le monde.
Sans vous, j’aurais passé à travers toutes choses
Sensible seulement aux actions des hommes.
Sans vous, j’aurais été un pauvre être barbare,
Aveugle, comme un petit enfant.
Vous avez dilaté ma puissance d’aimer,
Aiguisé ma tristesse, et cultivé mon doute.
Par vous, je ne suis plus un être d’un instant.
(…)
André Spire, Versets, Mercure de France, 1908, p. 87-88.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré spire, versets, aux livres, enseigner, société | Facebook |
31/01/2013
André Spire, Le secret
Baisers
Vents, qui avez, tant de fois, caressé mon visage,
Quels baisers, aujourd'hui, m'apportez-vous ?
Sur quels temples, sur quels corps vous êtes-vous caressés au
passage ?
Où avez-vous cueilli ces étranges odeurs,
Ou d'amour, ou de mort ?
Quel rayon aspirant quelles eaux ont formé votre souffle
Pour sécher quelles larmes, quelles mares, quelles routes ?
Vents, qui m'avez si souvent caressé le visage,
Qu'emportez-vous de moi, ce soir bleu pâle et gris,
Et vers autre front,
Mes chagrins ou mes rêves ?
Avril 1914
André Spire, Le secret, éditions de la Nouvelel Revue Française,
1914, p. 109.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré spire, le secret, baisers, le vent | Facebook |