Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/05/2023

Cédric Demangeot, Promenade et guerre

 

Unknown-2.jpeg

 

l’accordée caresse à l’angoisse

 qu’est la peau

 

la paume la paupière pour

apaisement

 

le manteau dévasté de la paix

du détruit

 

la peau ce n’est pas elle

qui parle

 

oh les beaux

animaux de l’effroi

 

: cambrés, cri

blés de balles

 

ignorantes de leur fuselage

 

Cédric Demangeot, Promenade et guerre,

Poésie/Flammarion, 2021, p. 57.

08/02/2020

Antoine Emaz, Peau

           DSC_0004.jpeg

 

Vert, I (31.09.05)

 

on marche dans le jardin

 

il y a peu à dire

 

seulement voir la lumière

sur la haie de fusains

 

un reste de pluie brille

sur les feuilles de lierre

 

rien ne bouge

sauf le corps tout entier

 

une odeur d'eau

la terre acide

 

les feuilles les aiguilles de pin

 

silence

sauf les oiseaux

 

marche lente

le corps se remplit du jardin

sans pensée ni mémoire

 

accord tacite

avec un bout de terre

rien de plus

 

ça ne dure pas

cette sorte de temps

 

on est rejoint

par l'emploi de l'heure

l'à faire

 

le corps se replie

simple support de tête

à nouveau les mots

l'utile

 

on rentre

 

on écrit

ce qui s'est passé

 

il ne s'est rien passé

 

Antoine Emaz, Peau, encres de Djamel Meskache,

éditions Tarabuste, 2008, p. 25-28. © Photo T. Hordé, 2012

30/06/2019

Antoine Emaz, Peau

antoine emaz,peau,jardin,silence,eau

 

Vert, I (31.09.05)

 

on marche dans le jardin

 

il y a peu à dire

 

seulement voir la lumière

sur la haie de fusains

 

un reste de pluie brille

sur les feuilles de lierre

 

rien ne bouge

sauf le corps tout entier

 

une odeur d'eau

la terre acide

 

les feuilles les aiguilles de pin

 

silence

sauf les oiseaux

 

marche lente

le corps se remplit du jardin

sans pensée ni mémoire

 

accord tacite

avec un bout de terre

rien de plus

 

ça ne dure pas

cette sorte de temps

 

on est rejoint

par l'emploi de l'heure

l'à faire

 

le corps se replie

simple support de tête

à nouveau les mots

l'utile

 

on rentre

 

on écrit

ce qui s'est passé

 

il ne s'est rien passé

 

Antoine Emaz, Peau, encres de Djamel Meskache,

éditions Tarabuste, 2008, p. 25-28. Photo Tristan Hordé, mai 2011.

08/03/2019

Antoine Emaz, Peau

A. E., 2007.jpg

 Vert, I (31.09.05)

 

on marche dans le jardin

il y a peu à dire

seulement voir la lumière

sur la haie de fusains

un reste de pluie brille

sur les feuilles de lierre

 

rien ne bouge

sauf le corps tout entier

une odeur d'eau

la terre acide

les feuilles les aiguilles de pin

silence

sauf les oiseaux

marche lente

le corps se remplit du jardin

sans pensée ni mémoire

accord tacite

avec un bout de terre

rien de plus

 

ça ne dure pas

cette sorte de temps

on est rejoint

par l'emploi de l'heure

l'à faire

le corps se replie

simple support de tête

à nouveau les mots

l'utile

 

on rentre

on écrit

ce qui s'est passé

il ne s'est rien passé

 

Antoine Emaz, Peau, encres de Djamel Meskache,

éditions Tarabuste, 2008, p. 25-28.

30/11/2016

Jacques Lèbre, L'immensité du ciel

                                        Jacques-Lebre.jpg

                       Visages

 

Quelles peaux laissons-nous derrière nous

qui gardent encore notre forme exacte

en des époques révolues

dans une ressemblance un peu décalée ?

 

À dix-sept ans de distance dans le temps

et à cent cinquante kilomètres de distance

quelque chose d’un moment ricoche sur l’autre.

 

Visages, pourquoi remontez-vous parfois

du fond de toutes les années mortes ?

Est-ce la vie qui de nouveau vous décompose

quand le présent ne décèle jamais la cause

de votre soudaine et troublante apparition ?

 

Jacques Lèbre, L’immensité du ciel, La Nouvelle

Escampette, 2016, p. 21.

 

28/02/2014

Jean-Louis Giovannoni, Issue de retour

imgres.jpg

   La convocation

 

Ici

On convoque.

 

Ici

Enfin la multitude

Se tient.

 

Combien sont serrés

Dans les rangs

 

Dans la meute.

 

Silence

 

Et cris figés

Dedans.

 

Incapables de monter...

 

Surface.

Bord ultime

Avant poussées

Et déferlement.

 

Tout ce silence

Bruissant sous la clôture.

 

Couvercle dessus

Pour empêcher.

 

Transpire

Bouge

Dois tenir

Parmi.

 

Objets aussi

Sont multitudes

À l'orée

Sans mouvement.

 

Lieu ferme.

 

Bouche avec corps

Chiffons.

 

Ne dois pas

Ne dois pas.

 

Peuple du devant

En lisière.

 

Respire

Une fois sur deux.

 

Pour eux

Soustraits

 

Hors souffle.

 

Sous cette peau tendue.

 

Qui contient

Et retient.

 

Jean-Louis Giovannoni, Issue de retour,

éditions Unes, 2013, p. 43-44.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

05/08/2012

Antoine Emaz, Peau

Antoine Emaz, Peau, solitude

               Seul, 6 (18. 11. 06)

 

Il n'y a pas de bout de la nuit

seulement une maison vide

et silencieuse de tous ses murs

 

on est dedans

 

pas en prison

 

mais dedans

 

et la nuit comme aveugle

tourne en rond

 

les mots piochent piquent

des étoiles

on dira ça comme ça

 

des lumières fermées

 

tension

 

ce silence qui vient de biais si l'on n'agit pas c'est lui qui va emporter la mise la main les mots dans l'ardoise et plus rien

 

pas facile d'aller contre l'aigu du silence dans la maison vide il siffle comme chez lui il sape il pèse ensuite habitué qu'il est du lieu

 

une lame de nuit

 

tension sans l'avoir vue venir — vite glisser — tension — nerfs cordes mais quelle musique grommellement de mots pour rien ce bruit de chien grondant comme pour intimider le silence dessous qui passe

 

continuer à parler — rester dans le blanc de la lampe plutôt que la nuit qui tait la maison tait tout

 

un bruit d'eau presque rassure dans la gouttière

 

on tient à peu

 

[...]

 

Antoine Emaz, Peau, Tarabuste, 2008, p. 113-114.

© Photo Tristan Hordé.

13/12/2011

Antoine Emaz, Peau

424950374-1.jpg

 

Vert, I (31.09.05)

 

on marche dans le jardin


il y a peu à dire


seulement voir la lumière

sur la haie de fusains


un reste de pluie brille

sur les feuilles de lierre

 

rien ne bouge

sauf le corps tout entier


une odeur d'eau

la terre acide


les feuilles les aiguilles de pin


silence

sauf les oiseaux


marche lente

le corps se remplit du jardin

sans pensée ni mémoire


accord tacite

avec un bout de terre

rien de plus

 

ça ne dure pas

cette sorte de temps


on est rejoint

par l'emploi de l'heure

l'à faire


le corps se replie

simple support de tête

à nouveau les mots

l'utile

 

on rentre


on écrit

ce qui s'est passé


il ne s'est rien passé

 

Antoine Emaz, Peau, encres de Djamel Meskache,

éditions Tarabuste, 2008, p. 25-28.

© Photo Tristan Hordé

29/03/2011

Antoine Emaz, Peau

 

antoine emaz,peau,éditons tarabuste

 

 

peser le poids d’une vie

pas plus poète

que n’importe qui d’autre les mots n’aident plus guère

 

les mots les années les livres l’amas tout en tas d’être

 

sous une longue vague de rien une grande goulée d’air on retient son souffle on passe sous la vague sans voir seulement passer dessous traverser le mur d’eau se retrouver après on verra bien après

 

 

parvenir au bout de ce mot seul l’épuiser pour pouvoir dormir on a déjà joué cette partie on connaît ce devant quoi on est sans visage

 

seul rien

 

et pas plus avancé

 

Antoine Emaz, Peau, éditions Tarabuste, 2008, p. 72-73.