08/02/2020
Antoine Emaz, Peau
Vert, I (31.09.05)
on marche dans le jardin
il y a peu à dire
seulement voir la lumière
sur la haie de fusains
un reste de pluie brille
sur les feuilles de lierre
rien ne bouge
sauf le corps tout entier
une odeur d'eau
la terre acide
les feuilles les aiguilles de pin
silence
sauf les oiseaux
marche lente
le corps se remplit du jardin
sans pensée ni mémoire
accord tacite
avec un bout de terre
rien de plus
ça ne dure pas
cette sorte de temps
on est rejoint
par l'emploi de l'heure
l'à faire
le corps se replie
simple support de tête
à nouveau les mots
l'utile
on rentre
on écrit
ce qui s'est passé
il ne s'est rien passé
Antoine Emaz, Peau, encres de Djamel Meskache,
éditions Tarabuste, 2008, p. 25-28. © Photo T. Hordé, 2012
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04/04/2011
André du Bouchet, "Deux traces vertes"
Tal-Coat, Dans le pré
au détour de la
route — sorties de la route — deux traces de roue dans les terres.en novembre deux traces vertes — plus vertes que le vert aujourd’hui de la première levée des semis d’hiver. mais tranchant, là, sur le vert léger étale, ce qui sur cette trace a pu lever l’emporte sur les traces. deux parallèles parties vers le haut se recoupent où le souvenir du tracteur dont les roues sur leur demi-tour auront, en tassant le sol, suscité le surcroît de couleur s’efface dans le versant monochrome.
là-devant, plus d’une fois l’un ou
l’autre — du regard ou sur son pas — a un instant fait halte.
en surplomb le vert — plus vert, là, que le vert, se voit comme retranché du vert.
la trace, elle, en retrait. le vert, sitôt en avant
de la trace.
André du Bouchet, "Deux traces vertes" (Pour Pierre Tal-Coat), dans Orion, éditions Deyrolle, 1993, p. 29-30.
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