04/06/2017
Jacques Lèbre, L'immensité du ciel
Bêtes
Du milieu d’un pré elles s’approchent de la clôture
lorsque nous nous arrêtons pour leur adresser la parole,
dans l'illusion de je ne sais quelle entente,
alors que nos voix ne font jamais, pour elles,
que le petit bruit d'un ruisseau dans l'air
(dans l'eau des voyelles : les galets des consonnes).
Les bêtes aiment ceux qui leur parlent.
Elles écoutent une musique qui n'a pas de sens,
une musique qui crépite comme un feu de paille
(sans doute ce que durent nos vies dans l'éternité).
Du bord d'une clôture, en pleine campagne,
lassées, elles retournent, lentes, au milieu du pré.
Jacques Lèbre, L'Immensité du ciel, La Nouvelle Escampette, 2016, p. 26.
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30/11/2016
Jacques Lèbre, L'immensité du ciel
Visages
Quelles peaux laissons-nous derrière nous
qui gardent encore notre forme exacte
en des époques révolues
dans une ressemblance un peu décalée ?
À dix-sept ans de distance dans le temps
et à cent cinquante kilomètres de distance
quelque chose d’un moment ricoche sur l’autre.
Visages, pourquoi remontez-vous parfois
du fond de toutes les années mortes ?
Est-ce la vie qui de nouveau vous décompose
quand le présent ne décèle jamais la cause
de votre soudaine et troublante apparition ?
Jacques Lèbre, L’immensité du ciel, La Nouvelle
Escampette, 2016, p. 21.
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