12/04/2024
Monique Laederach, Mots sur le bord de l'être
Tous ceux que je porte
au fond de moi,
leurs visages immuables,
immuablement vivants,
et leurs voix,
leurs mots —
Ce sont leurs yeux avec les miens
qui se jettent
sur les toits pour les
degrés d’angle et de chute
jusqu’à l’eau bleue du soir :
un fil ténu, vibrant comme la corde d’un violon,
dont le murmure obstinément,
demeure suspendu
comme toujours
à l’arche allègre de mon sang
vif.
Monique Laederach, Mots sur le bord d’être, dans
La revue de belles-lettres, 2023, 2, p. 51.
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11/04/2024
Monique Laederach, Mots sur le bord de l'être
Quand parlerai-je encore avec amour
alors qu’il flotte comme une sorte de guirlande sucrée
entre la peau et la veille ?
Langue à moitié de musée, striée de rêves obsolètes —
et c’est vrai son piédestal même
n’était qu’erreur et poudre
aux yeux !
Ah ! Laisse ! Oublie !
L’ancien amour non plus
ne réchaufferait mes poignets.
Et maintenant je ferme les yeux
sur son nom,
j’attends seulement
la douceur d’une peau,
d’un souffle,
d’un appel tiède
sur ma nuit.
Et mon noyau resserré
ferait fleur à la bouche
qui me l’offre.
Monique Laederach, Mots sur le bord de l’être, dans
La Revue de belles-lettres, 2023-2, p. 57.
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10/04/2024
Monique Laederach, Cette absolue liberté de parole
Est-ce que j’aime encore ?
Je bouge à peine dans les fils ténus
de ma propre mante,
rongée par les dents de l’oubli,
mensongère assurément — mais qui, encore,
pourrait m’en assigner, qui m’offrirait davantage ?
On disparaît. On n’est plus femme,
juste ce fantôme aux cartes de crédit,
celle qui occupe, ne devrait pas,
un siège dans l’autobus.
Et cette image dedans
de la jeune femme qu’on est encore.
Monique Laederach, Cette absolue liberté de paroles,
dans La Revue de belles-lettres, 2023-2, p. 19.
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26/01/2024
Monique Laederach, Mots sur le bord d'être
Quand parlerai-je encore avec amour
alors qu’il flotte comme une sorte de guirlande sucrée
entre la peau et la veille ?
Langue à moitié de musée,
striée de rêves obsolètes —
et c’est vrai : son piédestal même
n’était qu’erreur et poudre
aux yeux !
Ah ! Laisse ! Oublie !
L’ancien amour non plus
ne réchauffait mes poignets.
Et maintenant je ferme les yeux
sur son nom,
j’attends seulement
la douceur d’une peau,
d’un souffle,
d’un appel tiède
sur ma nuit.
Et mon noyau resserré
ferait fleur à la bouche
qui me l’offre.
Monique Laederach, Mots sur lebord d’être, dans
La revue de belles-lettres, 2023-2, p. 57.
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25/01/2024
Monique Laederach, Cette absolue liberté de parole
XIII
Tout a coulé dans l’innocence.
Tellement imbriqués l’amour la nuit le jour
et ce corps qui voulait bien qui
voulait davantage, n’avait
jamais de satiété véritable –
dans l’innocence et pourtant
la douleur.
L’amour jetant l’angoisse hors de ses gonds,
tirant, jetant et dans des frénésies
tellement aiguisées
que l’amour tu s’est fait amputation.
Alors, parfois, on s’asseyait dans l’herbe,
en restant immobiles,
juste une surface de peau sous le soleil,
à supposer qu’il y ait eu du soleil,,
immobiles dans un temps arrêté,
les précipices de mort à droite à gauche
qu’il fallait voir
qu’il fallait enfin accepter de voir.
Monique Laederach, Cette absolue liberté de
parole, dans La revue de belles-lettres, 2023-2, p. 23.
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