09/09/2021
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes
Pas-hommes
L’oiseau qui aspire aux sommets
vole au ciel.
La demoiselle qui aspire aux sommets
porte des talons hauts.
Lorsque je n’ai pas de chaussures
je vais au marché et j’en achète.
Lorsque quelqu’un n’a pas de nez
il achète de la cire.
Lorsqu’un peuple n’a pas d’âme
il va chez le voisin
et paie pour en acquérir une,
lui, privé d’âme !
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes,
traduction Luda Schnitzer, Pierre Jean Oswald,
1967, p. 63.
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19/09/2020
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes
Sombre
Quand j’en aurai assez de moi
je me jetterai dans le soleil doré,
l’aile bruissante je revêtirai,
je mêlerai le vice et le sacré.
Je suis mort, je suis mort et le sang a coulé
sur l’armure en large torrent.
Je reviens à moi, différent, vous toisant
à nouveau du regard de guerrier.
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes,
Traduction Luda Schnitzer, édition
Pierre Jean Oswald, 1967, p. 61.
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30/04/2020
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes
La Blanchisseuse, 11
Oyez, bonnes gens, oyez !
Gens ouvriers, reprenez vos esprits...
Oyez ! Gens du Pré Chaud —
Ici habite le jeune fille Liberté,
notre belle promise.
Depuis longtemps j’aimais ses yeux,
simples, ouvriers.
Moi, jeune fille russe, moi, la manouvrière
aujourd’hui je vous régale de Liberté !
Bonnes gens ! Bonnes gens ! Il n’y aura plus de mal ni de misère !
Plus de mal ni de misère !
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes, traduction du russe
Luda Schnitzer, Pierre Jean Oswald, 1967, p. 185.
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12/11/2017
Velimir Khlebnikov, La création verbale
L’A. B. C. libéré des entraves
Le Livre Unique
J’ai vu les noirs Védas
Le Coran, l’Évangile,
Les livres des Mongols
Dans leur gaine de soie,
Où se mêlent la poussière des steppes
Et l’odeur forte de crottin.
Faire un bûcher,
Comme les Kalmouks à l’aube,
Et s’y étendre —
De blanches veuves disparurent dans un nuage de fumée,
Pour hâter la venue
Du Livre Unique,
Dont les pages sont de grandes mers,
Frémissant de leurs ailes de papillons bleus ;
Et le fil de soie indiquant
Où s’est suspendu le regard du lecteur
Des fleuves immenses au torrent bleu ;la Volga où, la nuit, on chante Razine,
Le Nil jaune où l’on prie le soleil,
le Yang-Tsé-Kiang comme un purin épais de créatures humaines.
[…]
Velimir Khlebnikov, La création verbale, traduction Catherine Prigent, Christian Bourgois, 1980, p. 21.
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04/05/2013
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes
Des caresses
de seins parmi l'herbe,
vous, tout entière, souffle de chaudes sécheresses,
vous étiez debout, près de l'arbre
et les tresses
tordaient la torsade des torts atroces en toron.
Et les heures bleues
vous enlaçaient de tresses de cuivre.
Leur coulée cuivrée se tord, torride.
Et ton regard — c'est une chaumière
où tournent le rouet deux marâtres — fileuses.
Je vous ai bue à plein verre
durant les heures bleues
lorsque vous regardiez le lointain de fer.
Les pins frappent le bouclier
de leurs aiguilles murmurantes,
clos, les yeux des vieilles ;
et maintenant
m'enserrent, me brûlent les tresses de cuivre.
Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes, traduit du russe et présenté par Luda Schnitzer, Pierre Jean Oswald, 1967, p. 83.
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