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30/03/2017

Étienne de la Boétie, Vers français

 

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Ores je te veux faire un solennel serment,

Non serment qui m’oblige à t’aimer davantage,

Car meshuy je ne puis, mais un vray tesmoignage

A ceulx qui me liront, que j’aime loyaument.

 

C’est pour vray, je vivray, je mourray en t’aimant.

Je jure le hault ciel, du grand Dieu l’heritage,

Je jure encor l’enfer, de Pluton le partage,

Où les parieurs auront quelque jour leur tourment ;

 

Je jure Cupidon, le Dieu pour qui j’endure ;

Son arc, ses traicts, ses yeux & sa trousse je jure :

Je n’aurois jamais fait : je veux bien jurer mieux.

 

J’en jure par la force & pouvoir de tes yeux,

Je jure ta grandeur, ta douceur & ta grâce,

Et ton esprit, l’honneur de ceste terre basse.

 

Étienne de la Boétie, Vers français, dans Œuvres complètes,

II, édition par Louis Desgraves, Conseil général de la

Dordogne/William Blake & Co, 1991, p. 121.

 

 

14/05/2012

Guido Cavalcanti, Rime (traduction Danièle Robert)

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      XIII sonnet

 

   Vous qui par les yeux mon cœur avez percé

et réveillé ma pensée endormie,

voyez combien angoissante est ma vie

qui, soupirante, est par amour brisée.

 

   Et c'est si vaillamment qu'il l'a taillée

que s'en enfuient les esprits affaiblis :

seule survit une forme inouïe,

voix de douleur sous sa loi exhalée.

 

   Cette vertu d'amour        qui m'a vaincu

depuis vos nobles yeux vite s'est mue

et m'a lancé un trait là dans le flanc ;

 

   le premier coup au but est parvenu,

si bien que l'âme est sortie en tremblant,

au côté gauche un cœur mort ayant vu.

 

 

XIII sonetto

 

Voi che per li occhi mi passate 'l core

e destaste la mente che dormia,

guardate a l'angosciosa vita mia

che sospirando la distrugge Amore.

 

E' ven tagliando di si gran valore

che ' deboletti spiriti van via :

campa figura nova, e 'n segnoria

è voce alquanta, che parla dolore.

 

   Quest'è vertù d'Amor,        che m'à disfatto :

da' vostr'occhi presta si mosse,

d'un dardo mi lanciò dal fianco ;

 

   si giunse ritto 'l colpo al primo tratto,

che l'anima tremando si riscosse,

veggendo morte 'l cor nel lato manco.

 

Guido Cavalcanti, Rime, édition bilingue, traduit

de l'italien et annoté par Danièle Robert, éditions

vagabonde, 2012, p. 67 et 66.