14/05/2012
Guido Cavalcanti, Rime (traduction Danièle Robert)
XIII sonnet
Vous qui par les yeux mon cœur avez percé
et réveillé ma pensée endormie,
voyez combien angoissante est ma vie
qui, soupirante, est par amour brisée.
Et c'est si vaillamment qu'il l'a taillée
que s'en enfuient les esprits affaiblis :
seule survit une forme inouïe,
voix de douleur sous sa loi exhalée.
Cette vertu d'amour qui m'a vaincu
depuis vos nobles yeux vite s'est mue
et m'a lancé un trait là dans le flanc ;
le premier coup au but est parvenu,
si bien que l'âme est sortie en tremblant,
au côté gauche un cœur mort ayant vu.
XIII sonetto
Voi che per li occhi mi passate 'l core
e destaste la mente che dormia,
guardate a l'angosciosa vita mia
che sospirando la distrugge Amore.
E' ven tagliando di si gran valore
che ' deboletti spiriti van via :
campa figura nova, e 'n segnoria
è voce alquanta, che parla dolore.
Quest'è vertù d'Amor, che m'à disfatto :
da' vostr'occhi presta si mosse,
d'un dardo mi lanciò dal fianco ;
si giunse ritto 'l colpo al primo tratto,
che l'anima tremando si riscosse,
veggendo morte 'l cor nel lato manco.
Guido Cavalcanti, Rime, édition bilingue, traduit
de l'italien et annoté par Danièle Robert, éditions
vagabonde, 2012, p. 67 et 66.
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