03/10/2021
Wislawa Szymborska, De la mort sans exagérer
Éloge de la mauvaise opinion de soi
Le busard n’a vraiment rien à se reprocher.
Les scrupules sont étrangers à la panthère.
Les piranhas ne doutent jamais de leurs actions.
Le serpent à sonnette s’approuve sans réserve.
Personne n’a jamais vu un chacal repenti.
La sauterelle, l’alligator, la trichine et le taon
Vivent bien comme ils vivent, et en sont très contents.
Un cœur d’orque pèse bien cent kilogrammes, maIS
Sous tpout autre aspect demeure fort léger.
Non, rien de plus bestial
que la conscience tranquille
sur la troisième planète diu Soleil.
Wislawa Szymborska, De la mort sans exagérer, traduction Piotr Kaminski, 2018, p. 173.
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22/09/2017
Jules Renard, Journal, 1887-1910
Elle avait une peur ridicule du ridicule.
On place des éloges comme on place de l’argent, pour qu’ils nous soient rendus avec les intérêts.
Il jouait du piano d’une façon remarquable avec un seul doigt.
La psychologie. Quand on se sert de ce mot-là, on a l’air de siffler des chiens.
Tout est beau. Il faut parler d’un cochon comme d’une fleur.
Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 55, 59, 64, 75, 92.
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30/07/2017
Jules Renard, Journal, 1887-1910
Elle avait une peur ridicule du ridicule.
Malgré l’ininterrompue continuité de nos vices, nous trouvons toujours un petit moment pour mépriser les autres.
On place ses éloges comme on place de l’argent, pour qu’ils nous soient rendus avec des intérêts.
Faire tous les frais de la conversation, c’est encore le meilleur moyen de ne pas s’apercevoir que les autres sont des imbéciles.
La psychologie. Quand on se sert de ce mot-là, on a l ‘air de siffler des chiens.
Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade / Gallimard, 1965, p. 55, 57, 59, 60, 71.
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30/03/2017
Étienne de la Boétie, Vers français
Ores je te veux faire un solennel serment,
Non serment qui m’oblige à t’aimer davantage,
Car meshuy je ne puis, mais un vray tesmoignage
A ceulx qui me liront, que j’aime loyaument.
C’est pour vray, je vivray, je mourray en t’aimant.
Je jure le hault ciel, du grand Dieu l’heritage,
Je jure encor l’enfer, de Pluton le partage,
Où les parieurs auront quelque jour leur tourment ;
Je jure Cupidon, le Dieu pour qui j’endure ;
Son arc, ses traicts, ses yeux & sa trousse je jure :
Je n’aurois jamais fait : je veux bien jurer mieux.
J’en jure par la force & pouvoir de tes yeux,
Je jure ta grandeur, ta douceur & ta grâce,
Et ton esprit, l’honneur de ceste terre basse.
Étienne de la Boétie, Vers français, dans Œuvres complètes,
II, édition par Louis Desgraves, Conseil général de la
Dordogne/William Blake & Co, 1991, p. 121.
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