21/04/2019
Myrto Gondicas, Allures
Allures
1
Main subtile
à la nuque, nœud de vent
et volonté calme, invisiblement pilotée on va
sur un rythme étrange, ourlée de sons
proférés bas, défiant les membres
qui glissent à la proue ; le corps capteur
suit des lancers secrets ; camarade du vide, il trace
sa piste différente et volubile.
Rien
ne pèse, on vire et s’arrête
et repart immédiatement, si l’acte tendre
maniant les ressorts vivants se renouvelle ; l’âme menée
cède alors et tremble, et les pleurs
doucement sourdent.
Myrto Gondicas, Allures, dans Rehauts, n° 43, printemps 2019, p. 74.
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08/02/2017
Andrèas Embirìkos, Oktàna, traduit du grec par Myrto Gondicas et Michel Volkovitch
Archange en septembre clamant dans la nature
Par les douces journées de septembre, quand il ne pleut pas encore, que les bruits sont plus rares qu’en été, le goût des heures plus fort, que dans les jardins s’ouvrent les grenades, que vibrent les tiges des fleurs toutes droites, que les hibiscus flamboyants palpitent dans leur pourpre, tout pareils à des mariés pleins d’assurance qui frappent à l’huis de leurs belles, alors, comme si c’était toujours l’été (car quelle que soit la saison, le désir est toujours estival), les âmes sont dans l’allégresse, et l’Amour, l’archange le plus blond du Paradis, s’exclame pour tous les corps qu’il touche :
Jette tout et dévêts-toi.
Oublie tout ce qui fait peur.
Printemps, hiver ou été —
En tous lieux et à toute heure _
Mon épée vient vers toi.
Andréas Embirìkos, Oktàna, traduit du grec par Myrto Gondicas et Michel Volkovitch, Le Miel des anges, 201, p. 24.
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30/12/2015
Myrto Gondicas, "Sali, lié..."
Sali, lié
lourd soudain d’abîme jeté, crochant
des pieds le sol, on
lutte
trop tard déjà mais là,
impacté, compact
cinglé de pluie oblique et raide
viré cible l’instant d’avant, cueilli
(des catapultes invisibles tirent) :
on s’arc-boute écartant des jambes d’ours
courbette bagarreuse
soudain
s’expulse noir un camail de tripes
les fesses rient ;
du centre où les bras aspirés partent, un lancer d’ondes
gagne les arrières — rachis, trapèzes, nuque
s’étoilent maintenant, minuscules assauts multipliés
trop tard
on tiendra sans savoir combien
tête bue à demi, dos
proliférant
broussaille d’homme
Myrto Gondicas, "Sali, lié...", dans Sarrazine,
n°15, ocotbre 2015, "Une fois".
© Photo Sylvie Cardon
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17/04/2014
Myrto Gondicas, dans Les Carnets d'eucharis
Et l'on veut vivre encore, les vieilles, et l'on
tourne le coin des rues avec au bord
des lèvres l'ombre d'un rire éclos sous
la frange peinte, acajou mauve ou noir vainqueur
des doutes des ans : si, sur
l'arête d'un trottoir, on bronche
bec ouvert sous le ciel clément, la fesse
ivre un peu, balancée rétive
(et la cheville, avec, se tord),
tel vieux souvenir alors émerge
et mord l'âme amollie : cassoulet, amour,
écho de voix pépiant au fond des cours où
dans une odeur de cèdre et de sésame
chaud, avec les cris du loto populaire,
pulse le cœur oublié d'un monde.
Myrto Gondicas, dans Les Carnets d'eucharis, n° 41, en ligne
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