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03/12/2022

Andrea Zanzotto, Idiome

andrea_zanzotto.jpg

     Ascoltando dal

Insiste il dito annichilito sul tasto

in una nota sempre sbagliata

eppure disumanamente giusta

       al di là di ogni esempio azzeccata

Una nota fino a che sangue è il dito

e poi si azzoppa in uno sbagliato

       movimento di trillo

       al di là di ogni esempio

       tuttavia riazzeccato

Un’infinita, irraggiante da tutto, offerta

arriva su quella nota, su quel dito

innervosito, anzi da tempo annichilito,

che vuol farsene carico, dar credito

       a un possibile universale spartito

       riversare da un nastro registrato

       a un altro

       non meno mitico instrumento

Un indirizzo o un’una dichiarazione di mittente

come becco di popicchio insistito

è in quel dito cha batte l’offerta

       sua-unica, da-nulla, che nulla alletta

       e che scavando per sempre in quel tasto

       e sbagliandolo sempre, nella deserta

realtà che per altro come mattina s’affina,

la sua ostinazione contro ogni perché,

il suo per chi per che non mai esauribile

       né esistibile assesta, indovina

 

                   Écoutant

depuis le pré

Sur la touche, le doigt anéanti insiste

sur une note toujours ratée

et pourtant inhumainement juste

       au-delà de tout exemple réussie

Une note, jusqu’à ce que sang soit le doigt,

puis, il s’estropie, en un mouvement

       de trille raté

au-delà de tout exemple

néanmoins reréussi

Rayonnant depuis toute chose, une offre infinie

parvient sur cette note, sur ce doigt

énervé, et d’ailleurs depuis longtemps anéanti,

qui veut la prendre en charge, donner crédit

       à une partition universelle possible,

déverser d’une bande enregistrée

dans une autre

non moins mythique instrument

Une adresse ou une déclaration d’expéditeur

insistante comme bec de pic-vert,

c’est sur ce doigt que tape l’offre,

       sienne-unique, de rien-du-tout, qui n’allèche rien,

       et, toujours creusant sur cette touche,

       et toujours la ratant, dans la déserte

réalité, qui par ailleurs s’affine comme matin,

son obstination contre tout pourquoi,

son inépuisable ni existible pour qui, pour quoi,

       ajuste, devine

 

 Andrea Zanzotto, Idiome, traduction de l’italien, du dialecte haut-trévisan (Vénétie) et préface par Philippe Di Meo, José Corti, 2006, p. 36 et 37.

29/07/2018

Andrea Zanzotto, Idiome

 

                    andrea zanzotto,idiome

 

   Écoutant depuis le pré

 

Sur la touche, le doigt anéanti insiste

sur une note toujours ratée

et pourtant inhumainement juste

  au-delà de tout exemple réussie

Une note, jusqu’à ce que sang soit le doigt,

puis, il s’estropie, en un mouvement

  de trille raté

au-delà de tout exemple

néanmoins reréussi

Rayonnant depuis toute chose, une offre infinie

parvient sur cette note, sur ce doigt

énervé, et d’ailleurs depuis longtemps anéanti,

qui veut la prendre en charge, donner crédit

  à une partition universelle possible,

déverser d’une bande enregistrée

dans une autre

non moins mythique instrument

une adresse ou une déclaration d'expéditeur

insistante comme bec de pic-vert,

c’est sur ce doigt que tape l’offre,

  sienne-unique, de rien-du-tout, qui n’allèche rien,

  et, toujours creusant sur cette touche,

  et toujours la ratant, dans la déserte

réalité, qui par ailleurs s’affine comme matin,

son obstination contre tout pourquoi,

son inépuisable ni existible pour qui, pour quoi,

  ajuste, devine

 

 

Andrea Zanzotto, Idiome, traduction de l’italien, du dialecte haut-trévisan (Vénétie)  et préface par Philippe Di Meo, José Corti, 2006, p. 37.

 

 

 

16/05/2015

Andrea Zanzotto, Idiome, Traduit par Philippe Di Meo

 

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                                         Écoutant depuis le pré

 

Sur la touche, le doigt anéanti insiste

sur une note toujours ratée

et pourtant inhumainement juste

  au-delà de tout exemple réussie

Une note, jusqu’à ce que sang soit le doigt,

puis, il s’estropie, en un mouvement

  de trille raté

au-delà de tout exemple

néanmoins reréussi

Rayonnant depuis toute chose, une offre infinie

parvient sur cette note, sur ce doigt

énervé, et d’ailleurs depuis longtemps anéanti,

qui veut la prendre en charge, donner crédit

  à une partition universelle possible,

déverser d’une bande enregistrée

dans une autre

non moins mythique instrument

Une adresse ou une déclaration d'expéditeur

insistante comme bec de pic-vert,

c’est sur ce doigt que tape l’offre,

  sienne-unique, de rien-du-tout, qui n’allèche rien,

  et, toujours creusant sur cette touche,

  et toujours la ratant, dans la déserte

réalité, qui par ailleurs s’affine comme matin,

son obstination contre tout pourquoi,

son inépuisable ni existible pour qui, pour quoi,

  ajuste, devine

 

 

Ascoltando dal prato

 

Insiste il dito annichilito sul tasto

in una nota sempre sbagliata

eppure disumanamente giusta

  al di là di ogni esempio azzeccata

Una nota fino a che sangue è il dito

e poi si azzoppa in uno sbagliato

  movimento di trillo

  al di là di ogni esempio

  tuttavia riazzeccato

Un’infinita, irraggiante da tutto, offerta

arriva su quella nota, su quel dito

innervosito, anzi da tempo annichilito,

che vuol farsene carico, dar credito

  a un possibile universale spartito

  riversare da un nastro registrato

  a un altro

  non meno mitico instrumento

Un indirizzo o un’una dichiarazione di mittente

come becco di popicchio insistito

è in quel dito cha batte l’offerta

  sua-unica, da-nulla, che nulla alletta

  e che scavando per sempre in quel tasto

  e sbagliandolo sempre, nella deserta

realtà che per altro come mattina s’affina,

la sua ostinazione contro ogni perché,

il suo per chi per che non mai esauribile

  né esistibile assesta, indovina

 

 

Andrea Zanzotto, Idiome, traduction de l’italien, du dialecte haut-trévisan (Vénétie)  et préface par Philippe Di Meo, José Corti, 2006, p. 36 et 37.

23/02/2015

Andrea Zanzotto, Idiome, traduction Philippe Di Meo

zanzotto_andrea_poesie_e_prose_scelte--400x300.jpg

                    Petits métiers

 

Comment puis-je oser

vous appeler ici, vous faire signe de la main.

Une main qui n'est plus que son ombre

avare et mesquine,

et d’ailleurs une serre, mais tendre comme de la mie de pain.

Et pourtant, quelque chose maintenant la soutient,

je ne sais s’il s’agit d’une crampe ou d’une force :

pour autant qu’elle vaille, elle est toute vôtre,

vous lui donnez-lui la force de vous appeler.

Donnez-lui une plume qui ne se torde,

faites que sa pointe ne trébuche sur la feuille.

Il me semble n’avoir rien à écrire

pour commencer ce télex

qui doit tout le néant traverser

(la brûlante difficulté

qui brûle comme soufre,

qui corrode, étourdit.)

Mais j’essaierai de suivre la trace, au moins, d’un amour —

en dehors, là dans l’obscurité

profonde des prés du passé.

Ainsi

.....................................

[                                          ]

 

Ainsi sous la cheminée presque éteinte,

si un garçonnet regardait

à travers cette minuscule petite fenêtre aveugle

vers le soir encore claire

parmi la suie

(ah quel beau bleu, quel argent,

quels frissons d’hiver éblouissants

de neige et de lumière à cette petite fenêtre) :

qui passait donc, qui frappait

sur cette vitre, et disparaissait

je ne sais si boitant ou dansant ;

grands-mères, était-ce eux tous, les gens de votre temps

avec leur faim de chicorées, avec leur soif

de piquette, avec des travaux qui

leur avaient tordu toute la figure

jusqu’à presque en modifier la nature ?

Mais avec moi, garçonnet, quels joyeux lurons

et que de bonne humeur, et toujours bons...

Et je les vois, me semble-t-il, faire turlututu

cligner de l’œil dans ma direction, rire subtilement, puis me   dire  salut...

 

Andrea Zanzotto, Idiome, traduit de l’italien, du dialecte haut-trévisan et présenté par Philippe Di Meo, Corti, 2006, p. 145, 147 et 149.

12/10/2014

Andrea Zanzotto, Idiome, traduction Philippe Di Meo

            imgres.jpg

                             Petits métiers

 

Comment puis-je oser

vous appeler ici, vous faire signe de la main.

Une main qui n'est plus que son ombre

avare et mesquine

et d'ailleurs une serre, mais tendre comme de la mie de pain.

Et pourtant, quelque chose maintenant la soutient,

e ne sais s'il s'agit d'une crampe ou d'une force ;

pour autant qu'elle vaille elle est toute vôtre,

et vous donnez-lui la force de vous appeler.

Donnez-lui une plume qui ne se torde,

faites que sa pointe ne trébuche sur la feuille.

Il me semble n'avoir rien à écrire

pour commencer ce télex

qui doit tout le néant traverser

(la brûlante difficulté qui brule comme soufre,

qui corrode, étourdit. )

Mais j'essaierai de suivre la trace, au moins, d'un amour —

en dehors, là dans l'obscurit&

profonde des prés du passé.

Ainsi

............................................................

 [...]

 

 

                                 Mistieròi

 

Come elo che posse 'ver corajo

de ciomarve qua, de farve segno co la man.

No man che no l'é pi de la só ombria

cagnina e caía.

anzhi 'na sgrifa, ma tèndra 'fa molena.

Epuro ades calcossa la tien sú.

no so se 'n sgranf o se 'na forzha ;

par quel che l'é, la é tuta vostra,

e voi dèghe l'polso par ciamarve.

Dèghe 'na pena che no la sa schinche,

fè che la ponta sul sfój no la se inciónpe.

Me par de no 'ver gnent da méter-dó

par scuminzhiar 'sto telex

che tut al gnent bisogna che 'l traverse

(tut al gran seramént

che 'l brusa come solfer

che l'incaróla e l'intrunis).

Ma proarò la trazha, almanco, de 'n amor —

fora par là inte 'l scur

orbo dei pra del passà.

Cussì

..................................................

[...]

 

Andrea Zanzotto, Idiome, traduit et présenté par Philippe Di Meo, Corti, 2006, p. 145-147 et 144-146.

10/07/2014

Andrea Zanzotto, Idiome

      imgres-2.jpg

                      Des gens

 

Des gens — comme tant d'autres gens —

....................................................................

   Peut-être est-ce ce pourquoi j'ai toujours peine

   et mal voulu partir,

   à cause du bienheureux sans-gêne d'une certaine vertu

   bien à toi qui en non violence tisse

   et retisse des quotidiennetés —

   de par elle-même, elle donne tant d'autres biens

   d'accueil et de douceur

   réciproque, sans exclure la fermeté —

même si parmi de légères distractions

réciproques, indifférences croisées,

caillots de petites affaires et mafias —

et puis une petite volonté

poisseuse de ne pas regarder trop loin,

une bonhomie quelquefois somnolente

 

Pensant à de telles choses je me découvre

parfois complètement seul, je sens

que j'omets beaucoup, ne pouvant

ni ne sachant en dire davantage

mais ensuite je me libère,

avec un peu d'effroi, un peu de joie

qui //et je me coule dans la juste

existence, un parmi le grand nombre d'ici.

Je me libère : et je vois un papier qui va

vers le nord, dans le vent, vers la nuit.

 

Et parfois, m'éblouit un pré

derrière une vieille maison oublié,

solitaire, feignant l'indifférence ou

une légère ou une pâlichonne distraction

 

mais peut-être souffre-t-il, peut-être est-il seulement

   un paradis

 

 

 Genti

 

Gente — come tante altre genti —

............................................................

Forse è per questo che ho sempre stentato

e malvoluto partire,

per l'invadenza beata di una certa tua virtù

che in nonviolenza tesse

e ritesse quotidianità —

essa di per sé dona tanti altri beni

di accoglienza e dolcezza

reciproca, né esclude la fermezza —

pur se tra lievi distrazioni

reciproche, indifferenze incrociate

coaguli di minimi affari e mafie —

e poi una piccola appiccicosa

volontà di non guardar troppo lontano

una bonarietà qualche volta sonnolenta

 

Mi scopro talvolta del tutto solo

pensando a tali cose, sento di

omettere molto, di non poter

né saper dire di più,

ma poi mi libero,

con un po'di sgomento un po'di gioia

che //e mi adagio nel giusto

essere uno coi tanti di qui.

Mi libero : e vedo une carta che va

verso nord, nel vento, verso la notte.

 

E talvolta mi abbacina un prato

dimenticato dietro una casa antica,

solitario, che finge indifferenza o

lieve o smunta distrazione

 

ma forse soffre, forse è soltanto

un paradiso

 

Andrea Zanzotto, Idiome, traduit de l'italien, du dialecte

haut-trévisan (Vénétie) et présenté par Philippe Di Meo,

José Corti, 2006, p. 33 et 35, 32 et 34.

 

 

26/08/2012

Andrea Zanzotto, Idiome, traduction par Philippe Di Meo

3978848536.jpg

   Écoutant depuis le pré

 

Sur la touche, le doigt anéanti insiste

sur une note toujours ratée

et pourtant inhumainement juste

  au-delà de tout exemple réussie

Une note, jusqu’à ce que sang soit le doigt,

puis, il s’estropie, en un mouvement

  de trille raté

au-delà de tout exemple

néanmoins reréussi

Rayonnant depuis toute chose, une offre infinie

parvient sur cette note, sur ce doigt

énervé, et d’ailleurs depuis longtemps anéanti,

qui veut la prendre en charge, donner crédit

  à une partition universelle possible,

déverser d’une bande enregistrée

dans une autre

non moins mythique instrument

Une adresse ou une déclaration d'expéditeur

insistante comme bec de pic-vert,

c’est sur ce doigt que tape l’offre,

  sienne-unique, de rien-du-tout, qui n’allèche rien,

  et, toujours creusant sur cette touche,

  et toujours la ratant, dans la déserte

réalité, qui par ailleurs s’affine comme matin,

son obstination contre tout pourquoi,

son inépuisable ni existible pour qui, pour quoi,

  ajuste, devine

 

 

Ascoltando dal prato

 

Insiste il dito annichilito sul tasto

in una nota sempre sbagliata

eppure disumanamente giusta

  al di là di ogni esempio azzeccata

Una nota fino a che sangue è il dito

e poi si azzoppa in uno sbagliato

  movimento di trillo

  al di là di ogni esempio

  tuttavia riazzeccato

Un’infinita, irraggiante da tutto, offerta

arriva su quella nota, su quel dito

innervosito, anzi da tempo annichilito,

che vuol farsene carico, dar credito

  a un possibile universale spartito

  riversare da un nastro registrato

  a un altro

  non meno mitico instrumento

Un indirizzo o un’una dichiarazione di mittente

come becco di popicchio insistito

è in quel dito cha batte l’offerta

  sua-unica, da-nulla, che nulla alletta

  e che scavando per sempre in quel tasto

  e sbagliandolo sempre, nella deserta

realtà che per altro come mattina s’affina,

la sua ostinazione contro ogni perché,

il suo per chi per che non mai esauribile

  né esistibile assesta, indovina

 

 

Andrea Zanzotto, Idiome, traduction de l’italien, du dialecte haut-trévisan (Vénétie)  et préface par Philippe Di Meo, José Corti, 2006, p. 36 et 37.