09/12/2021
Camille Loivier, éparpillements
je suis dans la maison des rêves tant
de gens rêvent d’une maison de s’y maintenir
ils passent des années à la réparer à
l’aménager parfois toute une vie si bien
qu’à la fin chaque pièce est pleine à craquer
et le jardin laisse à peine plus de liberté
alors à ce moment-là on s’arrête
(la maison explose)
la main exposée
l’araignée à longues pattes qui grimpe sur le mur
en plein milieu n’est pas craintive elle est
chez elle sans nul doute fine et jeune
la maison file au bout de ses pattes
il n’y a personne à l’intérieur
Camille Loivier, éparpillements, isabelle sauvage,
2017, p. 71.
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26/09/2017
Camille Olivier, éparpillements
Cahier 2
chacun va d’une maison à l’autre
de ses parents à soi-même parents
le fil électrique bouge
il y a du vent
se soulèvent les hirondelles
une maison est retranchement
endroit de repos sans oscillation
plus de relations coupées
(enfin on a remis mon carillon à onze heures
du matin vous vous rendez compte quelle honte)
et quand je sors retrouvant le mouvement
entre deux points
les animaux viennent à ma rencontre
pas seulement les veaux bruns aux yeux ronds
mais le faon, mais le pinson
viennent à ma rencontre
pour que je revienne sauvage aussitôt
on m’a mise dans la maison des rêves
mais ce n’était pas le bon moment
et je souffrais comme une bête
une bête folle se cogne contre la vitre
va vers la lumière
on pourrait tout imaginer et
on ne pourrait rien faire
pas même laver un carreau
pas même nettoyer une porte
tu délimitais les parterres faisant le tour
et le centre était envahi d’herbes hautes
Camille Loivier, éparpillements, isabelle sauvage,
2017, p. 61-62.
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26/06/2017
Camille Loivier, éparpillements
Cahier 1
[…]
je suis le minotaure à qui on sacrifie l’enfance
au coin il y a un corps que je vais piétiner
avec le lierre en boule et la glycine
la maison disparaît et s’alourdit
des sortes d’ailes poussent pour s’éloigner de soi
s’enfonce dans ce qui se déforme
des parties s’imbriquent dans les autres
des morceaux s’enjambent puis se fondent
une cicatrice apparaît
au coin se perd
une encoche rappelle
— une prairie et trois buses en cercle dans le ciel planent —
Camille Loivier, éparpillements, isabelle sauvage, 2017, p. 43.
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