05/06/2019
Jorge Luis Borges, Éloge de l'ombre
Labyrinthe
De porte, nulle part, jamais. Tu es dedans
Et l'alcazar embrasse l'univers
Et il n'a point d'avers ni de revers.
Point de mur extérieur ni de centre secret.
N'espère pas que la rigueur de ton chemin
Qui obstinément bifurque sur un autre
Qui obstinément bifurque sur un autre
Puisse jamais finir. De fer est ton destin
Comme ton juge. N'attends point la charge
De cet homme taureau dont l'étrange
forme plurielle épouvante ces rêts
Tissés d'interminable pierre.
Il n'existe pas. N'attends rien. Pas même
Au cœur du crépuscule noir, la bête.
Jorge Luis Borges, Éloge de l'ombre, dans Œuvres complètes II,
traduction Jean Pierre Bernès et Nestor Ibarra,
Pléiade, Gallimard, 1999, p. 161.
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26/06/2017
Camille Loivier, éparpillements
Cahier 1
[…]
je suis le minotaure à qui on sacrifie l’enfance
au coin il y a un corps que je vais piétiner
avec le lierre en boule et la glycine
la maison disparaît et s’alourdit
des sortes d’ailes poussent pour s’éloigner de soi
s’enfonce dans ce qui se déforme
des parties s’imbriquent dans les autres
des morceaux s’enjambent puis se fondent
une cicatrice apparaît
au coin se perd
une encoche rappelle
— une prairie et trois buses en cercle dans le ciel planent —
Camille Loivier, éparpillements, isabelle sauvage, 2017, p. 43.
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