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05/11/2023

Jules Renard, Journal, 1887-1910

 

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Se défier des principes qui rapportent beaucoup d’argent.

Ma peur, quand je marche derrière une femme, qu’elle s’imagine que je la suis.

Un jeune qui n’a pas de talent, c’est un vieux.

Ils sont encore chrétiens parce qu’ils croient que leur religion excuse tout.

On s’habitue à n’être jamais malade.

Rongé de modestie.

 

Jules Renard, Journal, 1887-1910, Pléiade/Gallimard, 1965,

p. 1111, 1112, 1112, 1117, 1121, 1129.

07/01/2016

Gustave Courbet : pourquoi refuser la Légion d'honneur

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au ministre des Beaux-Arts

   [...]

   Mes opinions de citoyen s’opposent à ce que j’accepte une distinction qui relève essentiellement de l’ordre monarchique. Cette décoration de la Légion d’honneur, que vous avez stipulée en mon absence et pour moi, mes principes la repoussent. En aucun temps, en aucun cas, pour aucune raison, je ne l’aurais acceptée. Bien moins le ferai-je aujourd’hui que les trahisons se multiplient de toutes parts, et que la conscience humaine s’attriste de tant de palinodies intéressées. L’honneur n’est ni dans un titre, ni dans un ruban : il est dans les actes et dans le mobile des actes. Le respect de soi-même et de ses idées en constitue la majeure part. Je m’honore en restant fidèle aux principes de toute ma vie : si je les désertais, je quitterais l’honneur pour en prendre le signe.

     Mon sentiment d’artiste ne s’oppose pas moins à ce que j’accepte une récompense qui m’est octroyée par la main de l’État. L’État est incompétent en matière d’art. Quand il entreprend de récompenser, il usurpe sur le droit public. Son intervention est toute démoralisante, funeste à l’artiste, qu’elle abuse sur sa propre valeur, funeste à l’art, qu’elle enferme dans des convenances officielles et qu’elle condamne à la plus stérile médiocrité. La sagesse pour lui est de s’abstenir. Le jour où il nous aura laissés libres, il aura rempli vis-à-vis de nous tous ses devoirs.

   Souffrez donc, Monsieur le Ministre, que je décline l’honneur que vous avez cru me faire. J’ai cinquante ans , et j’ai toujours vécu libre. Laissez-moi terminer mon existence libre ; quand je serai mort, il faudra qu’on dise de moi : « Celui-là n’a jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n’est le régime de la liberté ! »

 

Gustave Courbet, Lettre du 23 juin 1870 au Ministre des Beaux-Arts.