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11/05/2023

Franco Fortini, Feuille de route

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        À une ouvrière milanaise

 

Toute détruite, née toute nouvelle ;

Pierres déchirées sans pitié,

Ressurgie pour toi, devenue

Toute à nous, cette ville.

 

Ensevelie et rien qu’esprit est la mère tremblante

Qui nous angoissa asservis de baisers.

Et douloureusement en doigts de flamme l’amante

Efface ces signes tenaces.

 

Mais ici où entre être et non-être hésite

Prisonnière en elle-même notre figure,

Libérée tu apportes la justice certaine

Qui connaît les vivants et les morts.

 

Et te regardant s’humilie en nous un triste

Esclave tyran et l’espérance est entière :

Dans les matins mon peuple debout

Attend la grande sirène.

 

Franco Fortini, Feuille de toute, traduction Giulia

Camin et Benoît Casas, NOUS, 2023, . p. 17.

17/12/2017

Joseph Joubert, Carnets, I

 

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  Le seul moyen d'avoir des amis, c'est de tout jeter par les fenêtres, de n'enfermer rien et de ne jamais savoir où l'on couchera le soir.

 

   On ne devrait écrire ce qu'on sent qu'après un long repos de l'âme. Il ne faut pas s'exprimer comme on sent, mais comme on se souvient.

 

   Enseigner, c'est apprendre deux fois.

 

   Ceux qui n'ont à s'occuper ni de leurs plaisirs ni de leurs besoins sont à plaindre.

 

   Les enfants veulent toujours regarder derrière les miroirs.

 

   Aux médiocres il faut des livres médiocres.

 

   Les uns disent bâton merdeux, les autres fagot d'épines.

 

   L'un aime à dire ce qu'il sait, l'autre à dire ce qu'il pense.

 

   Évitez d'acheter un livre fermé.

 

   Ce monde me paraît un tourbillon habité par un peuple à qui la tête tourne.

 

Joseph Joubert, Carnets, I, textes recueillis par André Beaunier, avant-propos de J.P. Corsetti, préface de Mme A. Beaunier et A. Bellesort, Gallimard, 1994 [1938], p. 73, 79, 143, 143, 161, 165, 172, 176, 183, 183, 211.

10/03/2013

Antoine Emaz, Jours / Tage

Antoine Emaz.jpg

21. 06. 07

 

Le monde tourne

meule

broie

 

sang

tous ces jours

 

drapeaux

ou pas

 

impasse

 

il n'y a pas de dernier mot

 

on écrase

on force au silence

 

un peuple se tait

 

mais par les bords

revient une lutte de rien

orientée mort

 

et là plus personne ne peut

 

du temps

des morts

 

au bout du temps des morts

on finira bien par

se mettre à table

 

c'est trop lent

trop cher payé

pour une vie sans histoire

 

21. 06. 07

 

die Welt dreht sich

mahlt

zermalmt

 

Blut

jeden Tag

 

Fahnen

oder nicht

 

Sackgasse

 

es gibt kein letztes Wort

 

man erdrückt

man zwingt zum Schweigen

 

ein Volk verstummt

 

aber von der Rändem her

kehrt ein Kampf um nichts wieder

auf den Tod ausgerichtet

 

und da kann neimand meht

 

zur zeit

der Toten

 

am Ende der Zeit der Toten

wird man sich schließlich

an einen Tisch setzen

 

das ist zu langsam

zu teuer bezahlt

für ein einfaches Leben

 

Antoine Emaz,  Jours / Tage, traduction

Anne-Sophie Petit et Rüdiger Fischer,

en Forêt, Im Wald, 2009, p. 44-47.

© Photo Tristan Hordé