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09/12/2016

Paul Auster, Disparitions

 

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       Nonterre

 

                 I

 

Accompagnant tes cendres, à peine

écrites, effaçant

l’ode, les racines avivées, l’œil

autre — de leurs mains gauches, ils t’ont traîné

dans la ville, t’ont serré

dans ce grand nœud de jargon, et ne t’ont rien

donné. Ton encre a appris

la violence du mur. Banni,

mais toujours au cœur

d’un calme fraternisant, tu retournes les pierres

d’une invisible terre, et rends douce ta place

parmi les loups. Chaque syllabe

est entreprise de sabotage.

 

Paul Auster, Disparitions, traduction Danièle Robert,

Babel, 2008 [Actes Sud 1994], p. 17.

 

 

25/10/2014

Paul Auster, Dans la tourmente, dans Disparitions

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En mémoire de moi

 

Simplement m'être arrêté.

 

Comme si je pouvais commencer

là où ma voix s'est arrêtée, moi-même

le son d'un mot

 

que je ne peux prononcer.

 

Tant de silence

à faire naître

dans cette chair pensive, battement

de tambour des mots

au-dedans, tant de mots

 

perdus dans le vaste monde

au-dedans de moi, et de ce fait avoir compris

que malgré moi

 

je suis là.

 

Comme si c'était le monde.

 

Paul Auster, Dans la tourmente, dans Disparitions, traduit

par Danièle Robert, Babel, 2008 (éditions Unes/ActesSud, 1994), p. 158.