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12/11/2017

Christine de Pisan, Cent ballades d'amant et de dame

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Cent ballades d’amant et de dame,

XX, La Dame

 

Se j’estoie bien certaine

Que tout vostre cuer fust mien,

Et sans pensée vilaine

M’amissiez, je vous dy bien,

Que tant vous vueil ja de bien,

Que m’amour vostre seroit,

N’autre jamais ne l’aroit.

 

Mais mains hmmes, par grant peine,

Faont accroire, et n’en est rien,

Qu’ils ayment d’amour certaine

Les dames, et par maintien

Faulx, font tant qu’on leur dit : « Tien

Mon cuer qui tien est de droit,

N’autre jamais ne l’aroit ».

 

Par quoy s’ainsi amour vaine

M’avugloit, sur toute rien

Me seroit douleur grevaine,

Mais s’estiez en tel lien

Comme vous dictes, je tien

Que mon penser s’i donroit,

N’autre jamais ne l’aroit.

 

Le cuer dit : « Je vous retien ».

Mais Doubtance y met du sien,

Mon vueil point ne vous lairoit

N’autre jamais ne l’aroit.

 

Christine de Pisan, Cent ballades d’amant

et de dame, 10/18, 1982, p. 51.

 

 

 

 

 

11/06/2016

Ana Tot, méca

je suis dupe. Mon regard a beau pivoter à cent quatre-vingt degrés de gauche à droite de bas en haut je suis dupe. Je ne sens pas que je suis dupe. Si je pouvais sentir la duperie dont je suis l’objet je ne serais pas dupe. Je ne sais pas que je suis dupe. Si je pouvais savoir la duperie dont je suis l’objet je ne serais pas dupe. Non seulement j’ignore ce qui me dupe mais j’ignore même si je le suis. Dupe. Je suis dupe. Simplement je suis dupe. Si je pouvais savoir, savoir simplement que je suis dupe sans pour autant évidemment savoir d’où vient la duperie ni ce qu’elle est, il va sans dire, sous peine d’y mettre un terme, et sans pour autant cesser d’être dupe, ah, si seulement ! je pourrais jouir alors d’être dupe. Mais je suis dupe et c’est à peine si une vague et vaine caresse de satisfaction

 

                                   (m’effleure)

 

Ana Tot, méca, Le Cadran ligné, 2016, p. 11.

Le Cadran ligné, éditions fondées par Laurent Albarracin :

Le Mayne, 19700, Saint-Clément

29/07/2015

Marie Stuart, Sonnets

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Vous la croyez : las ! trop je l’aperçoi,

Et vous doutez de ma ferme constance.

Ô mon seul bien et ma seule espérance,

Et ne vous peux assurer de ma foi.

 

Vous m’estimez légère, je le voi,

Et si, n’avez en moi nulle assurance,

Et soupçonnez mon cœur sans apparence,

Vous défiant à trop grand tort de moi.

 

Vous ignorez l’amour que je vous porte,

Vous soupçonnez qu’autre amour me transporte,

Vous estimez mes paroles du vent,

 

Vous dépeignez de cire mon las cœur,

Vous me pensez femme sans jugement,

Et tout cela augmente mon ardeur.

 

Marie Stuart, Sonnets, Arléa, 2003, np.