30/11/2023
Louis Aragon, En étrange pays dans mon pays lui-même
Marguerite
Ici repose un cœur en tout pareil au temps
Qui meurt à chaque instant de l’instant qui commence
Et qui se consumant de sa propre romance
Ne se tait que pour mieux entendre qu’il attend
Rien n’a pu l’apaiser jamais ce cœur battant
Qui n’a connu du ciel qu’une longue apparence
Et qui n’aura vécu sur la terre de France
Que juste assez pour croire au retour du printemps
Avait-elle épuisé l’eau pure des souffrances
Sommeil ou retrouvé des rêves de vingt ans
Qu’elle s’est endormie avec indifférence
Qu’elle ne m’attend plus et non plus ne m’entend
Lui murmurer les mots secrets de l’espérance
Ici repose enfin celle que j’aimais tant
Aragon, En étrange pays dans mon pays lui-même, dans
Œuvres poétiques complètes, I, édition dirigée par
Olivier Barbarant, Pléiade/Gallimard, 2007, p. 891.
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01/08/2016
Guillaume Apollinaire, La tzigane
La tzigane
La tzigane savait d’avance
Nos deux vies barrées par les nuits
Nous lui dîmes adieu et puis
De ce puits sortit l’Espérance
L’amour lourd comme un ours privé
Danse debout quand nous voulûmes
Et l’oiseau bleu perdit ses plumes
Et les mendiants leurs Ave
On sait très bien que l’on se damne
Mais l’espoir d’aimer en chemin
Nous fait penser main dans la main
À ce qu’a prédit la tzigane
Guillaume Apollinaire, Alcools, dans
Œuvres poétiques, édition M. Adéma et
M. Décaudin, Pléiade / Gallimard,
1967, p. 99.
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29/07/2015
Marie Stuart, Sonnets
Vous la croyez : las ! trop je l’aperçoi,
Et vous doutez de ma ferme constance.
Ô mon seul bien et ma seule espérance,
Et ne vous peux assurer de ma foi.
Vous m’estimez légère, je le voi,
Et si, n’avez en moi nulle assurance,
Et soupçonnez mon cœur sans apparence,
Vous défiant à trop grand tort de moi.
Vous ignorez l’amour que je vous porte,
Vous soupçonnez qu’autre amour me transporte,
Vous estimez mes paroles du vent,
Vous dépeignez de cire mon las cœur,
Vous me pensez femme sans jugement,
Et tout cela augmente mon ardeur.
Marie Stuart, Sonnets, Arléa, 2003, np.
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