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11/04/2020

Jean de Sponde, Les Amours

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 XI

 

Tous mes propos jadis ne vous faisoient instance

Que de l’ardent amour dont j’estois embrazé :

Mais depuis que vostre œil sur moy s’est appaisé

Je ne vous puis parler rien que de ma constance.

 

L’Amour mesme de qui j’esprouve l’assistance,

Qui sçait combien l’esprit de l’homme est fort aisé

D’aller aux changements, se tient comme abusé

Voyant qu’en vous aimant j’aime sans repentance.

 

Il s’en remonstre assez qui bruslent vivement,

Mais la fin de leur feu, qui va se consommant,

N’est qu’un brin de fumée et qu’un morceau de cendre.

 

Je laisse ces amans croupir en leurs humeurs

Et me tient pour content, s’il vous plaist de comprendre

Que mon feu ne sçaurait mourir si je meurs.

 

Jean de Sponde, Les Amours, dans Œuvres littéraires,

Droz, 1978, p. 59.

29/07/2015

Marie Stuart, Sonnets

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Vous la croyez : las ! trop je l’aperçoi,

Et vous doutez de ma ferme constance.

Ô mon seul bien et ma seule espérance,

Et ne vous peux assurer de ma foi.

 

Vous m’estimez légère, je le voi,

Et si, n’avez en moi nulle assurance,

Et soupçonnez mon cœur sans apparence,

Vous défiant à trop grand tort de moi.

 

Vous ignorez l’amour que je vous porte,

Vous soupçonnez qu’autre amour me transporte,

Vous estimez mes paroles du vent,

 

Vous dépeignez de cire mon las cœur,

Vous me pensez femme sans jugement,

Et tout cela augmente mon ardeur.

 

Marie Stuart, Sonnets, Arléa, 2003, np.