12/11/2017
Christine de Pisan, Cent ballades d'amant et de dame
Cent ballades d’amant et de dame,
XX, La Dame
Se j’estoie bien certaine
Que tout vostre cuer fust mien,
Et sans pensée vilaine
M’amissiez, je vous dy bien,
Que tant vous vueil ja de bien,
Que m’amour vostre seroit,
N’autre jamais ne l’aroit.
Mais mains hmmes, par grant peine,
Faont accroire, et n’en est rien,
Qu’ils ayment d’amour certaine
Les dames, et par maintien
Faulx, font tant qu’on leur dit : « Tien
Mon cuer qui tien est de droit,
N’autre jamais ne l’aroit ».
Par quoy s’ainsi amour vaine
M’avugloit, sur toute rien
Me seroit douleur grevaine,
Mais s’estiez en tel lien
Comme vous dictes, je tien
Que mon penser s’i donroit,
N’autre jamais ne l’aroit.
Le cuer dit : « Je vous retien ».
Mais Doubtance y met du sien,
Mon vueil point ne vous lairoit
N’autre jamais ne l’aroit.
Christine de Pisan, Cent ballades d’amant
et de dame, 10/18, 1982, p. 51.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christine de pisan, cent ballades d’amant et de dame, fidélité, cœur, doute | Facebook |
Les commentaires sont fermés.