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25/10/2020

John Donne, Poésie

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L’automnale (élégie IX)

 

Beautés de printemps et d’été n’ont plus de grâce

Que ne m’en a montrée un visage d’automne.

Les jeunes beautés imposent l’amour : c’est viol ;

Celle-ci le conseille : on ne peut que céder.

Fût-il honteux d’aimer, ici n’est nulle honte,

Car notre affection prend le nom de respect.

En sa jeunesse elle eut son âge d’or ? C’est vrai,

Mais, éprouvé souvent, cet or est toujours neuf.

Elle a connu le temps des torrides ardeurs,

Et voici le climat plus doux de son tropique.

 

John Donne, Poésie, traduction Robert Ellrodt,

Imprimerie nationale, 1993, p. 215.

 

L’automnale (élégie IX)

 

Les couleurs du printemps et de l’été sont pâles

Près de certain visage aux grâces automnales.

Une jeune beauté vous contraint de l’aimer ;

C’est viol. Celle-ci plaît, et vous sait garder.

L’Amour fût-il honteux, il garde ici la face

En prenant du Respect et le nom et la place.

Sa jeunesse, il est vrai, était son Âge d’Or :

Mais, souvent éprouvé, son or est neuf encor.

Jadis fut ssa saison torride et implacable ;

Son climat tropical est ores tolérable.

 

John Donne, Poèmes, traduction de ce poème Jean

Fuzier, Poésie / Gallimard, 1991, p.49.

06/02/2015

Hilda Doolittle, Trilogie

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             La floraison du bâton

 

                          [8]

 

Je suis tellement heureuse,

je suis la première ou la dernière

 

d’un vol ou d’un essaim ;

je suis pleine de nouveau vin ;

 

je suis marquée par un mot,

je suis brûlée par le bois,

 

tirée de braises rougeoyantes,

ni coupée, ni marquée par l’acier ;

 

je suis la première ou la dernière à renoncer

au fer, à l’acier, au métal ;

 

je suis allée en avant,

je suis allée en arrière,

 

je suis allée de l’avant depuis le bronze et le fer,

jusque dans l’Âge d’Or.

 

H(ilda) D(oolittle), Trilogie, traduit par Bernard

Hoepffner, Corti, 2011, p. 105.