29/06/2013
Bashô, Le Manteau de pluie du Singe, traduction René Sieffert
ÉTÉ
Pousses de bambou
au temps de ma tendre enfance
dessinées par jeu
Dans le pot le poulpe
poursuit un songe vain
lune de l'été
Viens à la lumière
toi qui sous les vers à soie
chantes ô crapaud
Vers l'astre du jour
le tournesol toujours penche
saison des pluies
De la brosse à sourcils
elle a emprunté la forme
la fleur de carmin
Regardant les lucioles
le batelier s'est saoulé
démarche incertaine
Que bientôt mourront
ne se laisse deviner
au cri des cigales
Bashô, Le Manteau de pluie du Singe, traduit du japonais par René Sieffert, POF, 1986, p. 43, 45, 47, 51, 53, 55, 59
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08/03/2013
Pascal Commère, De l'humilité du monde chez les bousiers
Seraient-ils perdus une fois encore les mots,
par la terre brune et collante qui entérine
en silence toute mort en juin comme une boule
de pluie sur tant d'herbe soudain qui verse, avec
dans la poitrine ce serrement, par les collines
presque en haut, quand la route espérée dans un virage
d'elle-même tourne et disparaît... Je reconnais
le menuisier qui rechignait au guingois des portes
cependant que vous gagnez en ce jour de l'été
la terre qui s'est tue, humide et qui parlait
dans votre voix soucieuse ; à chaque mot j'entends
e travers du roulis des phrases le tonnerre
d'un orage depuis longtemps blotti dans l'œuf, la coque
se fissure — sont-ce les rats qui remontent, ou le râle
des bêtes hébétées dans l'été, longtemps résonne,
comme les corde crissent, lente votre voix digne
par-dessus l'épaisse terre menuisée, les vignes
bourrues... Et sur mon épaule, posée, la douceur
ferme de votre main pèse sans appuyer.
Pascal Commère, De l'humilité du monde chez les bousiers (1996),
dans Des laines qui éclairent, Le temps qu'il fait, 2012, p. 211.
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