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08/06/2016

Bashô, Seigneur ermite

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Espérant le chant du coucou,

j’entends les cris

du marchand de légumes verts

 

L’automne est venu —

sur l’oreiller

le vent me salue

 

Sous une couverture de gelée,

un enfant abandonné

sur un matelas de vent

 

Ah ! le printemps, le printemps,

que le printemps est grand !

et ainsi de suite

 

Les pierres semblent fanées

et même l’eau s’est tarie —

l’hiver à son comble

 

Bashô, Seigneur ermite, édition bilingue

par Makoto Kemmoku et Dominique

Chipot, La Table ronde, 2012, p. 64,

66, 69, 77, 82.

 

19/03/2012

Emily Jane Brontë, Poèmes (1836-1846)

Emily_Jane_Bronte.jpeg

      Il devrait n'être point de désespoir pour toi

 

Il devrait n'être point de désespoir pour toi

Tant que brûlent la nuit les étoiles,

Tant que le soir répand sa rosée silencieuse,

Que le soleil dore le matin.

 

Il devrait n'être point de désespoir, même si les larmes

Ruissellent comme une rivière :

Les plus chères de tes années sont-elles pas

Autour de ton cœur à jamais ?

 

Ceux-ci pleurent, tu pleures, il doit en être ainsi ;

Les vents soupirent comme tu soupires,

Et l'Hiver en flocons déverse son chagrin

Là où gisent les feuilles d'automne.

 

Pourtant elles revivent, et de leur mort ton sort

Ne saurait être séparé ;

Poursuis donc ton voyage, sinon ravi de joie

Du moins jamais le cœur brisé.

             

                                              [Novembre 1839]

 

      There should be no despair for you

 

There should be no despair for you

While nightly stars are burning,

While evening sheds its silent dew,

Or sunshine gilds the morning.

 

There should be no despair, though tears

May flow down like a river:

Are not the best beloved of years

Around your heart forever ?

 

They weep — you weep — it must be so;

Winds sigh as you are sighing;

And Winter pours its grief in snow

Where Autumn's leaves are lying.

 

Yet they revive, and from their fate

Your fate cannot be parted,

Then journey onward, not elate,

But never broken-hearted.

 

                                                 [November, 1839]

 

Emily Jane Brontë, Poèmes (1836-1846), choisis

et traduits d'après la leçon des manuscrits par Pierre Leyris,

édition bilingue, [1963], Poésie / Gallimard, 1983, p. 87 et 86.