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19/05/2014

Lucio Mariani, Restes du jour, traduit de l'italien par Jean-Baptiste Para

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Testament du joueur de cartes et poète

 

Quand s'éteindra

ma lanterne brumeuse, intermittente

et que j'aurai quitté le grand réfectoire

si l'un des fennecs

qui fouillent les urnes funéraires

avait la lubie —quia absurdum —

de relier mes papiers

avec une aiguille et des baguettes de bois

pour observer mes reliques sous verre

et expliquer qui je fus,

qu'il se garde de tirer des conclusions,

sous peine d'expier à coup de verges

sa contrefaçon de l'histoire.

Car mon œuvre ne fut que travaux en cours,

règles à polir, baumes volatils,

sources et issues accidentelles

voix précaires et tentatives d'homme orchestre,

rien d'autre en somme

que les stations transitoires d'une vie à grands traits.

Tout le jeu consistant à changer

corps et pensée

sous la tignasse bleue des hêtres.

 

Lucio Mariani, Restes du jour, traduit de l'italien par

Jean-Baptiste Para, Cheyne, 2012, p. 59.

30/03/2013

Lucio Mariani, Restes du jour

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Mort de chien

 

Saignant, ensanglanté

il pousse de l'épaule la porte entrebâillée :

vieux chien blanc

ses yeux demandent qu'on l'excuse

d'avoir perdu pour la dernière fois

l'allégresse et la guerre.

Il convient à des crocs d'aventurier

comme à la nature du libre bâtard

de s'abattre sur le flanc au bord de la commode

et fixant le regard sur un angle lointain

de s'en aller muet, pudique.

 

 

Morte de cane

 

Sanguinando, sanguendo

entra di spalla dalla porta socchiusa

vecchio cane bianco

gli occhi chiedono scusa

di avere perso proprio l'ultima volta

allegria e guerra.

Conviene a zanne di ventura

alla natura di libero bastardo

atterare sul fianco ai bordi del comò

e muto guardando l'angolo lontano

andarsene pudico.

 

Lucio Mariani, Restes du jour, traduit de l'italien

par Jean-Baptiste Para, préface de Dominique

Grandmont, Cheyne, 2012, p. 57 et 56.