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19/05/2014

Lucio Mariani, Restes du jour, traduit de l'italien par Jean-Baptiste Para

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Testament du joueur de cartes et poète

 

Quand s'éteindra

ma lanterne brumeuse, intermittente

et que j'aurai quitté le grand réfectoire

si l'un des fennecs

qui fouillent les urnes funéraires

avait la lubie —quia absurdum —

de relier mes papiers

avec une aiguille et des baguettes de bois

pour observer mes reliques sous verre

et expliquer qui je fus,

qu'il se garde de tirer des conclusions,

sous peine d'expier à coup de verges

sa contrefaçon de l'histoire.

Car mon œuvre ne fut que travaux en cours,

règles à polir, baumes volatils,

sources et issues accidentelles

voix précaires et tentatives d'homme orchestre,

rien d'autre en somme

que les stations transitoires d'une vie à grands traits.

Tout le jeu consistant à changer

corps et pensée

sous la tignasse bleue des hêtres.

 

Lucio Mariani, Restes du jour, traduit de l'italien par

Jean-Baptiste Para, Cheyne, 2012, p. 59.

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