09/11/2022
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique
à la pluie
cinq ans déjà que je suis en cavale
seule la pluie m’identifie
la pluie qui se rit des gendarmes
m’aime d’un amour de jeune fille
je n’écris que pour elle en somme
ma nymphe aux voluptueux bras liquides
de Rethel à Carcassonne
ses cheveux frais lavent mes rides
elle m’enseigne à l’oreille
les charmes qui trompent les hommes
sur ma liberté la pluie veille
moi l’étourdi elle la grande personne
elle est mon beau temps ma bonne heure
ma gloire anonyme mon innocence
elle enroue et cingle les procureurs
mais pour mon plaisir elle danse
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique,
La table ronde, 2009, p. 508.
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23/06/2021
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique
que la ville au soleil s’éveille ou se rendorme
on entend sur les seuils les ombres des défunts
timides murmurer que la beauté des mortes
comme la dentelle est dans la graine du lin
nous ne saurons jamais de quels cris étouffés
nous naissons à la mort dans nos rêves de lymphes
ou de quels souvenirs nos lendemains sont faits
ni de quels crimes nos mains nues gardent l’empreinte
et saurons-nous jamais quel souffle nous emporte
ou quel trouble désir de futures étreintes
mènent nos jours éteints vers des nuits où les mortes
infidèles sans fin vivent leurs amours feintes
(lisant joubert)
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique,
La Table ronde, 2012, p. 773 .
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22/06/2021
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique
le mal des anges
un jour je suis parti
pour ne plus revenir
les gendarmes m’ont pris
et je suis revenu
une autre jour encore
plus tard un vingt octobre
j’ai descendu la Meuse
le vieux fleuve impassible
et j’ai quitté ses rives
pour les rives du Rhin
et le bac du passeur
qui n’avait pas de chien
car ce n’était pas l’heure
de la dernière obole
mais celle d’un ailleurs
magique et sans école
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique,
La Table ronde, 2012, p. 293.
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21/06/2021
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique
Paysages, 2
le pays que j’habite est un pays perdu
comme tous les pays que le siècle déserte
avec les vieux clochers les murs qui se délabrent
et les pommiers tordus redevenus sauvages
l’horloge s’est arrêtée les chemins ne vont plus
aux granges que l’oubli dans le silence étreint
cependant nous marchions (dis-tu) dans le matin
quand au. bord des étangs rêvaient les fiancées
mais cela n’eut pas lieu qui nous était promis
ce bonheur ces baisers la tiédeur des fruits mûrs
et le grand ciel flambant des étés revenus
voici nos souvenirs au pied des arbres nus
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique, La Table ronde, 2009, p. 701.
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24/06/2020
Jean-Claude Pirotte, La promenoir magique
Max Jacob il souhaitait
s’ennuyer comme la Loire
je l’ai vue couler dans l’été
depuis longtemps Max était mort
et moi j’avais envie de boire
à Saint-Benoît pour oublier
que vivre étouffe les remords
ou les attire ah je ne sais
ce qui me faisait le plus mal
l’indifférence de la Loire
ou le grande douceur du soir
ou le scandale de l’étoile
qui a mené Max à Drancy
la même étoile que les mages
suivaient avec leur caravane
et qui brille au fond des âges
et dans l’âme de Max aussi
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique,
La table ronde, 2009, p. 289.
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07/02/2020
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique et autres poèmes
quand l’autrefois s’appelait
encore le maintenant (ou jamais)
il y avait de la verdure
qui contrastait avec le ciel
il y avait de la solitude
et des tas d’autres endroits
où pleurer rire jouer boire
n’était pas indécent
il y avait un peu de sang
qui brillait au bord du ruisseau
mais ce n’était qu’une fleur rouge
et le vent la faisait frémir
comme une ame de jeune fille
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique
et autres poèmes, La Table ronde, 2009, p. 383.
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