14/11/2020
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre
Moi aussi
Moi aussi j’ai essayé.
Ce fut toute une guerre
d’ongles. Mais maintenant je le sais.
Nul ne pourra jamais trouer
le mur de la terre.
Anch’io
Ho provato anch’io.
È stata tutta una guerra
d’unghie. Ma ora so. Nessuno
porrà mai perforare
il muro della terra.
Gorgio Caproni, Le Mur de la terre,
traduction Philippe di Meo, Atelier
La Feugraie, 2002, p. 85 et 84.
02/04/2020
Giorgio Caproni, La mur de la terre
Moi aussi
Moi aussi j’ai essayé
Ce fut toute une guerre
d’ongles. Mais maintenant je le sais
Nul ne pourra jamais trouer
le mur de la terre.
Giogio Caproni, Le mur de la terre, traduction
Philippe di Meo, Atelier La Feugraie, 2992, p. 85.
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19/05/2017
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre
Pensée pieuse
L’immensité de Dieu
Réside-t-elle peut-être dans sa non-existence ?
Pensero pio
Sta forse nel suo non essere
L’immensità di Dio ?
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre, édition bilingue,
traduction Philippe Di Meo, Atelier La Feugraie, 2002,
- 159 et 158.
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19/10/2016
Giorgio Caproni, Le mur de la terre
Anniversaire
Je les avais salués
tous, l’un après l’autre.
En fait, j’ignorais
si je reviendrais.
Sur la route, je me suis retourné
avant d’obliquer à droite.
Personne (pas même moi) ne s’était
montré à la croisée.
Moi aussi
Moi aussi j’ai essayé.
Ce fut toute une guerre
d’ongles. Mais maintenant je le sais.
Personne ne pourra jamais trouer
le mur de la terre.
Giorgio Caproni, Le mur de la terre,
traduction Philippe Di Meo, Atelier
La Feugraie, 2002, p. 145, 85.
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06/05/2016
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre
Il battait
(Hommage à Dino Campana)
Il battait le nom (il le battait
Précisément, comme
On bat de la monnaie) et la frappe
(mais celle-ci battait
obstinément), le sens
(la valeur) dans le vent
(dans le souffle de pandémonium
sur Oregina) heurté
se perdait dans la mer
d’aluminium — avec la morte
fumée de la cheminée
de la citerne, dont l’éclair
ferme qui, ferme, secouait
la tôle — que, encore,
lui, battait
obstinément (et battait) (comme
on bat une médaille) dans le nom
vide qui se perdait
au vent que, Lui, battait.
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre,
traduction Philippe Di Meo , Atelier
La Feugraie, 2002, p. 49.
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11/01/2013
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre
Condition
Un homme seul,
enfermé dans sa chambre.
Avec toutes ses raisons.
Tous ses torts.
Seul dans une chambre vide,
à parler. Aux morts.
Condizione
Uno uomo solo,
chiuso nella sua stanza.
Con tutte le sue ragioni.
Tutti i suoi torti.
Solo in una stanza vuota,
e parlare. Ai morti.
*
L'emmuré
« Vous m'avez fusillé
la bouche », dit-il. « J'ai tant
aimé (id est cherché
l'amour que je me retrouve
maintenant emmuré
dans cette tour. Au-dehors
est le désert du soleil,
des orties — le gel
ébloui du jour
est le glacier. À l'intérieur,
sur mon égoïsme
tout entier rimé, le four
aveugle de mon altruisme
effaré et non regretté. »
Il murato
« M'avete fucilato
la bocca, » disse « Ho tanto
amato (idest cercato
amore) ch'ora
io mi trovo murato
in questa torre. Fuori,
è il deserto del sole
e delle ortiche — il gelo
abbagliato del giorno
sul ghiacciaciaio. Dentro,
rimato tutt'intero
col mi egoismo, il forno
cieco del mio sgomentato
illacrimato altruismo. »
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre, traduit de l'italien
par Philippe Di Meo, Atelier La Feugraie, 2002, p. 25
et 24, 113 et 112.
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31/08/2012
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre, traduit de l’italien par Philippe Di Meo
Et seul
lorsque je serai si seul
que je n’aurai plus même
pour compagnie moi-même,
je prendrai alors moi aussi ma
décision.
Un jour à l’aube,
je décrocherai la lanterne
du mur, et dirai adieu
au vide.
Pas à pas,
descendrai dans le ravin.
Mais alors aussi, ma
pierre abandonnée,
au nom de quoi, et où
trouverai-je un sens (que, semble-t-il,
d’autres n’ont pas trouvé) ?
E solo
quando sarò così solo
da non aver più nemmeno
me stesso per compagnia,
allora prenderò anch’io la mia
decisione.
Staccherò
dal muro la lanterna
un’alba, e dirò addio
al vuoto.
A passo a passo
scenderò nel vallone.
Ma anche allora, in nome
di che, e dove
troverò un senso (che altri,
pare, non han trovato),
lasciato questo mio sasso.
Giorgio Caproni, Le Mur de la terre, traduit de l’italien
par Philippe Di Meo, Atelier La Feugraie, 2002, p. 130-131.
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