18/03/2023
égéries, un oiseau fin de moi
Un oiseau loin de moi
Un oiseau loin de moi
Une fleur sous la neige
Une maison qui brûle
Un noir mourant de soif
Un blanc mourant de faim
Un enfant qui appelle
Le vent dans le désert
La ville abandonnée
L’étoile solitaire
En voilà bien assez
Pour que je vous ignore
Beaux jours de mon été
Jean Tardieu, Margeries,
Gallimard, 1986, p. 167.
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22/03/2014
Yves di Manno, Champs (2)
L'été, I
Qu'une fenêtre s'ouvre, que le vent
S'y engouffre et déjà, immobile
La main s'élance, voudrait suspendre
Tel mouvement de branche. Une plume
Tombe du corps d'un oiseau. Un enfant
La ramasse. Les paniers sont emplis
De fruits. Le long des routes, des
Noyers inclinés par des siècles de
Bourrasque désignant un Sud hypothétique
Hors d'atteinte. Le temps n'y est pour
Rien.
Un fauteuil immuable tend ses bras
Dans le vide. La soucoupe est pleine
De mégots où les lèvres de femme ont
Laissé une empreinte étonnée. Près
d'elle un journal aux pages effeuillées
Par le vent : une main posée sur l'angle
D'un buffet : une clef que l'on hésite à
Tourner.
Yves di Manno, Champs, Poésie / Flammarion,
2014, p. 101.
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04/04/2013
Aurélia Lassaque, Pour que chantent les salamandres
Saint Jean Le Jour
La grange dressée à la frontière des saisons répand son parfum d'herbe chaude.
Les jeunes chevaux piaffent et se font la guerre pour le plaisir de mêler le sueur de leurs corps au goût du premier sang.
Dans les maisons aux volets clos le bois grince
et gonfle d'impatience.
Les hommes, entre hommes, retrouvent leur nature.
On coupe le vin avec des glaçons
pour tromper la clarté du jour
figé comme un tombeau dans le désert.
Le soleil au zénith absorbe le mouvement de la marmaille soudain farouche.
Sant Joan Lo Jorn
La granja quilhada a la termièra de las sasons liura sa flaira de bauca cauda.
Los cavals joves trepejan e se fan la guèrra pel plaser de mesclar la susor de ors còsses al tast del primièr sang.
Dins los ostals de las tampas clausas, la fusta carrinca e se confla d'impaciéncia.
Los òmes, entre òmes, retròban lor natura.
Se còpa lo vin amb de glacets
per enganar la clartat del jorn
calhat coma un tombèl dins l'èrm.
Lo solelh al zenit embeu l'anar de la mainada enferonida.
Aurélia Lassaque, Pour que chantent les salamandres, texte occitan /français, éditions Bruno Doucey, 2013, p. 8-13.
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