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11/11/2022

Jacques Réda, la Tourne

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Encore un coup mais seul dans la foule : valise jaune,

Le pas absent d’un autre — il n’est jamais rien ni personne

A quitter, ne reviendra plus, le voilà disparu

Dans le corps de l’indifférence enfin remise en marche :

Elle franchit le pont, ses doigts dans l’eau froide, grandit,

S’en va dormant contre la nuit entièrement masquée

Sauf cette fente de l’œil incompréhensible résiste.

 

Jacques Réda, La Tourne, Gallimard, 1975, p. 47.

10/11/2022

Jacques Réda, Amen

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                         Automne

 

Ah je le reconnais, c’est déjà le souffle d’automne

Errant, qui du fond des forêts propage son tonnerre

En silence et désempare les vergers trop lourds ;

Ce vent grave qui nous ressemble et parle notre langue

Où chante à mi-voix un désastre.

                                                   Offrons-lui le déclin

Des roses, le charroi d’odeurs qui verse lentement

Dans la vallée, et la strophe d’oiseaux qu’il dénoue

Au creux de la chaleur où nous avons dormi.

                                                                     Ce soir,

Longtemps fermé dans son éclat, le ciel grandi se détache

Qui fut notre seuil coutumier s’éloigne à longues enjambées

Par les replis du val ouvert à la lecture de la pluie.

 

Jacques Réda, Amen, Gallimard, 1968, p. 55.