16/12/2024
Hommage à Jacques Roubaud (1932-2024) : Autobiographie, chapitre dix
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Où l’on fait le point avec le lecteur
Si tu ne m’as pas, cher lecteur, abandonné depuis longtemps en route, peut-être te demandes-tu où nous en sommes ? question légitime. Moi aussi je me le demande. Auta nt qu’il m’en souvient, je t’ai parlé de ma famille, de la guerre, de mes amours, tu m’as accompagné dans mes voyages, tu as partagé avec moi le vin de la joie, le pain de l’absence (et vice versa), le sel de la douleur ; tu en as été ému peut-être. Mais enfin, tout cela, c’est du passé. Que va-t-il arriver MAINTENANT ?
Jacques Roubaud, Autobiographie, chapitre dix, Gallimard, 1977, p. 82.
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11/11/2017
Elizabeth Willis, Intrigue
Intrigue
La deuxième phase est l’insomnie.
D’abord il y eut l’inquiétude.
La troisième phase est « les gens normaux ».
La quatrième — que faire.
La première phase est le chaos.
La deuxième est l’invention.
L’engin à vapeur. La serviette.
La table de pique-nique. L’argent.
D’abord tu franchis un pont.
Ensuite tu volais.
Puis tu passais le balai.
D’abord vient l’amour.
Puis la nausée.
D’abord le plaisir.
Rien qu’un petit pincement.
D’abord la pupe, puis les ailes.
Pas un mot. La nuit.
[…]
Elizabeth Willis, Intrigue, dans Koshkonong, n° 12,
été 2017, p. 1-2.
© photo Charles Bernstein
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18/06/2017
Burns Singer (1928-1964), Sonnets pour un homme mourant
XXXII
Appelle ça comme tu veux, mais n’oublie pas
Que pour la première et dernière fois tu es
Dépassé par ton insatiable métaphore,
Pris en embuscade par les définitions que tu as préméditées.
La mort, telle que tu l’emploies, prend tout —
Le drame, les actes, la salle bondée, et la chambre
D’amis où quelqu’un est pleinement conscient
Des ressorts qui commandent l’intrigue.
N’oublie pas ça. Ça va encore revenir.
Après que les vers seront partis, ça continuera.
Bien que les mondes tournent, les morts y gisent immobiles.
N’oublie pas tes vacances en Espagne.
Ça aussi fait partie de la mort, et tu trouveras
Que chaque instant est devenu immuable.
Burns Singer, Sonnets pour un homme mourant, traduction de l’anglais
Anthony Hubbard et Patrick Maury, Obsidiane, 2017, p. 81.
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