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23/03/2017

Ivan Alechine, Enterrement du Mexique

 

                                 Proche du porc

 

L’aube soulève le toit de chaume

sans eau sans nourriture

je veux forcer l’enclos

c’est en octobre la fête des premiers fruits et des enfants de moins de cinq ans

je dors d’un œil

l’autre se lève

 

à travers un trou dans la toile

je vois les feux de la cérémonie à fleur de terre

leurs flammes sont les cris joyeux

des enfants dits akiélis — esprits —

elles montent aux ciel — bataillons de flammes —

combattre les 400 Mimixcoas — les étoiles de l’infini du Nord qui voudraient en finir avec notre vie

 

il y a un sang de l’aube

comme il y a un sang du soir

le soleil file le coton des nuages

sang de naissance

sang de mort

c’est la lumière saisie par l’eau

que l’on capture dans les coupes votives

 

demain on sacrifiera trois taureaux

avec leur premier sang on peindra du doigt

le maïs et les fleurs

les flacons d’eau de sources et les flèches votives

hommes esclaves des fleurs

hommes sous le poids des fleurs

 

Ivan Alechine, Enterrement du Mexique, Galilée, 2016, p. 82-83.

20/01/2017

Ivan Alechine, Enterrement du Mexique

                            auteur_2118.jpg

Cela s’appelle mesure

 

Si on considère la lune comme un visage de femme

quand une femme se maquille

on peut dire que ses mains (qui agissent) sont

l’atmosphère qui entoure la lune

comme la Vierge cachée par l’Arbre à sucre

pose son pied de bois sculpté sur un nuage

survolant un olivier croissant sur un globe terrestre

dans l’église de la Charité de San Cristobal de Las Casas

 

plus loin

une tranche de pain trempé dans un jus d’ananas chaud

à l’échoppe tout en plastique

entouré (je) d’objets en plastique

une musique de plastique

télévision de plastique

pulls de plastique

tout pour le brillant

néon bleu

ampoules nues

comme si les câbles électriques tendaient l’horizon

de points de fuite d’une perspective qui nous échapperait

et qu’on s’y fasse

finalement c’est la terre au crépuscule qui a le dernier mot

la nuit vient et fait d’elle la dernière ombre découpée

sur le papier du ciel

un œil du dix-huitième siècle

un lapin sur une galette de maïs

 

Ivan Alechine, Enterrement du Mexique, dessins d’Eduardo

Arroyo, Galilée, 2016, p. 35-36.